Immigration : la politique du pire…
(Paris) - Claude Guéant, ministre de l'intérieur français, est dur à la tâche qu'il mène vaillamment... D'aucuns y voient la froideur administrative des grands commis de l'Etat faite homme...
Début août 2011, en pleine trêve estivale, il déclare tranquillement vouloir atteindre le chiffre de 30000 reconduites à la frontière d'étrangers en « situations irrégulières », autrement dit d'expulsions. Encore plus fort que son prédécesseur Brice Hortefeux, qui avait déjà mis la barre très haute avec 28000 expulsions annuelles ! Un demandeur africain noir, menotté, ligoté, saucissonné... expulsé de France, terre d'accueil... Comment atteindre un tel chiffre ? Pour le gouvernement, il s'agit de durcir la loi, pour en faire un instrument essentiellement répressif, et donc de faciliter les expulsions. Un seul exemple : l'article 37 permet désormais aux préfets de supprimer le délai de 30 jours accordé aux sans-papiers interpellés pour quitter le territoire national. Si les hauts fonctionnaires de l'Etat estiment qu'il y a « risque de se soustraire à cette obligation », le délai est supprimé ! Et ils ne s'en privent pas... La pression ministérielle est énorme, il faut arriver aux quotas d'ici la fin de l'année. Sinon, la sanction peut tomber : expulsion de la préfecture ! Du côté des associations, c'est la consternation. « La machine à expulser est de plus en plus inhumaine », précise le Réseau Education Sans Frontières (RESF). Et d'ajouter :« La litanie est sans fin. On ne finit plus de faire la liste des atteintes aux droits humains : contournement du droit, enfermement d'enfants en rétention (45 jours possibles), expulsions des pères et démantèlement des familles, retrait de protection des enfants pour pouvoir les expulser, arrestation sur les lieux d'hébergement d'urgence (le 115). » Première étape d'un parcours humiliant...
« Les préfets appliquent sans état d'âme apparent les directives gouvernementales, rien ne semble les rebuter alors qu'ils ont dans leur attribution une marge d'appréciation humanitaire. Certains juges administratifs valident les décisions préfectorales, sans prendre en compte la nécessité d'apprécier les situations humaines et le respect des droits fondamentaux. Les droits de recours et l'intervention du juge judiciaire sont réduits à la portion congrue. C'est le droit, on l'applique, c'est la magie de la nouvelle loi sur l'immigration dite loi Besson et dont le ministre Guéant espère bien une application sans faille. Mais peut-on, doit-on laisser faire un droit injuste ? »