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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 11:39

Après les accusations de torture contre les soldats français engagés dans l’opération Artemis, voici que les troupes indiennes et pakistanaises de l’ONU sont soupçonnées de trafic d’armes.


L’affaire est révélée par une enquête de la BBC diffusée ce lundi soir. Fin 2007, une enquête interne des Nations unies avaient classé le dossier, « en l’absence de preuves concordantes ».

Réputée pour ses enquêtes au long cours, l’émission Panorama de la BBC livre le résultat de dix-huit mois d’enquête entre les forêts du Kivu, en République démocratique du Congo et les couloirs du siège de l’ONU à New-York. Travail de terrain et confidences « off the record » émanant « d’insiders » des Nations-Unies. Tout cela pour conclure que:

« Des soldats de la paix pakistanais, dans la ville de Mongbwalu (Est), ont été impliquées dans un trafic d’or illégal avec la milice FNI [Front nationaliste intégrationniste, ndlr], leur livrant des armes pour qu’elle garde le périmètre des mines.

« Des soldats de la paix indiens opérant autour de la ville de Goma ont négocié directement avec les milices responsables du génocide rwandais, aujourd’hui présentes dans l’est de la RDC. Les Indiens ont échangé de l’or, acheté de la drogue aux milices, et, avec un hélicoptère de l’ONU, se sont rendus dans le parc national des Virunga, où ils ont échangé des munitions contre de l’ivoire. »

Une première enquête de l’ONU classe l’affaire, faute de « preuves concordantes »

A l’apparition des premiers soupçons, l’an dernier, l’ONU déclenche une enquête interne. Enquête rapidement enterrée, puisque les conclusions ne permettent pas de rassembler des « preuves concordantes » de ces trafics.

Au cours de son enquête, la BBC a pu rassembler ces « preuves concordantes », en retrouvant notamment deux chefs miliciens aujourd’hui incarcérés à Kinshasa. Kung Fu, surnom du général Mateso Ninga, avoue du fond de sa cellule:

« Oui, c’est vrai, ils nous ont donné des armes. Ils disaient alors que c’était pour la sécurité du pays. Ils nous ont dit que désormais, nous les aiderions à sécuriser cette région. »

Mieux: une source « proche de l’enquête onusienne » a affirmé aux reporters britanniques qu’il leur avait été déconseillé de poursuivre trop avant leurs recherches.

L’explication est simple: le Pakistan étant à l’heure actuelle l’un des plus gros contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, il ne fallait pas s’aliéner la bonne volonté d’Islamabad.

Interrogé, le représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour la RDC, a opposé un démenti formel. Avec un sens aiguë de la formule diplomatique, Alan Doss s’est fendu d’un:

« Les chefs miliciens sont des chefs miliciens. Ils ont toujours leurs propres intérêts. Tout ce que je peux dire, c’est que notre enquête n’a pas confirmé ces faits. »

 

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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 11:36
En Egypte, les salaires réels continuent de baisser fortement et le chômage augmente. Depuis la fin 2004, à mesure que la situation sociale se dégrade, manifestations et grèves se multiplient. La hausse du prix des denrées alimentaires ne fait qu’aggraver les tensions, mettant le pays en ébullition.
Par Joel Beinin

Flammes sur la ville. « Les rues sont envahies par des milliers de manifestants qui jettent des pierres, entonnent des slogans antigouvernementaux, et affrontent les matraques, les gaz lacrymogènes et les balles réelles. » M. Mohamed Al-Attar est membre du comité de grève élu par les vingt-cinq mille ouvriers de Misr Spinning and Weaving Co., géant textile du secteur public et plus grande entreprise industrielle d’Egypte. Il évoque l’explosion de colère populaire, le 6 avril, à Mahallah Al-Koubra, important centre industriel au nord du Caire, sur le delta du Nil (1).

Au mois de janvier, le comité avait déposé un préavis de grève pour le 6 avril : il s’agissait d’obliger la direction à tenir les promesses faites à l’issue de deux mouvements antérieurs, en décembre 2006 et septembre 2007. Mais ce préavis est devenu un appel à un débrayage national pour protester contre la rareté du pain subventionné et la brutale hausse du prix de nombreuses denrées alimentaires de première nécessité – entre 2005 et 2008, au moins 30 % pour la viande, et jusqu’à 146 % pour le poulet. Dans les revendications figurait aussi que le salaire minimum actuel, figé depuis 1984 à 115 livres égyptiennes, soit porté à... 1500 par mois (1 euro égale 8,62 livres égyptiennes).

Le taux d’inflation annuelle a atteint 15,8 % au mois de mars dernier. Les graves pénuries de pain subventionné, principale source de calories pour la plupart des Egyptiens, n’ont fait qu’alourdir le fardeau des pauvres. Des inspecteurs gouvernementaux mal payés vendent souvent de la farine subventionnée au marché noir. Les bagarres qui ont éclaté dans les longues queues devant les boulangeries ont fait de nombreux blessés et même des morts. Quant au pain non subventionné, son prix a presque doublé en deux ans.

Le 2 avril, les forces de sécurité ont occupé la ville de Mahallah Al-Koubra et la filature Misr. Elles ont fait pression sur M. Al-Atar et sur les autres membres du comité de grève pour qu’ils annulent leur mot d’ordre. Mais, en même temps, la compagnie a satisfait certaines demandes anciennes : relèvement du salaire de base mensuel à 40,60 euros pour les ouvriers sans qualification, à 43,50 euros pour les diplômés des collèges et des écoles de formation professionnelle, et à 46,40 euros pour les diplômés de l’université ; augmentation du défraiement pour les repas, passé de 5 euros par mois à 10,50 euros ; et promesse de tenir enfin l’engagement pris naguère de mettre en service des transports gratuits pour les travailleurs.

Dorénavant, les ouvriers les mieux payés de la Misr gagneront un peu moins de 116 euros par mois. Qui plus est, le Conseil national pour les salaires et la Fédération des syndicats égyptiens (liée au pouvoir) ont entamé des pourparlers sur le salaire minimum national. Ils recommanderont certainement beaucoup moins que les 139 euros préconisés par les grévistes de la Misr, bien que cette somme soit encore en dessous du seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale (2 dollars, soit 1,26 euro, par jour et par personne pour une famille de quatre membres).

Des voyous jettent
des pierres sur la foule

En maniant ainsi la carotte et le bâton, le pouvoir a amené le comité à annuler la grève du 6 avril, mais cette décision a déçu beaucoup de travailleurs, toujours déterminés. Peu après le changement d’équipes de 15 h 30, sur la place principale de la ville, quelques ouvriers vont se joindre à une foule composée surtout de jeunes gens et de femmes qui, sans dirigeants, se met à scander : « O pacha, ô bey (2), un pain [non subventionné] coûte un quart de livre. »

Contre cette protestation spontanée, le régime lance des voyous stipendiés qui jettent des pierres pour disperser la foule. Les forces de sécurité en uniforme font usage de gaz lacrymogènes. La violence monte, la foule brûle les calicots des candidats du pouvoir aux élections municipales du 8 avril. Celles-ci n’ont aucune légitimité et personne ne s’y intéresse – la participation sera de l’ordre de quelques pour cent. Des centaines de candidats présentés par les Frères musulmans ont été arrêtés deux semaines plus tôt, éliminant ainsi la principale force d’opposition.

Les violences vont se poursuivre le lendemain, 7 avril, lorsque plusieurs milliers de personnes, beaucoup plus que la veille, entreprennent de dégrader une affiche géante représentant le président Hosni Moubarak. Pendant ces deux jours, les forces de sécurité ont arrêté trois cent trente et une personnes et roué de coups beaucoup d’autres, blessant grièvement neuf personnes et tuant d’une balle dans la tête Ahmad Ali Moubarak, un garçon de 15 ans qui observait la scène depuis le balcon de son appartement.

Le 8 avril, une délégation de hauts fonctionnaires conduite par le premier ministre, M. Ahmed Nazif, se précipite à Mahallah Al-Koubra pour calmer le jeu. M. Nazif accorde une prime d’un mois de salaire aux ouvriers de la Misr et de quinze jours pour les autres travailleurs de l’industrie textile. Le ministre des investissements promet de meilleurs transports, des boulangeries spécialisées pour la distribution du pain subventionné et la réouverture de la coopérative alimentaire, elle aussi subventionnée, où l’on pouvait se procurer riz, huile, sucre et farine. De plus, l’hôpital central de la ville va recevoir de nouveaux équipements médicaux et des renforts de personnel spécialisé. Au mois de mars, la mort de huit malades cardiaques a peutêtre été due à un appareil défectueux (3).

Créée en 1927, la Misr est la plus ancienne filature industrielle d’Egypte. L’importance symbolique de ce fleuron du secteur public nationalisé en 1960 est énorme. Ce qui s’y passe a souvent des répercussions sur les salaires et conditions de travail dans d’autres industries. C’est pourquoi le gouvernement était prêt à payer le prix fort pour satisfaire les revendications de ces travailleurs, comme il l’a déjà fait par le passé, pour éviter que le mouvement ne s’étende.

L’idée de grève lancée par les ouvriers de Mahallah Al-Koubra s’est transformée en un appel à la grève générale avec le soutien de Kefaya (coalition multicolore et prodémocratique composée surtout d’intellectuels, du Parti travailliste (islamiste), du Parti nassérien et de l’Association du barreau. D’autre part, un « réseau social » (Facebook) qui revendique soixante mille adhérents avait appelé les gens à rester chez eux le 6 avril.

Les ouvriers de quelques entreprises se sont effectivement mis en grève. D’importantes manifestations ont eu lieu devant l’Association du barreau et sur plusieurs campus. La circulation a considérablement diminué au centre du Caire et, dans les quartiers pauvres comme Imbaba, on a assisté à une baisse d’activité sur les marchés. Mais la grève générale a avorté, notamment en raison de l’arrestation la veille au soir d’une centaine d’activistes.

Une manifestation organisée par Kefaya le 11 décembre 2004 a marqué le début d’une période d’effervescence politique  (4). Contrairement à la tradition, les manifestants s’en sont pris directement à la personne du président Moubarak. Ils lui ont demandé de ne pas se représenter aux élections de 2005 (comme il l’a fait), de ne pas imposer son fils à la succession (ce à quoi s’attendent la plupart des Egyptiens) et de réduire les pouvoirs de la présidence (il est permis de penser que les amendements constitutionnels de mars 2007 les ont augmentés). A l’origine, le mouvement Kefaya semblait très prometteur, mais, après la guerre du Liban de 2006, il a commencé à s’essouffler. Depuis 2004, le Parti communiste, le nouveau Parti social-démocrate et le Parti révolutionnaire (trotskiste) ont tous gagné du terrain parmi les travailleurs, mais Kefaya dans son ensemble demeure marginal dans le mouvement ouvrier.

Mais le soutien que Kefaya a apporté à la grève générale du 6 avril a été jugé suffisamment inquiétant pour entraîner l’arrestation de M. George Ishak et de cinquante autres membres fondateurs de l’organisation. L’acte d’accusation était parfaitement mensonger, comme à chaque fois que le régime s’en prend à l’opposition. Le 11 avril, une délégation de vingt-cinq universitaires s’est dirigée vers Mahallah Al-Koubra pour manifester sa solidarité et rendre visite aux familles des prisonniers et aux blessés. Elle a été bloquée à vingt kilomètres de la ville. Ces événements témoignent d’une intensification des mesures de répression à l’encontre des opposants laïques, répression qui s’ajoute à celles qui s’exercent, de longue date déjà, contre les Frères musulmans.

Le succès de leur grève place les ouvriers de Mahallah Al-Koubra à la tête de l’immense révolte ouvrière qui a mobilisé jusqu’à quatre cent mille personnes  : grèves, occupations d’usine, manifestations et autres formes d’action collective se sont succédé depuis 2004. Ce mouvement ouvrier a incité d’autres catégories sociales à recourir à la grève ou à la menace de grève, dans les professions libérales par exemple : médecins, universitaires, dentistes. Il s’agit du mouvement social le plus important en Egypte depuis la campagne contre l’occupation britannique, au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Ce phénomène social est surtout une réaction contre le programme néolibéral, contre la mise en place d’une nouvelle Egypte qui comprendrait à peine 10 % de la population, excluant les ouvriers, les employés, et surtout les fonctionnaires d’un secteur public qui se réduit comme peau de chagrin. A la suite des accords passés avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale en vue de la réforme et de l’ajustement structurel de l’économie, et de leur traduction dans la législation du pays en 1991, trois cent quatorze entreprises publiques sont devenues candidates à la privatisation.

Dix ans plus tard, cent quatre-vingt-dix d’entre elles étaient passées dans le secteur privé. En juillet 2004, un nouveau gouvernement, présidé par M. Nazif, est entré en fonction. Les dossiers économiques ont été confiés à des universitaires formés en Occident ou à des hommes d’affaires proches de M. Gamal Moubarak, fils aîné du président. Dominé par l’entourage de celui-ci, ce gouvernement a déclenché une deuxième vague de privatisations. Au cours de la première année fiscale de sa mandature, il a même établi un record en vendant dix-sept sociétés au secteur privé.

« Que tout le gouvernement démissionne »

Au fur et à mesure que ce programme se mettait en place, la crainte du chômage augmentait, et les investisseurs privés rechignaient de plus en plus à payer les arriérés d’avantages sociaux comme, par exemple, les dividendes dus aux ouvriers détenteurs d’actions ou les contributions patronales aux fonds de pension que certains administrateurs publics n’avaient pas versées depuis dix ans ! Les salaires réels ont fortement baissé, la fracture sociale s’est aggravée. Les calculs du seuil de pauvreté varient, mais, en moyenne, on pense que 40 % des Egyptiens vivent avec moins de 2 dollars par jour.

Ces conditions ont donc entraîné, depuis 2004, une vague de grèves et d’actions collectives ouvrières sans précédent. Au cours des six premiers mois de 2004, soixante-quatorze actions revendicatives ont été dénombrées ; mais, après l’entrée en fonction au mois de juillet du gouvernement Nazif, les six mois suivants verront ce chiffre tripler, atteignant cent quatre-vingt-onze (5). Environ 25 % des actions déclenchées au cours de cette année-là l’ont été dans le secteur privé, ce qui est sans précédent. Au cours de l’année 2006, le quotidien de centre gauche Al-Misri Al-Yawm a relevé deux cent vingt-deux grèves, occupations d’usine et manifestations (6). En 2007, Egyptian Workers and Trade Union Watch a dénombré cinq cent quatre-vingts actions revendicatives (7).

Cette année-là, les grèves se sont développées à partir de l’industrie textile et vestimentaire pour gagner le bâtiment et les travaux publics, les transports, le métro du Caire, l’agroalimentaire, la boulangerie, les services sanitaires, les champs de pétrole de Suez, le complexe sidérurgique et la cimenterie nationale à Hélouan, et beaucoup d’autres. C’est la première fois depuis des décennies que les ouvriers du secteur privé auront participé en masse à un mouvement de ce type. Au cours de l’été 2007, il s’est étendu aux employés, aux fonctionnaires et aux professions libérales. L’action la plus massive s’est déroulée en décembre 2007, avec la grève des cinquante-cinq mille fonctionnaires chargés de la collecte des impôts locaux sur l’immobilier. Après un mois de manifestations de rue, ils se sont mis en grève pendant dix jours et ont obtenu la parité salariale avec leurs homologues nationaux, employés directement par le ministère des finances.

Le mouvement ouvrier a popularisé une culture de protestation et contribue à la formation d’une conscience citoyenne beaucoup plus efficacement que les moribonds partis d’opposition laïque ou les organisations non gouvernementales les plus actives. S’adressant à un meeting des ouvriers en grève en septembre 2007, M. Al-Atar déclarait : « Je veux que tout le gouvernement démissionne... Je veux la fin du régime de Moubarak. La politique ne peut pas ignorer les droits des travailleurs. Le travail a une dimension politique. Ce dont nous sommes témoins ici, c’est de la véritable démocratie. »

Joel Beinin.

 

 


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31 juillet 2008 4 31 /07 /juillet /2008 23:57
Heureux ceux qui, comme les Présidents Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré ont eu la sagesse et l’intelligence de savoir faire la paix des braves à temps! En effet, grâce au génie politique du Président ivoirien qui a eu l’humilité et la clairvoyance d’oublier l’offense pour privilégier l’avenir, l’Afrique de l’Ouest est en passe de donner une leçon d’intégration au reste du continent.

Les propositions hardies faites pour que l’axe Yamoussoukro-Ouagadougou devienne le moteur et le pivot de la Cedeao sont une vision historique, prospective mais surtout un mariage à la fois de raison et d’intérêt. Ce faisant, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso viennent de transformer une guerre en paix, une rébellion en révolution. Jusque-là, il n’existe pas encore sur le continent deux pays ayant accepté d’aller aussi loin en matière d’intégration avec leurs Conseils des ministres conjoints qui se tiendront alternativement à Yamoussoukro et Ouagadougou. Ceux qui savent lire les signes auront bien compris que les deux pays ont décidé d’effacer jusqu’aux dernières traces de la rébellion qui a empoisonné leurs relations bilatérales et plombé, pendant six ans, l’économie de l’Uemoa dont la Côte d’Ivoire représente à elle seule plus de 40%.

Tout en louant la force de caractère des dirigeants ivoirien et burkinabé, qui ont su transcender leurs très graves divergences, nous ne pouvons pas oublier toutes ces rébellions qui semblent s’être donné rendez-vous en Afrique pour mieux retarder son développement et l’installer durablement dans la situation où elle excelle à merveille: berceau de la misère et de la pauvreté endémiques; championne de la famine et des maladies, même celles déjà éradiquées partout ailleurs; dernière, en matière d’éducation, de santé, d’accès à l’eau potable…

Arrêtons de noircir le tableau! Toutes ces calamités s’abattent sur l’Afrique avec le concours bienveillant de ses fils englués dans la turpitude de logiques suicidaires incompréhensibles. Les rébellions sont, et demeurent, en 2008, l’une des rares activités humaines où l’Afrique excelle. Voici quelques exemples qui ont permis à ce continent de rafler la palme de la bêtise humaine.

Le Nigeria, qui aurait pu être un géant et tirer toute la sous-région ouest-africaine, démontre chaque jour à la face du monde qu’il est… grandement fragile et vulnérable. Ce grand producteur de pétrole est régulièrement confronté à une rébellion dont la stratégie de harcèlement a commencé à ébranler les grandes compagnies opérant dans le sud du pays gorgé d’or noir. Après les “tireurs” de pétrole qui, pendant de longues années, se sont contentés de siphonner des oléoducs, des rébellions armées ont désormais pris en otages certains sites de production. Le plus actif de ces groupes armés est le Mend (Mouvement d’émancipation du Delta du Niger).

Selon des spécialistes, la recrudescence des attaques violentes a privé le Nigeria d’un quart de sa production de pétrole depuis 2006. C’est ainsi qu’en avril 2008, le pays a perdu sa place de premier producteur africain au profit de l’Angola. Ces rebelles armés et équipés, opèrent à bord de vedettes ultra-rapides: certains sont à la recherche de rançons, quand d’autres revendiquent des objectifs politiques. C’est sûrement ce qui motive la guérilla observée dans la péninsule de Bakassi qui devait normalement être cédée définitivement au Cameroun par le Nigeria le 14 août.

Conformément à un accord signé en juin 2006 entre les Présidents Obasanjo et Biya, suite à un arbitrage de la Cour internationale de justice de La Haye. Cette région riche en pétrole et en poisson, a vu apparaître ces derniers mois un groupe de rebelles nigérians (Niger Delta Defence and Security Council): ils se sont signalés en novembre 2007 en tuant 21 militaires camerounais; le 9 juin dernier, ils ont assassiné un sous-préfet et cinq soldats camerounais.

Chaque région d’Afrique a sa rébellion: le Mali et le Niger sont secoués, par intermittences, par la rébellion touareg; le Tchad est en instabilité chronique depuis plus de 40 ans, du fait de rébellions successives; la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Somalie, l’Erythrée sont les vitrines de cette Afrique balafrée par les rébellions. Elles l’appauvrissent chaque jour un peu plus. Comme pour l’installer durablement dans la dépendance, la précarité, le désordre, la misère...

Oui, les six années de crise ont permis aux Ivoiriens de comprendre que rébellion rime avec régression, retard, destruction, prévarication…

C’est ainsi qu’à l’inverse des autres pays qui avancent, les nôtres stagnent ou régressent dangereusement. Quid des cas de réussite qui interpellent l’Afrique? Le Japon est un petit pays dont 80% du territoire sont occupés par des montagnes. Avec des matières premières importées du monde entier, il est devenu la deuxième économie mondiale en exportant des produits manufacturés. La Suisse est un pays encore plus petit. Elle ne plante pas de cacao mais a les meilleurs chocolats. C’est un pays d’ordre, de travail et de sécurité. L’Afrique, berceau de l’humanité et de la civilisation, est restée à l’ère de la pierre taillée alors que des pays neufs, comme les Etats-Unis, sont à la conquête de Mars après avoir visité la lune.

D’où vient finalement la différence? Essentiellement du respect des principes suivants:

• éthique, comme principe de base;

• intégrité;

• respect des lois et règles;

• respect des droits des autres citoyens;

• amour du travail;

• s’efforcer à apprendre et à investir;

• volonté de bien faire;

• ponctualité;

• aimer son pays et vouloir y vivre en paix.

L’Afrique n’est pas pauvre parce qu’elle manque de ressources naturelles ou que la nature est cruelle. Mais elle est pauvre, essentiellement à cause du comportement de ses fils. Il leur manque la volonté d’enseigner, de respecter et d’appliquer les principes qui ont fait la prospérité des pays riches et développés c’est-à-dire vénérer le travail; s’investir dans l’éducation et la recherche; s’imposer une discipline rigoureuse; avoir en horreur la prédation des biens publics; avoir un esprit civique- critique; préférer en toutes circonstances des comportements de paix, de tolérance et de justice. Tout un programme!



Par Jean-Baptiste Akrou
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28 juillet 2008 1 28 /07 /juillet /2008 09:50

Les Africains sont-ils de véritables tombeurs en terre parisienne ? Pour certains hommes, cela ne fait aucun doute. Problème : bien des femmes trouvent les dragueurs africains trop agressifs, trop menteurs, trop radins... Morceaux choisis au cœur de Château d’Eau, l’un des quartiers afros de la capitale française.

« Collants, sauvages, prêts à t’agresser ». Ce sont les premiers mots qui viennent à l’esprit de Daphnée lorsqu’on lui parle de « drague à l’africaine ». Cette Haïtienne de 21 ans, aux yeux joliment bridés, précise : « En boite, ça m’est arrivé de danser et qu’un mec soit prêt à m’insulter parce que je l’ai rejeté. Il y a des Africains qui n’insistent pas mais d’autres, tu as beau les envoyer bouler, ils ne veulent rien savoir ».

Cette agressivité est dénoncée par plusieurs autres femmes rentrées à Château d’Eau, un quartier afro de Paris. « Quand ils vous appellent et que vous ne répondez pas, ce sont des insultes de gauche à droite. C’est comme au pays, en moins pire », se plaint Sandra, une Béninoise qui souligne n’avoir pas été draguée depuis « longtemps ».

Volée de compliments

« Les Européens disent bonjour avec politesse mais nos frères noirs ici nous disent : "Bonjour, ça va toi ?" A tel point que tu ne te sens même plus femme et que tu perds confiance », déplore Mariam. Cette coquette Ivoirienne de 50 ans, qui en fait dix de moins, ajoute qu’une femme a besoin de « se faire aimer » et qu’il faut y mettre les formes.

Problème : « Dès fois, les Africains exagèrent tellement quand ils font des compliments qu’on a l’impression qu’ils se moquent de nous, souligne Mélisa, une Martiniquaise de 29 ans. Nous, on est là, on ne se trouve pas très belle et eux ils n’arrêtent pas de faire des compliments. Alors on n’y croit pas du tout ! » Un avis que partage Laetitia, une ravissante Ivoirienne qui reproche aux Africains de « trop en faire ».

Les Africains « c’est du rapide, du cash »

Ali fait partie des adeptes de la finesse. « Les Africains ne savent pas aborder. Ils n’étudient pas avant de s’engager. Pour eux, c’est un coup de foudre, alors ils attaquent. Moi, je demande un renseignement et puis j’essaye de causer avec la fille », détaille cet Ivoirien de 30 ans. Hassan joue plutôt la carte de la sécurité. « Je suis timide, alors j’attends que la fille me donne un signe positif. A ce moment-là seulement je prends confiance et j’y vais », raconte ce Marocain de 50 ans.

D’autres privilégient la méthode sans détour. Comme Ulrich, bermuda baggy et tee-shirt large. « En général, je pense que les Africains ont la bonne approche, au bon moment. C’est du concret, du rapide, du cash. Il n’y a pas de chichis et, au moins, les choses sont claires… Les Noirs n’ont pas le temps de tourner autour du pot », assure ce Martiniquais de 25 ans.

La méthode bling bling

Sûr de lui, Ulrich poursuit qu’« il y a des femmes qui aiment » ce langage direct. Et effectivement, certaines préfèrent l’option « droit au but ». « Les Africains ne se posent pas trop de questions. Quand une fille leur plaît, ils sont juste prêts à tout, ils se lancent tout de suite », lance Miriam, une Congolaise (RDC) de 27 ans.

Autre tactique de séduction : mettre en avant le compte en banque. « Ils achètent les filles en leur disant : "Je vais te mettre bien, t’acheter tout ce que tu veux…" », s’insurge Mélisa, qui qualifie la proposition d’« insultante ». « Quand ils draguent, renchérit Laetitia, 23 ans, ils aiment montrer qu’ils ont de l’argent. Ils sont trop faroteurs  et on a l’impression que toutes les filles marchent à la voiture et à l’argent. »

Fortune en toc

Des Dons Juans iraient même jusqu’à s’inventer une fortune… « Les Africains sont trop menteurs ! Pour convaincre la fille, ils vont dire qu’ils habitent dans le 16e alors qu’ils habitent en banlieue, et te dire qu’ils travaillent alors qu’ils sont au chômage », raconte en riant Marie, une Camerounaise de 38 ans. Une habitude contractée au pays, d’après elle.

« Si un homme dit qu’il t’aime bien mais qu’il a un peu de moyens, la fille ne va pas accepter d’aller avec lui », résume-t-elle. Car certaines Africaines estiment que le poids des présents est proportionnel à l’intérêt que lui porte son prétendant. « Les Africains n’ont pas peur de faire des cadeaux. Ils assument et ils sont fiers de le faire. C’est pour ça que de plus en plus de Blanches vont vers les Africains ! », analyse fièrement Miriam.

Apprendre le romantisme

Un propos que Marie nuance. « Ici, il faut d’abord coucher pour avoir les cadeaux ! Les hommes attendent que tu donnes avant de donner », indique-t-elle. Elle ajoute, toujours le sourire aux lèvres : « On n’arrête pas de parler d’intégration mais, les Africains, ils ne s’adaptent qu’aux mauvaises choses : au pays, ils paient toute la note du restaurant mais, ici, ils font "chacun sa part"… comme les Blancs ! »

Comment faire pour que la « drague à l’africaine » se passe au mieux pour les hommes et les femmes ? Sita, une Ivoirienne de 36 ans, suggère que les « Africains apprennent à être romantiques ». Côté femmes, Claude mise sur une baisse de leurs exigences financières. Ce Nigérian de 35 ans juge que le processus est en bonne voie : « Ici, si la femme t’estime et que tu es sérieux, elle peut rester avec toi même si tu n’as pas trop de moyens ».

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28 juillet 2008 1 28 /07 /juillet /2008 09:24

Depuis qu´on leur avait fait subir l´esclavage soit disant pour faire la liberté, qu´on leur avait imposé par la violence l´islam ou le christianisme comme seule source spirituelle et culturelle de valeurs ; depuis qu´on leur avait fait subir le colonialisme,  aujourd´hui la francafrique et le dictat économique et financier de l´hégémonie occidentale par la Banque Mondiale, le FMI, la FAO…etc, les pays africains ont difficile à s´orienter moralement et socialement vers des valeurs sociohistoriques propres.

Vivre sur la tête et croire à un Dieu étranger ? 

Ce phénomène est autant choquant que renversant parce que sans que les africains ne s´en rendent par eux-mêmes comptes, leurs valeurs, leurs jugements, leurs appréciations réelles sont continuellement désaccordées d´un principe pourtant instinctivement imminent à la race humaine : la protection sociale empressée à une source de valeurs culturelles propres à entretenir et protéger l´identité individuelle et le caractère sociohistorique des individus au sein de leur propre société. On a actuellement l´impression, lorsqu´on rencontre les africains ou lorsqu´on écoute leurs sociologues ou leurs historiens, que ceux-ci, comme Cheik Anta Diop, Bwemba Bong, Omotunde, Kaya, Doumbi Fakoly et autres, qu´ils sont bien conscients qu´il faut restaurer l´univers culturel noir africain détruit ou dispersé à tous les vents de l´histoire et lui donner une orientation positive. Mais est-ce chose aussi facile que cela ? Les logiques, les symboles, les rites et rituels détruits ou dévoyés de leur profond noyau de projection et de définition identitaire, se laissaient-ils réparer comme on le fait avec un appareil ménager ou une automobile ? Quel serait donc le meilleur moyen pour soigner le psychisme altéré de la race noire .

Cette question est tout le déboire socioéconomique et intellectuel actuel de l´Afrique. Parce que sans réelle orientation psychoculturelle résolvant ou enrichissant les conflits de valeurs qui se déroulent à tous les âges, à tous les niveaux et face aux diverses situations temporelles dans le psychisme culturel social et individuel identitaire des acteurs historiques et de leurs enjeux de réalisation, le désordre ou les choix momentanément destructeurs sont à l´ordre du jour. Car le lien protégeant l´intérêt initial sacré du soi a été déplacé ou détruit de son appartenance réelle. Il s´ensuit une dissociation, un déséquilibre d´identification ou de soin à ses intérêts et son identité propre qui mènent irrémédiablement à des choix sociaux et individuels dépourvus de la recherche de véritable réalisation. On se réalise alors par personne interposée, dans la culture étrangère plutôt que dans la sienne, on importe et on adule le fini des autres plutôt que d´élever et de parfaire sa propre capacité à créer ses propres moyens de satisfaction. Caractéristique de tout cela est le mépris qu´on a envers les gens doués, instruits (dont la société ne sait que faire ?) ou encore cette société, contrairement à l´instinct fondamental qui habite toute société humaine, ne reconnaît pas la valeur ou l´opportunité du progrès comme étant un vœu précieux d´amélioration de sa condition existentielle et de la satisfaction des besoins de ses membres. Un curieux phénomène qui crée la stagnation sociale et l´entretient au lieu de s´en délier pour aller de l´avant.

Maintenant celui qui croit qu´il n´existe pas d´intellectuels, d´ingénieurs ou de techniciens doués en Afrique se trompe. Il y en a certes moins qu´ailleurs dans les pays développés, mais il y en a bien. Mais ce qui fait la différence, c´est que dans les sociétés développées on emploie leur intelligence, leur capacité et leurs créativité afin de doter la société de meilleurs instruments et moyens de réalisation ; tandis qu´en Afrique, tout semble être mis en place afin que ces ingénieurs et techniciens ne trouvent pas emplois, qu´ils soient délaissés, sous payés ou aillent à l´étranger pour s´exercer ! Curieux, n´est-ce pas ? Une attitude que personnellement je qualifie de suicidaire, du moins de la plus haute irresponsabilité sociale. N est-ce pas incroyable de former des techniciens et des ingénieurs dont la société a un besoin urgent pour son avenir et ses grandissantes exigences face à la modernité et au progrès, pour leur priver de rendre les services pour lesquels ils avaient été formés !

Tout en Afrique se passe comme si une étrange inversion avait pris la place logique de décisions et d´intentions de gestion sociale du quotidien et de l´avenir. Si seulement cet avenir était entrevu et prévu ; parce que cette inversion ou cette destruction de positivité sociale de valeurs a une incidence secondaire néfaste : elle anile la plupart de projection du long terme, et ravale la vie sociale à un jour pour jour du court terme empêchant l´esprit et la production à discuter, critiquer ou prévenir le long terme en essayant de le maîtriser. Parce que cette tentative de maîtrise du long terme est en elle-même la qualité première du progrès.

On se demandera comment diable les sociétés acquièrent-elle cette qualité, et comment l´instaurer dans la société lorsqu´elle y fait défaut ? Il faut moins de science et de psychologique qu´on ne le pense. Il suffit seulement de penser à l´agriculture ou à l´élevage. Ces deux activités fondamentales de la société sédentaire et de toute société moderne nécessitent qu´on choisisse les grains qu´on doit planter 8sélection primaire), qu´on fasse la moisson à une époque déterminée afin qu´à une autre époque précise la récolte aie lieu. Et dès que celle-ci a eu lieu, on s´empresse de faire des réserves pour les mauvais jours, et on met de côté les grains qui pourraient assurer une bonne récolte prochaine. Pour l´élevage, c´est pratiquement la même chose, sauf qu´on croise les meilleures races entre elles pour obtenir de meilleurs résultats de bêtes résistantes ou meilleures productrices de viandes ou de lait.

En Afrique on peut voir à quel point ces deux activités sont délaissées ou confiées á un dilettantisme choquant. Résultats : la pénurie alimentaire en Afrique est quasi permanente. On a beau former des ingénieurs agricoles, et même former (sans grande conviction) des paysans ou mécaniser sporadiquement certaines production agricoles ; tant que l´esprit d´efficience et de perfectionnement systématique de ces vitales activités économiques pour la société faisaient défaut, les résultats seraient déplorables et insatisfaisants.

J´ai cité à dessein ces deux secteurs de production mères de toute société humaine ; notamment parce qu´elles sont génératrices de cuir (chaussures et meubles), de produits médicaux, de lubrifiants pour la production, de produits chimiques…etc. outre leurs qualités alimentaires élémentaires. Et lorsque nous parlons d´industrialisation, les esprits embués croient à tort qu´il s´agit de se doter ou d´importer rapidement des machines ou des usines clés sur portes ; ce qui n´est pas faux si on produit ces usines soi-même. Mais diable, il faut d´ABORD PRODUIRE les denrées à transformer ! Et le mieux, pour le départ, serait d´utiliser des moyens artisanaux élaborés pour la transformation, que de se jeter dans l´achat ou l´importation de systèmes industriels coûteux et ruineux du profit ou de l´économisme réel de ces activités.

Mais, revenons à notre psychisme enclavé ou désorienté : est-on surpris que la Ligue Arabe ainsi que l´Organisation de l´Unité Africaine se défendent du mandat d´arrêt émis contre le président Omar el Béchir du Soudan dans l´affaire du Darfour ? Et soyons francs, où étaient donc ces deux nobles institutions et leurs éminents membres depuis des années que les victimes scandaleuses du Darfour étaient, devant le monde entier, cruellement préjudiciés ? Depuis quand voit-on des représentants de l´ordre et de la justice sociale défendre des criminels ? N´est-ce pas renversant ?

Autre chose : les africains crient et s´égosillent auprès des occidentaux pour que ceux-ci leur relâchent leurs dettes publiques antérieures. Mais à y regarder de près, ces dettes, outre qu´elles ont servi dans leurs conditions secondaires à brader les barrières douanières des pays africains et ainsi les envahir des excédents alimentaires occidentaux ruineux à bas prix ; ces dettes n´ont, hélas, pas été employées à bon escient par les africains qui les ont destinées aux produits finis, à l´importation de produits de consommation de luxe ou pour financer des frais personnels couvrant les honoraires exubérants de certains dignitaires nationaux. En outre, la plupart de ces aides se retrouvait dans des comptes bancaires individuels en occident aussitôt accordés. Conséquences de tout cela : un appauvrissement persistant des masses populaires et la disparition des accumulations sociales avec lesquelles on aurait pu investir et soutenir les efforts exigeants du développement.

On se trouve donc, à mon avis, dans un système de logique inversée impropre à cultiver ou entretenir avec succès les buts, les conditions ou les moyens lui permettant d´aller de l´avant. L´apparition, dans ce désarroi de la gangrène de la corruption à un point insultant comme en RD Congo, au Nigeria le prouve : il y a manifestement une autodestruction par un choix malsain d´idéologie sociale dominé par la gabegie. Par ailleurs, il existe en Afrique un autre phénomène négatif : celui du choix de la médiocrité politique comme principe de gouvernance et de représentation institutionnelle. On est toujours surpris qu´un brillant Thomas Sankara soit assassiné avec la complicité de la France pour être remplacé par un Blaise Compaoré de la plus basse compétence. Ou encore au Congo Brazzaville, en RD Congo etc. La Françafrique et les intérêts occultes occidentaux et même chinois actuellement sont gérés par des clans de corrompus et d´illuminés siégeant le pouvoir africain ou le corrompant sournoisement pour y imposer des satrapes et des dictateurs qui ruinaient et endiguaient volontairement l´avenir de leurs propres peuples ! On se demande quelle notion ces malheureux ont du pouvoir public, et s´ils savent pourquoi le peuple les a élu. Certainement pas pour mourir de faim ou camper indéfiniment à la misère et à la mendicité !

C´est pourquoi je conseille tous ceux parmi les africains faussement scandalisés tout en entretenant volontairement ou pas les maux qui entravent un meilleur développement de l´Afrique, ceux qui, excédés et révoltés comme moi devant cette douloureuse réalité qui ruinait l´avenir de bien de femmes et d´enfants innocents, et même les occidentaux donneurs de leçons tout en ayant grassement joui des déboires et de l´exploitation ruineuse de l´Afrique, d´en revenir au bon sens et à une meilleure considération des droits et aspirations existentielles légitimes des africains. Et je considère comme insupportable, voire criminel d´exiger de l´Afrique qu´elle se détruise ou vive logiquement sur la tête afin que l´occident puisse s´enrichir et vivre dans l´abondance et la luxure. D´autre part, sans briser ce cercle vicieux éthique et logique, les africains continueront à tourner en rond tout en prétendant farouchement, et cependant sans le moindre succès palpable, aller de l´avant. Il ne suffit pas, pour changer les choses au mieux de répondre en bon et excellent français au discours maître d´école d´un prétentieux Sarkozy, de prétendre de son génie alors que ce génie n´était nulle part visible ou applicable en Afrique, ou encore d´acclamer aveuglement ou de soutenir ces incapables au pouvoir en Afrique parce qu´on avait pris l´habitude d´accepter les faits accomplis ou qu´on n´a pas appris à aimer l´effort, ou simplement à s´aimer soi-même autrement qu´en se projetant sur quelqu´un d´autre.

L´Afrique a certes souffert de bien de maux dans le passé, et vraisemblablement elle n´est pas encore sortie du labyrinthe douloureux de ses erreurs et de ses manquements. Mais ce continent a, quoiqu´on veuille le préjudicier ou l´empêcher d´accéder à la liberté, à l´endroit de ses enfants de ses cultures et de son histoire, le devoir légitime de protéger tous ses enfants de la misère, de la mendicité, de l´ignorance…de toutes les conditions néfastes pouvant entraver ou empêcher le meilleur épanouissement de ses habitants. Et plus rapidement on lui rendra son univers logique positif, productif et créatif ; au mieux ce continent pourra-t-il remplir ses devoirs envers lui-même. Et devenir pour les autres partenaires du monde, un partenaire fiable, crédible, et respectable. Actuellement l´Afrique est plutôt faible et malade d´elle-même autant qu´elle subit par trop violemment tous les vices que lui ingurgitent des intérêts étrangers unilatéraux. Ce n´est ni juste, ni humainement soutenable dans notre monde civilisé, et nous sommes tous appelés à changer cet état honteux des choses.

 

Musengeshi Katata

"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"

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26 juillet 2008 6 26 /07 /juillet /2008 22:46

Barack Hussein Obama

« Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique. Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences, car il n'est point vrai que l’œuvre de l'homme est finie, que nous n'avons rien à faire au monde, que nous parasitons le monde, qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde, mais l'œuvre de l’homme vient seulement de commencer et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre Terre éclairant la parcelle qu'a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite. »   

Ainsi parlait Aimé Césaire, le poète martiniquais, chantre de la négritude, dans ce qui est considéré comme son œuvre majeure, le célèbre Cahier d’un retour au pays natal.

L’homme qui a passé toute sa vie à rechercher ses racines africaines et à combattre pour la dignité des peuples africains et de tous les opprimés de par le monde s’est éteint le 17 avril dernier. Comme en hommage à ce grand penseur et militant engagé dans la revalorisation de l’Afrique, un fils du continent, Barack Hussein Obama, né d’un père kényan, remportait haut la main l’investiture de l’un des grands partis politiques américains, le Parti démocrate, pour la prochaine élection présidentielle américaine de novembre. Une première dans l’histoire de l’Amérique.

Obama a-t-il lu Césaire ? S’il ne l’a pas fait, comme on peut logiquement s’en douter – Obama n’ayant jamais été surpris comme un chantre de la négritude ou un défenseur des causes africaines –, il gagnerait à le faire. Surtout s’il compte se rendre en Afrique, en cas de victoire en novembre. Il pourrait ainsi faire un discours approprié et intelligent à l’université de Nairobi, qui fasse oublier l’insultant et approximatif discours prononcé l’an dernier par un chef d’État français totalement en déphasage avec les réalités de l’Afrique d’aujourd’hui.
          

Après avoir fait mordre la poussière à celle que l’on présentait comme la candidate favorite avant le début des primaires démocrates, Obama doit à présent parachever le travail en renvoyant le vieux McCain à sa nostalgie du Vietnam, qui ne présage rien de bon ni pour l’Amérique ni pour personne d’autre que lui. Obama doit gagner en novembre pour confondre ceux qui n’ont vu en lui, au départ, qu’un petit Noir venu amuser la galerie. Pratiquement tous les bien-pensants et tous les grands connaisseurs autoproclamés de la question raciale aux États-Unis se sont fourvoyés. Un éditorialiste d’une revue panafricaine avait même très doctement expliqué comment il était impossible qu’Obama prenne la place réservée (par qui ?) de longue date à Hillary Clinton, l’épouse de l’autre.   

Il y a eu tellement de racistes sur le chemin d’Obama qu’il est impératif qu’il gagne. Pour obliger ces derniers à se rendre à l’évidence que, pour paraphraser Césaire, l’on nous a trop longtemps gavés de mensonges, et que le soleil brille pour tout le monde, éclairant la parcelle qu’a fixée notre volonté seule.      

Il faut qu’Obama s’installe à la Maison-Blanche. Il a la capacité de changer l’Amérique, de la débarrasser des Bush et affidés, pour la réconcilier avec elle-même et avec le monde. Le destin d’Obama est de réparer les immenses dégâts causés par huit années de bushisme médiocre et belliqueux. De mettre un terme à l’aventurisme militaire américain en Irak qui, au lieu de répandre la démocratie dans un grand Moyen-Orient utopique, a déstabilisé durablement la région, favorisant l’intégrisme et le terrorisme. D’arrêter les égoïsmes américains qui occasionnent tant de dommages collatéraux en Afrique et ailleurs.           

Mais pour réussir ce changement, thème fort de sa campagne, Obama doit rester vigilant, car les racistes n’ont pas encore totalement abdiqué. Il devra se méfier des faux conseillers prompts à lui faire tenir des discours rompant avec la soif de changement qui explique son succès aux primaires. Il doit avoir le courage de garder ses opinions, y compris sur la cause palestinienne, d’autant plus qu’il s’agit d’une cause juste. Il a prouvé, avec le discours de Philadelphie sur la question raciale en Amérique, qu’il pouvait prendre l’initiative de débattre de questions pendant longtemps taboues. Il doit pouvoir rester ferme dans ses convictions et, surtout, être fier de ses origines, et en faire une valeur ajoutée. Césaire avait tiré de l’insulte « petit nègre », dont on l’affublait dans les rues de Paris, une motivation supplémentaire pour revendiquer fièrement sa négritude et l’inscrire comme un mouvement positif.    

La victoire probable d’Obama à la présidentielle américaine ne sera un « moment décisif » que si le candidat gardait la fierté de ses origines africaines. Ainsi les Africains noirs qui se font appeler partout en Occident Mamadou ou Camara, ou par des noms de footballeurs et autres sportifs noirs, pourront lancer à ces racistes d’un autre âge : ne nous appelez plus Mamadou. Appelez-nous Obama. Personne ne doit pouvoir nous prendre notre président Obama. Au début, quand peu croyait en lui, on l’appelait le candidat noir, pour le dévaloriser. Puis, quand il a remporté les primaires, on l’a appelé le candidat métis. Quand Obama se rapprochera du Bureau ovale, comment l’appellera-t-on ?  

Une chose est sûre : qu’au final il l’emporte ou pas, pour les Africains, Obama a déjà gagné. Les Africains-Américains désirant retrouver leurs racines africaines n’auront plus à se rendre forcément à Gorée, dans cette fameuse Maison des esclaves où ne s’est déroulée aucune des scènes de voyage sans retour des Noirs vers l’Amérique que racontait son loquace conservateur sénégalais. Le prochain lieu de pèlerinage se trouve sur les rivages du lac Victoria, au cœur du continent africain et du Kenya, dans le village de Nyangoma où attend l’authentique grand-mère Sarah Hussein Onyango Obama. Mémé Onyango, merci de nous accueillir, lors de notre retour au pays natal. L’Afrique, on vous l’a dit, est l’avenir du monde.

Par Valentin Mbougueng 

Source: Afrique-Asie


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26 juillet 2008 6 26 /07 /juillet /2008 10:56

Le régime soudanais contre-attaque aux accusations le désignant pour les crimes commis au Darfour en ouvrant les portes d’un camp militaire où sont retenus 91 enfants-soldats. Des gamins kidnappés au Soudan et au Tchad par le Mouvement pour la Justice et l’Egalité (JEM), le principal groupe rebelle du Darfour. Un reportage de « Bakchich ».

Le camp militaire n’a même pas de nom. Ou du moins, on ne nous le donne pas. Il est « après la raffinerie d’El-Geili », à une heure et demie de route, puis de piste, au nord de Khartoum, la capitale soudanaise. Un camp planté au milieu du désert. Un désert plat comme la main avec, çà et là, quelques maigres buissons jaunis. Depuis le 10 mai dernier, il abrite 91 enfants, âgés de 11 à 15 ans. Ils ont participé au raid contre Khartoum, lancé par Khalil Ibrahim, le leader du Mouvement pour la Justice et l’Egalité (JEM), le principal groupe rebelle du Darfour. Un raid insensé de 1600 kilomètres dans le désert. Partis du Darfour, à bord de 250 véhicules, les rebelles darfouriens n’ont été bloqués que sur les ponts qui enjambent le Nil, séparant Omdourman de Khartoum, par l’armée soudanaise. Soit très tardivement… Au milieu des combattants aguerris du JEM, des gamins apeurés, qui abandonnent leurs armes, et tentent de se cacher.

Mohamed, le plus jeune a 11 ans. Il est soudanais, mais a été capturé dans un camp de réfugié au Tchad

©Ian Hamel

Le plus jeune à 11 ans, il aidait à la cuisine et servait le thé aux combattants. Les plus âgés, 15 ans, étaient contraints de porter les armes. Tous racontent la même histoire. Mohammed a 14 ans, il est Tchadien et parle quelques mots de français. « J’ai été enlevé avec trois de mes copains après un match de football par des gens du JEM. Je ne savais pas où ils nous emmenaient. Ils ne nous disaient rien ». Ses poignets sont encore marqués. Pour qu’ils ne puissent s’échapper durant ce raid qui a duré une semaine, les rebelles les attachaient aux véhicules, jeeps, 4X4, camions. « Quand les soldats soudanais nous ont tiré dessus, trois personnes à côté de moi ont été tuées et une autre blessée. J’ai pris peur, je me suis enfui », ajoute-t-il.

Des enfants enlevés en plein jour

Tous les témoignages confirment le rapport d’Anna Schmitt, de l’ONG de défense des droits de l’homme Waging Peace, dont le siège est à Londres. Selon des « entretiens approfondis » avec des chefs de camps de réfugiés à la frontière du Tchad et du Soudan, « les enfants sont enlevés à l’intérieur même des camps de réfugiés, en plein jour, avant d’être vendus à des groupes rebelles opérant dans les environs ».

Les 91 enfants-soldats sont, selon les autorités, dans un camp
de "réinsertion", au milieu du désert, gardé par les militaires

©Ian Hamel

Logés par groupe de douze dans des dortoirs, au premier étage d’un bâtiment en dur, les gamins paraissent correctement traités. Ils font du sport, regardent la télévision, dessinent, prient ensemble à la mosquée. Mais ils ne peuvent pas sortir de ce camp militaire.

« Ces enfants ne sont pas en prison. Il ne s’agit que d’un camp de réinsertion, de réhabilitation. Rien à voir avec Guantanamo », assure-t-on. Alors, pourquoi les parquer au milieu du désert, loin d’une ville, et surtout loin d’écoles ? Et pourquoi ne pas les rendre à leurs familles, au Darfour et au Tchad ? « C’est pour assurer leur sécurité », répondent, embarrassées, les autorités soudanaises. Les Nations Unies estiment que 7 à 10 000 enfants ont été kidnappés à l’Est du Tchad en 2007. Nial, 15 ans, a été enlevé dans un camp au Darfour. Il a passé quelques semaines avec les rebelles, avant de partir attaquer Khartoum. « Je n’ai pas eu d’entraînement militaire et je n’ai pas tiré un seul coup de feu », jure-t-il. «  Khalil Ibrahim disait qu’il allait devenir président et que nous serions tous riches. Même nous les enfants nous toucherions des millions », assure ce gamin en tenue de sport bariolée.

Calculs politiques

Cette visite, organisée par le pouvoir soudanais, est, pour lui, un moyen de montrer que l’opposition au Darfour n’est pas non plus très respectueuse des droits de l’homme. Et que si elle parvenait un jour à prendre le pouvoir, elle ne ferait sans doute pas grand cas de la démocratie.

Principale occupation de ces gamins de 11 à 15 ans : regarder la télévision

©Ian Hamel

Mais quand ces enfants retrouveront-ils la liberté, et leurs familles ? Jiji Ganga, l’officier soudanais qui dirige le camp, reste très vague. « Bientôt, bientôt. Ce sont des enfants, ils ne sont pas responsables de l’attaque contre Khartoum », souligne-t-il. En revanche, les adultes, les « vrais » rebelles, sont actuellement jugés par un tribunal spécial de Khartoum pour « terrorisme ». Ils risquent la peine de mort.

 

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25 juillet 2008 5 25 /07 /juillet /2008 18:59
A lire aussi dans http:// toumaitchad.over-blog.com

Fin Juin début Juillet 2007, les chefs d’Etat et de gouvernement Africains se sont réunis à Accra au Ghana en sommet de l’Union africaine. Les yeux du monde entier étaient tournés vers la capitale du Ghana où l’on espérait voir le continent noir faire un miracle. Comme la « Geste » de Soundjata Keita il y a des siècles et pendant la période des grands empires africains, les naïfs du monde entier semblaient attendre de ce continent longtemps à terre qu’il se relève d’un seul coup et se mette à courir pour faire ainsi oublier des décennies de retard, de divisions, de sous développement. Qu’attendait-on des Africains à cette occasion ?

 Réaliser en l’espace d’une réunion de 3 jours et à la faveur d’un certain nombre de bonnes volontés quelquefois mégalomaniaques, une union que l’Europe a commencé depuis plus de 60 ans déjà et qu’elle n’a pas encore réussi à parfaire sur le plan économique tandis que l’union politique du vieux continent est encore très loin de sa réalisation. Une union que les Etats-Unis d’Amérique ont mis des siècles à réaliser. On attend donc de l’enfant perclus ou mieux le paralytique de la famille des continents qui n’a encore jamais rien réussi de bon qu’il se lève en un jour et commence à courir, alors même qu’il n’a ni encore appris à se tenir sur ses jambes, ni appris à marcher. Le miracle n’arrivera pas. Que s’est-il exactement passé à Accra en 2007 ? Pourquoi l’Union Africaine n’a pas réussi à se transformer en Etats-Unis d’Afrique ? L’Afrique pourra t-elle réaliser son union et devenir un grand ensemble ? Si oui, à quelles conditions ? Telles sont les questions auxquelles il nous faut essayer de répondre. Cela ne va pas être facile et les approches faites ici sont loin d’être exhaustives ou de prétendre épuiser la matière. Mais pour essayer une ébauche de réponse aussi infime soi-t-elle, il nous faut comprendre un certain nombre d’autres choses pour ne pas sembler parachuter le problème et les tentatives solutions.

Dans la mesure où les Etats-Unis d’Afrique constitue la traduction pure et simple dans la réalité de la philosophie du panafricanisme, nous essayerons d’aborder le problème en analysant tour à tour les origines (I) du processus, les enjeux qu’ils recèle (II), les obstacles (III) à ce panafricanisme avant de voir comment l’Afrique pourra éventuellement surmonter l’obstacle et aboutir un jour aux Etats-Unis d’Afrique (IV), ce grand ensemble continental utile pour son développement.

I- LES ORIGINES
A l’origine, le panafricanisme était une simple manifestation de solidarité fraternelle entre les Noirs d’ascendance africaine des Antilles britanniques et des Etats-Unis d’Amérique. C’était, comme l’a si bien noté Lansiné Kaba, un mouvement d’émancipation américaine. C’est en ce sens que le mouvement fut conçu et énoncé au départ par l’écrivain Noir américain Dubois en reconnaissance de la souffrance des Noirs et en hommage au sang versé par les Africains et Américains. Le Panafricanisme avait donc à ses débuts une définition légèrement éloignée de ce qu’elle est de nos jours. A l’origine, le mouvement ambitionnait donc la renaissance, la libération et l’émancipation du monde noir.

C’est l’encyclopédie multimédia qui donne la définition correspondant à l’idée véritablement originelle du panafricanisme. D’après ce dictionnaire, le panafricanisme est un mouvement visant à l’accomplissement des Noirs par l’égalité des Droits avec les Blancs, l’indépendance économique et politique. Cette idée se concrétisa lors du premier congrès panafricain avec la revendication par les Noirs du droit à disposer d’eux-mêmes.

Mais le mouvement va connaître par la suite une nouvelle orientation. En effet, l’évolution de la marginalisation des Noirs de même que celle de leur vassalisation à travers l’esclavage et la colonisation puis le néocolonialisme des Etats africains vont se combiner pour faire évoluer cette idée de solidarité fraternelle entre Noirs de départ vers une idée de solidarité et d’unité des peuples noirs dans leur ensemble. Il semble que c’est cette évolution que l’on retrouve à l’origine du mouvement tel qu’il est connu aujourd’hui avec des noms aussi divers que William Dubois, Marcus Garvey, Georges Pandore, Cheik Anta Diop, et Sylvester Williams. Ce dernier va même être à l’origine de la première grande réunion fondée sur cette idée de solidarité fraternelle entre Noirs à Londres en 1900 et c’est à cette réunion que sera évoquée pour la première fois la notion de « Panafricanisme ». C’est à cette évolution du concept d’une solidarité entre des individus de couleur noire vers un éveil et une érection de l’Afrique en une vaste communauté politique, culturelle et économique que s’est adaptée la définition que l’on a désormais du terme dans d’autres dictionnaires. Le chanteur Bob Marley a chanté cette nécessaire unité de l’Afrique en tant que continent que les enfants du continent désirent tant dans sa fameuse chanson des années 80 intitulée « Africa Unite ».

D’après le dictionnaire Larousse, le panafricanisme s’entend de l’idéologie qui vise la solidarité et l’unité des peuples africains. Il s’agit d’une doctrine politique et socioculturelle qui prône l’unité des Etats africains comme étant l’unique voie de leur libération effective, de leur émancipation et de leur développement. Considéré comme une doctrine philosophique, le panafricanisme propose l’Afrique dans sa globalité comme devant être le commencement et l’aboutissement de toute action politique, économique et culturelle relative au continent considéré encore à ce jour comme étant le continent « berceau de l’humanité ».

Au cours du premier Congrès du panafricanisme, Dubois parvient à sensibiliser les intellectuels Noirs du monde, particulièrement antillais et surtout africains à s’unir. Il faut signaler que Kwame Nkrumah, le chantre du panafricanisme, fut profondément influencé aux Etats-Unis par Dubois et son idée panafricaniste dont il deviendra plus tard le véritable promoteur politique.

Le sixième (6ème) Congrès du mouvement tenu à Manchester en 1945 avait connu la participation des jeunes leaders africains comme Nnamzi Azikiwe, Jomo Kenyata, Kwame Nkrumah. Le mouvement est aussi devenu à partir de là l’élément moteur de la lutte pour l’indépendance des Etats africains.

Si Dubois surtout et dans une certaine mesure Marcus Garvey peuvent être considérés comme les pères philosophiques du panafricanisme, Cheik Anta Diop, Senghor et Aimé Césaire (qui vient de mourir à 94 ans) peuvent être vus comme ses parrains littéraires tandis que Kwame Nkrumah va en être le principal promoteur politique.

L’idée panafricaniste va être à l’origine d’une profusion d’union politique entre les Etats africains au lendemain des indépendances. Dès le 17 septembre 1958 déjà, les Etats de l’Afrique de l’Est, des partis nationalistes et des syndicats vont se réunir dans la Pan African Freedom Movement of East, Central and Southern Africa, le PAFME CSA où on pouvait noter la présence des pays ou territoires comme le Kenya, l’Ouganda, le Tanganyka, le Nyassaland et le Zanzibar. En novembre 1958, la Guinée Conakry et le Ghana décident une union qui va rapidement prendre fin. Le 17 janvier 1959 se crée la fédération du Mali comprenant, le Dahomey, le Sénégal et le Soudan (le Mali et la Haute Volta). Cette fédération sera vite dissoute et remplacée le 30 mai 1959 par le Conseil de l’Entente comprenant la Côte d’Ivoire, le Dahomey, la Haute Volta, le Niger et le Togo. Le 19 juillet 1959, le Ghana, la Guinée Conakry et le Libéria s’unissent à Sanniquellé. Du 15 au 19 décembre, le Conseil de l’Entente s’unit aux pays de l’ex Afrique Equatoriale Française (A.E.F) pour former l’Union Africaine et Malgache (U.A.M). En mars 1961, l’U.A.M. s’élargit pour créer l’Organisation Africaine et Malgache de Coopération Economique (O.A.M.C.E).

Il y avait deux tendances au niveau des pays en ce qui concerne l’idée de l’unité africaine. Il y avait la tendance dite supra nationaliste qui voulait une Afrique unie dirigée par un seul et même gouvernement, avec une carte du continent tel qu’il se présentait avant la Conférence de Berlin en 1884. Cette tendance qui militait pour une véritable union pluridimensionnelle (politique, économique et culturelle) réunissait dès janvier 1961 dans ce qu’on appelait alors le « Groupe de Casablanca », les pays comme le Ghana (de Kwame Nkrumah), la Guinée Conakry (de Sékou Touré), l’Egypte (RAU) (de Nasser), le Mali (de Modibo Kéita) et le Maroc (de Mohammed V). Comme on peut le noter, cette tendance était composée d’Etats dits progressistes « anti-impérialistes » dont le porte étendard est Kwame Nkrumah, l’homme qui aura tout fait pour voir naître une Afrique unie.

A côté de celle-ci, il y avait la tendance dite modérée qui avait réunie la même année dans ce qui sera connu comme le « Groupe de Monrovia » 19 pays dont les pays de l’Union Africaine Malgache (UAM) auxquels se sont ajoutés l’Ethiopie, le Libéria, la Libye, le Nigeria, la Sierra Leone, la Somalie, le Togo, la Tunisie, etc. Cette tendance était opposée à la première qu’elle considérait comme utopiste pour trois (3) raisons. Premièrement, pour ce groupe, la tendance supra nationaliste entraînera l’autarcie de l’Afrique par rapport au reste du monde dont elle avait besoin. Ensuite, elle soutient que les disparités d’ordre culturel considérables séparant les pays africains de même que les caractères fort hétérogènes et dissemblables de ces Etats ne leur permettent pas de se fondre comme le souhaite la tendance maximaliste. Cette tendance militait donc pour une union souple de l’Afrique qui irait progressivement vers une union économique et culturelle. L’approche ici est minimaliste mais semble aujourd’hui et à certains égards la plus réaliste, vu l’évolution de la situation générale.

Entre les deux, il y avait une tendance intermédiaire qui était favorable à la mise en place de regroupement sous régionaux locaux devant déboucher progressivement sur la réalisation de l’unité du continent.

C’est cette conception dont le chef de file était Léopold S. Senghor qui semble avoir reçu l’assentiment des fondateurs de l’O.U.A. qui, en optant pour un compromis entre la position maximaliste défendue par Nkrumah et celle minimaliste défendue par Houphouët Boigny, ont préféré une organisation inter étatique conçue dans le cadre d’une coopération entre Etats indépendants à une O.U.A. conçue comme une organisation supranationale. La Charte de l’O.U.A. n’avait donc pas clairement tranché la question des Etats Unis d’Afrique. L’O.U.A. a cependant retenu une approche progressive et à travers l’intégration sous régionale comme préalable puisque dès août 1963, la résolution CM/5/I du Conseil des Ministres a invité les Etats membres à envisager une politique de regroupement entre voisins dans le cadre des mêmes zones géographiques.

Cette politique de sous régionalisation qui sera rappelée dans plusieurs des actes de l’OUA avait essentiellement pour but ultime l’intégration du continent dans une vaste communauté africaine à travers un processus progressif. Cette intégration qui est multisectorielle était divisée en quatre (4) secteurs : intégration économique, intégration politique, intégration sociale et intégration culturelle.

Dans cet ordre d’idée, par sa résolution CM/464 (XXVI) l’OUA divise l’Afrique en cinq (5) grandes sous régions : Afrique du Nord, de l’Ouest, du Centre, de l’Est et du Sud et chacune de ces régions doit s’intégrer dans une seule organisation sous régionale.

II- LES ENJEUX


L’enjeu fondamental du panafricanisme ou des Etats-Unis d’Afrique est d’intégrer économiquement, culturellement, socialement et enfin politiquement l’Afrique.

A l’heure de la mondialisation, au moment où le monde parle en terme de grands ensembles et même de « grand village planétaire », et où la notion d’Etat est complètement précarisée par rapport aux grands ensembles, l’Afrique ne peut plus s’offrir le luxe de prétendre au développement dans les micro entités, exiguës que sont nos Etats. L’Afrique doit penser à un grand ensemble qui, comme l’a dit l’ancien Secrétaire Général de l’OUA Edem Kodjo, pèsera véritablement sur le plan international.

Le but ultime du panafricanisme ou des Etats-Unis d’Afrique est de lutter contre la balkanisation de l’Afrique avec une suppression des frontières issues de la colonisation afin d’arriver à une unité du continent berceau de l’humanité.

Dans la perspective d’aboutir à une union économique à la dimension de l’Afrique toute entière, l’OUA avait mis un accent particulier sur l’intégration économique dans sa stratégie d’intégration multisectorielle. Dans cette perspective, le plan d’action de Lagos qui est en partie ce que nous avons aujourd’hui dans le NEPAD, avait, dans les années 80, imposé aux diverses sous régions des obligations dans divers secteurs, notamment le secteur financier, celui du commerce intra africain, le secteur de la réduction puis l’élimination des barrières commerciales.

Si cet ensemble de mesures ou de conditions adoptées au sommet économique de Lagos en 1980 avait connu une véritable mise en œuvre, l’Afrique aurait pu faire une avancée très significative en direction d’une Communauté économique africaine en prélude à une intégration politique marquée par des institutions fortes, auto intégrées et légitimées par les peuples africains satisfaits par les réponses socio-économiques concrètes de l’Afrique dans leur quotidien. Effectivement, si les Etats ou responsables politiques africains avaient, par le biais de l’intégration économique, permis aux populations de bénéficier des bienfaits de l’intégration, celles-ci auraient été plus que favorables à l’union entre les Etats africains et donc permis à l’intégration de se faire à partir du bas. En effet, il n’y a rien de plus intéressant dans ce processus que d’avoir des peuples désireux de se rapprocher pour faire en sorte que l’intégration et l’union ne soient pas perçues comme imposées mais comme voulue par les populations et par elles seules. C’est en ce sens que l’on peut parler d’une intégration et d’une union africaines réalisées par les populations ou les peuples africains. Cela veut dire que les populations se sont entièrement appropriées un processus qu’elles ont trouvé intéressant pour elles.

Ce processus d’intégration économique en prélude à l’intégration politique et culturelle est le chemin adopté par l’Union Européenne dont l’intégration a commencé depuis les années 1950 sur une base économique avant d’arriver aujourd’hui à une intégration politique qui est encore imparfaite et évolutive. Si l’Afrique doit copier certaines choses auprès de l’Occident, cette procédure d’intégration est l’une des choses à prendre.

Hélas, au niveau de l’OUA, rien n’a été fait depuis 1980 et 20 ans après, le Plan d’Action de Lagos est aujourd’hui pratiquement intégré point par point dans le NEPAD qui est lui-même sur le plan d’être une fois encore jeté aux orties par des Etats africains qui n’ont pas encore commencé à prendre leur nécessaire intégration régionale à bras le corps.

III- LES OBSTACLES


Ce que l’on constate ostensiblement est que les principaux obstacles à la réalisation de l’Union Africaine agissante qui sont brandis semblent s’être orientés autour de la personne du guide libyen Mouammar Kadhafi. Il y a là sans nul doute un problème de leadership dû au fait que depuis 2000, c’est le président Kadhafi qui a pris sur lui de rallumer le flambeau éteint des Etats-Unis d’Afrique dont l’idée semblait être mis sous le boisseau pendant des années. Et il l’a fait de la façon qu’on lui connaît en mettant en place une diplomatie de l’argent. C’est justement cette manière de convaincre à coup d’argent pour essayer d’imposer les idées qui a conduit un certain nombre d’autres responsables politiques africains à prendre ombrage du leadership de Kadhafi et à s’irriter contre lui parce qu’il est considéré comme essayant de contourner tout le monde. En tenant compte en plus de la mauvaise image qu’avait le leader libyen en Occident, les critiques n’ont donc pas manqué de fuser de partout. Il est par exemple soutenu que son pays baigne dans une dictature stalinienne ; que la Libye est l’exemple le plus accompli du racisme ou de la discrimination, de la xénophobie contre les Noirs. Il est également reproché à la Libye de se sentir à l’étroit et d’avoir accumulé beaucoup d’unions mort-nées (avec l’Algérie, l’Egypte, le Soudan, la Tunisie, le Tchad, les Etats-Unis du Maghreb Arabe, la Communauté des Etats Sahélo saharien, etc). Mais il semble que là n’est pas la question. En effet, quelle que soit la personne qui la propose, l’Union Africaine ou l’intégration africaine en un vaste ensemble est une idée noble et ne doit pas se voir dresser des obstacles devant elle parce que c’est une personne mal vue ou peu appréciée qui l’a proposée. Il ne faut plus tomber dans l’écueil d’hier qui a fait que le panafricanisme a été rejeté parce que c’est Nkrumah, la bête noire des occidentaux qui en était le chantre. De plus, il convient de rappeler à ceux qui se limitent à ses questions totalement subjectives que le panafricanisme n’est pas une idée de Mouammar Kadhafi. Elle existait avant que le leader libyen n’accède au pouvoir et elle résistera au passage au pouvoir et même à la disparition du guide libyen. Il faut donc éviter de commettre la même erreur que par le passé et d’aboutir à la même situation que celle qui a suivi le départ du pouvoir de Nkrumah et où plusieurs leaders africains se sont finalement rendus compte qu’en réalité, ce que cet homme exigeait pour l’Afrique, était la meilleure et la seule façon de réaliser le bonheur de notre continent.

La seule chose qui a été faite par le leader libyen, c’est de récupérer l’idée qui est née et qui existe depuis bien longtemps et comme d’habitude de faire une forte diplomatie de l’argent pour que ses collègues acceptent l’idée des Etats-Unis d’Afrique ou du moins ne s’y opposent pas. On se rappellera encore de comment tout a commencé avec la tenue du sommet de l’OUA en 2000 au Togo. A coup de dollars, le Colonel Kadhafi a essayé de ressusciter et d’imposer une idée qui avait des origines lointaines et qui est fondée sur les desseins les plus nobles. Depuis le sommet de l’OUA de 2000 à Lomé où l’Union Africaine a enterré l’OUA et pris sa place, Mouammar Kadhafi a fait feu de tout bois pour voir naître les Etats-Unis d’Afrique en brûlant toute les étapes d’une intégration progressive. Il ne semble pas que l’initiative du Colonel Kadhafi soit fondée sur de mauvaises idées. Elle est fondée sur des desseins nobles qui méritent d’être soutenus quel que soit l’idée que l’on veut se faire de l’homme. Il faut donc dépasser le contenant et aller au contenu.

Lors du sommet d’Accra, deux tendances se sont opposées comme ce fut le cas par le passé. Il y avait d’un côté ceux qui voulaient aller vite et tout de suite à une union et à la mise en place d’un organe politique supranational dont l’objectif serait de diriger la mise en place définitive de l’Union. Il sont dirigés par le leader libyen Mouammar Kadhafi et comprennent le président Sénégalais Abdoulaye Wade ainsi que le Président de la Commission Africaine l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré. Dans l’autre camp qui voulait une intégration progressive et s’opposait à toute idée de vouloir précipiter les choses, on avait à la tête le Président sud Africain Thabo Mbeki et le Président gabonais Omar Bongo Ondimba suivis de l’Ougandais Yoweri Museveni, et de l’Ethiopien Meles Zanaoui.

En dehors de l’aspect folklorique et visible des choses qui consistent à accuser Mouammar Kadhafi de toues les plaies du monde, quels sont donc les véritables obstacles à la réalisation d’une vraie union entre les Etats africains ?

A- Obstacles stratégiques

Lors du sommet d’Accra, (fin juin début juillet 2007) l’Afrique semblait avoir opté pour une stratégie contraire à celle de l’Union Européenne. Les instances dirigeantes et plus particulièrement le président de la Commission Africaine Alpha Oumar Konaré semblaient avoir accepté ou pris partie pour la stratégie de Kadhafi. Il s’agit de faire directement l’union politique ou d’imposer directement une intégration politique avant même d’avoir réalisé l’intégration économique. C’est ce qui émane de l’idée de mettre en place un super gouvernement africain. Cette idée provient de ce que pendant longtemps, les diverses tentatives de mettre les leaders politique d’accord pour unir le continent se sont heurtées à des insuccès. Il s’agit donc de créer de toute pièce une locomotive pouvant drainer les autres pays et chefs d’Etat vers une intégration continentale. En fait, il s’agit d’une marche à pas forcés. Mais en voulant réaliser une « Afrique politique » qui n’est pas fondée sur une « Afrique économique », sociale ou culturelle et qui n’avait une base concrète nulle part que dans la volonté d’un certain nombre de leaders charismatiques, l’Union Africaine semble avoir pris le chemin contraire de la normalité et de la logique ; un chemin tendant à mettre la charrue devant les bœufs. C’est pourquoi, pour une des rares fois, même le SYDA (Syndicats des Dictateurs Africains) ne va pas être d’accord et il y aura énormément de divergence entre les chefs d’Etats et de gouvernement.

B- Obstacles politiques

Dans les textes de l’Union Africaine, on note une référence claire au Panafricanisme tel que cela existait déjà avant la création de l’OUA en 1963. C’est ainsi que, parlant du Panafricanisme, le Préambule de l’Union Africaine indique clairement que c’est « inspiré par les nobles idéaux qui ont guidé les pères fondateurs de notre organisation continentale et de génération de panafricanistes dans leur détermination à promouvoir l’unité, la solidarité, la cohésion et la coopération des peuples d’Afrique et entre les Etats africains » que les Chefs d’Etats et de gouvernement ont accepté de donner un coup d’accélérateur au vieux projet d’union du continent noir. Malgré cette référence claire à l’héritage des pères de l’indépendance et à la volonté de continuité de leurs idéaux d’union, rien n’a été fait de concret pour ce faire. Deux problèmes sont à évoquer ici. L’absence de volonté politique réelle de voir l’Afrique s’unir en un vaste ensemble (1) et le refus de concéder partie de la souveraineté des Etats que nous avons en Afrique (2).

1- En ce qui concerne la volonté politique, il convient de noter que beaucoup des chefs d’Etats africains parlent de panafricanisme et d’union africaine ou d’unité sans que la plupart d’entre eux n’aient une quelconque volonté de s’orienter véritablement vers une unité réelle du continent. En effet, aux lendemains des indépendances, l’idée de panafricanisme ou d’unité africaine n’a pas reçu l’écho qu’il faut parce que chacun de ces nouveaux chefs d’Etat ou de pères de l’indépendance voulait jouir effectivement de son rôle de chef d’Etat ou simplement de roi. Aucun d’entre eux ne voulait donc réellement accepter d’abdiquer son rôle de chef d’Etat, jouissant des prérogatives immenses au profit de quelque entité qui serait véritablement au dessus de lui. Mêmes ceux qui, comme Kwame Nkrumah, défendait corps et âme l’idée, ne voulaient la voir mettre en œuvre qu’à condition que ce soit eux qui jouent le rôle de premier dirigeant.

Puis vint l’époque où le pillage des richesses nationales, la jouissance absolue des prérogatives de chefs de l’Etat avec son cortège de violations des droits de l’homme ont fait qu’il était devenu encore plus difficile aux différents chefs Etats africains d’accepter une quelconque véritable Union du continent. Le SYDA (Syndicats des Dictateurs Africains) était d’accord et pouvait s’entendre sur tout sauf sur l’idée de concéder partie des droits au pillage, à la violation des droits de l’homme et à l’assouvissement de son peuple ou à la vassalisation de ses concitoyens dont disposait chacun de ses membres sur les sujets qui sont sous son autorité et qui sont taillables et corvéables à merci.
A ces raisons de la réticence, il faut ajouter le fait que les anciennes puissances colonisatrices qui assurent l’accession et la pérennité au pouvoir de ces nouveaux chefs d’Etat africains ne peuvent laisser le continent prendre une voie qu’elles ne contrôlent pas. Elles ont dont toute raison d’assurer la division du continent, idée dont les potentats locaux sont devenus les porte-parole.

2- En ce qui concerne le refus de concéder la souveraineté, il est intimement lié au problème de volonté politique. En effet, l’union du continent sur les plans économique, culturelle et politique, tout comme celle de l’Europe ne pourra se faire sans que les Etats africains acceptent chacun de perdre une partie de sa souveraineté au profit de l’entité supranationale qui va conduire les affaires de cette union ou simplement au profit de l’Union. Or, sur ce plan, on note une sorte de refus catégorique des dirigeants africains de laisser une petite portion de la souveraineté de leur pays tomber dans la cagnotte commune de l’Union. Les propos du gabonais Omar Bongo qui a affirmé au sommet d’Accra, que « Le Gabon ne concèdera aucun aspect de sa souveraineté » dénotent de la dimension du problème. L’anecdote du problème de langue que va parler une Afrique unie entre Kwame NKrumah et Julius Nyerere, l’un soutenant qu’il faut adopter l’Ashanti tandis que l’autre voulait du Swahili est également un exemple de ce que les Africains pensent de la concession de leur souveraineté dans le cadre de l’Union Africaine.

De tous les chefs d’Etat africains et surtout de ceux qui ont soutenu ou soutiennent l’idée des Etats-Unis d’Afrique, le seul président à l’avoir fait en exprimant une volonté claire et ferme est le Sénégalais Abdoulaye Wade. Il a provoqué le changement de la Constitution de son pays en faisant intégrer en son sein le fait que désormais le est Sénégal un Etat fédéré. Cela veut dire concrètement que si demain l’Afrique devait s’unir en une fédération d’Etats comme les USA par exemple, le Sénégal n’aurait aucune difficulté à devenir un des Etats fédérés de ce vaste ensemble. Pour les autres, les Etats Unis d’Afrique a été une occasion pour plusieurs personnes de se saisir de l’opportunité pour empocher une partie du pactole que le leader libyen a injecté dans le circuit pour ramollir la résistance de ses collègues à une idée venant de lui. Cette situation rappelle d’ailleurs, d’une certaine manière, cette période où le président Kadhafi demandait contre espèce sonnante et trébuchante aux autres chefs d’Etat africains de devenir musulmans. L’on se rappelle encore combien parmi eux ont suivi la voie vers Mahomet en glissant sur ces espèces sonnantes.

C- Obstacles économiques

Le problème économique est également un des talons d’Achille de l’Union Africaine. Non seulement le continent n’a pas réussi à ce jour à réaliser son intégration économique malgré les exigences du sommet de Lagos de 1980 et les diverses règles posées par le Plan d’Action de Lagos, mais en plus le niveau de développement différent des pays africains s’est révélé comme étant une lacune grave pour l’Union Africaine. En effet, l’absence d’un sentiment panafricain pour des dirigeants qui n’ont pas encore un sentiment nationaliste ou patriotique dans le cadre de leur micro Etat a pour conséquence que les Etats qui sont plus pourvus économiquement croient que c’est à eux seuls de jouir de ces richesses et non de partager cela avec les autres. On notera donc avec intérêt le fait que pendant longtemps, le Président Houphouët Boigny, poussé dans une certaine mesure par la France, s’est radicalement opposé aux velléités d’unité de l’Afrique exprimées par Nkrumah, Sékou Touré et de Modibo Keita en évoquant le fait que la Côte d’Ivoire allait être « la vache à lait » des autres pays. Les pays qui détiennent donc un leadership économique aujourd’hui entendent en jouir seuls et refusent pour le moment une quelconque concession aux pays les moins pourvus. Ces Etats plus pourvus s’opposent à ce que les pays les plus pauvres ou les moins pourvus sur le plan naturel deviennent ce que d’aucuns qualifieraient des parasites. Mais cette conception des choses est une vue assez courte. En effet, dans le cadre du continent noir, nous sommes, non dans une situation de pas économiquement développés mais de pays ayant des richesses naturelles. L’argument de pays ayant des moyens économiques est donc un peu spécieux puisque la richesse naturelle n’est pas la seule richesse. On peut avoir des richesses naturelles comme l’ex Zaïre et être pauvre et en être dépourvu comme le Japon et la Corée du Sud mais être industrialisé et développé. De plus, on ne sait ce que le sous-sol de ce continent aux énormes richesses naturelles réserve comme surprise à chacun des pays qui l’occupent. Qui eut cru que le Tchad, un des pays les plus pauvres du continent serait un jour l’un de ceux dont le sous sol regorge le plus de pétrole. Même si cette idée de leadership ou d’inégalité économique est accentuée par la mauvaise gestion de certains pays qui ne font pas bon usage de leurs ressources, l’idée de pays plus riches que les autres et désireux de jouir seuls d’un bonheur qui n’est qu’éphémère est donc une illusion. Par ailleurs, nous sommes ici dans le cadre d’une union qui devra être « win, win » ou « gagnant, gagnant » pour chacun des pas. Le Gabon a d’immenses ressources naturelles mais manque terriblement de ressources humaines tandis qu’à la veille de l’indépendance et même juste après les indépendances, certains pays ont eu besoin des personnels venus d’autres Etats pour former leurs premiers cadres. Il est évident que si les pays africains avaient pu réaliser l’intégration économique telle que prévue par la Charte et les diverses résolutions de l’OUA, ce problème ne se poserait pas avec autant d’acuité. Hélas.

L’autre aspect du problème économique est celui de l’absence de monnaie unique pouvant cimenter les relations économiques entre les Etats du continent noir et leur donner une certaine base, une autonomie et surtout une souveraineté continentale qui constituerait en même temps un élément fondamental auquel tous les pays africains seraient liés. Le problème de la monnaie unique se pose comme un moyen mais en même temps comme une fin. La monnaie, véritable instrument de souveraineté d’un pays, aurait pu constituer le substratum le plus solide sur lequel se construise l’Union de l’Afrique. Elle pourrait aussi être un des éléments fondamentaux qui pourront être mis en place lorsque les pays africains seront déjà intégrés et pour marquer la solidité de cette union. Mais la monnaie semble aujourd’hui être un élément fondamental pour diviser l’Afrique puisque c’est par son biais que certains des dommages les plus graves sont portés au processus de l’Unité de l’Afrique. C’est justement un des éléments par le biais duquel l’Occident et plus particulièrement la France a réussi à tirer et écarteler le continent et à l’empêcher de s’entendre pour former une union qu’il considère nuisible pour ses intérêts, et que nous pensons indispensable pour le bien être de tous à long terme. Comme on peut le noter, pour le moment, les pays africains sont loin de la réalisation d’une union non pas parce qu’ils ne le peuvent pas mais surtout parce qu’ils n’ont pas encore pris les bonnes dispositions pour ce faire.

D- Obstacles sociologiques

1- Le premier des obstacles sociologiques à l’unité de l’Afrique provient des particularismes ethniques et tribaux.

En effet, l’Afrique étant constituée de multiples ethnies et tribus qui continuent de se diviser et de se battre entre elles dans le cadre des Etats issus de la colonisation, il est apparemment difficile de penser que les Etats africains puissent se fondre dans un vaste ensemble. En effet, pour se fondre dans ce genre d’ensemble, il faut d’abord que les Etats africains dépassent leur dimension de division ethnique et tribale sur le plan national pour devenir des Etats Nations. Or, l’Etat africain dans sa situation actuelle est encore très marqué par les divisions diverses. Il est plus perçu à travers les divers groupes qui le composent qu’à travers le prisme national. On a même quelquefois l’impression que les pays Africains se complaisent dans ces particularismes ethniques et tribales dans la mesure où la règle coloniale du « diviser pour régner » continue de demeurer la meilleure méthode de gouvernement des potentats locaux qui n’ont aucune autre légitimité que celle artificiellement créée à travers des groupes ethniques ou d’intérêt.

2- A ces particularismes tribaux et ethniques, il faut ajouter les autres particularismes qui sont religieux, culturels (arabes, bantou) ou qui sont liés aux minorités (blanches et hamites ou peuhls). Cette division culturelle semble bien marquée entre une Afrique subsaharienne qui est à dominante Bantoue et une Afrique du Nord qui est à dominante arabe.

3- L’autre problème demeure celui de la langue qui constitue elle aussi un élément de division du continent. En dehors des langues locales qui définissent pour certaines les dimensions des groupes ethniques, il y a les langues du colonisateur que sont l’Anglais, le Français, le Portugais, l’Espagnol et l’Arabe qui ne rapprochent pas les pays africains mais semblent au contraire les diviser ou les éloigner.

Ces problèmes ne sont cependant pas insurmontables car si l’Europe semble plus homogène, elle ne demeure pas moins divisée elle aussi entre des groupes qui peuvent être considérés comme les ethnies africaines avec les mêmes particularités. En France, on a par exemple les Bretons, les Corses et les autres qui ont dû apprendre à vivre ensemble. De la même manière, l’Europe parle plusieurs langues. Entre l’Allemand, l’Anglais, le Flamand, l’Espagnol, l’Italien, les langues scandinaves comme le Danois, le Suédois, le Norvégien, les langues slaves, le Portugais et autres il n’y a pas forcément d’identité commune. Il n’en demeure pas moins que tout cela coexiste dans une Europe qui se comprend et qui continue de gagner du terrain par son union.

IV- COMMENT SURMONTER LES OBSTACLES ?

La plupart des obstacles les plus durs qui empêchent l’Afrique de s’unir sont beaucoup plus liés à l’action ou à la volonté des dirigeants qu’autre chose. En effet, que ce soit les problèmes ethniques ou les problèmes de souveraineté nationale, les niveaux de développement économiques ou les problèmes culturels, tout peut être surmonté avec succès si on a vraiment la volonté politique et surtout si les micro Etats que nous avons aujourd’hui cessent de se particulariser afin de servir des dirigeants véreux pour s’orienter vers la construction des Etats Nations dignes du 21ème siècle. L’intégration économique et politique sur le plan sous régional pourra être réalisée et conduire vers une intégration continentale si les uns et les autres cessent de voir le développement uniquement dans le cadre des micro Etats issus de la colonisation, ce qui est une véritable utopie à l’heure de la mondialisation. L’Egoïsme étroit qui consiste à croire que chaque Etat africain pourra conserver ses avantages et se développer à lui tout seul est une vue complètement utopiste du bonheur de ces entités issues de la Conférence de Berlin.

Il faut aussi et surtout que les dirigeants africains cessent de croire que l’Occident va nous donner les moyens de notre développement ou alors que les occidentaux nous aiment tellement qu’ils vont un jour, et par un coup de baguette magique, nous permettre de voir poindre le développement et la croissance sur nos sols. Les relations internationales sont faites sur la base des intérêts des Etats. Chaque Etat défend ses intérêts et les Etats africains doivent comprendre qu’ils doivent défendre les leurs. Mais tant que nos chefs d’Etat continueront de s’installer au pouvoir par des voies non démocratiques et qu’ils ne pourront se maintenir au pouvoir que par la volonté de certaines puissances étrangères qui les imposent contre la volonté de leur peuple, ils ne pourront guère s’affranchir de la tutelle de ceux qui sont en même temps ou souvent les principaux prédateurs du continent africain et qui ne souhaiteront jamais voir ce continent s’unir. Le dirigeant qui a été placé et est soutenu par une puissance étrangère va nécessairement servir les intérêts de son mentor. De la même façon si le leader doit sa légitimité à son peuple, il devra défendre es intérêts de celui-ci. Dans tous les cas, les Africains ne doivent s’attendre ni à se développer en gardant la main constamment tendue vers l’aide extérieure ni à ce que l’Occident les tire comme par miracle de leur état de sous développement actuel. Le développement est une course dans laquelle chaque Etat veut gagner et avoir la médaille. Chacun doit se débrouiller pour trouver sa voie et arriver à bon port à temps. Le développement de l’Asie du Sud Est et de la Chine est un exemple de ce que l’Afrique doit elle-même trouver sa voie. Pour cela, il lui faut cette union pluridimensionnelle. Et pour cette unité, il faut de la volonté politique.

Si cela est compris et si la volonté politique devenait une réalité, le seul problème qui demeurera alors est qu’il faudra adopter une approche méthodique qui, au lieu de mettre la charrue devant des boeufs juste pour satisfaire le désir de leadership de certains chefs d’Etat, va conduire à de véritables solutions durables dans le sens d’une réelle intégration pluridimensionnelle continent africain.

Les questions métaphysiques du genre faut-il réaliser une union des peuples avant une union des Etats n’ont pas une grande dimension dans ce débat. Certes, il faut réaliser une union préalable des peuples à la dimension de chaque Etat afin que celui-ci reflète une idée de Nation aussi infime soit-elle. C’est là un des aspects de l’union à la base. Mais de là à attendre que les peuples africains soient réunis eux-mêmes à travers les frontières avant de réaliser l’union des Etats relèverait de la chimère car si les Etats s’opposent à un contact transfrontalier des peuples et à la libre circulation, on voit mal comment ces peuples pourront réaliser quelque union que ce soit entre eux. Et d’ailleurs, dans quel cadre interviendra une union entre les peuples si elle n’est pas acceptée au préalable par les Etats et initiée par ceux-ci ? Bien sûr, l’union doit être acceptée et même récupérer par les peuples africains qui devront s’approprier un projet qui ne peut que favoriser leur développement et l’éclosion totale de l’homme africain dans toutes ses dimensions. Cela ne veut pas dire toutefois que les Etats vont rester statiques et que les peuples vont arriver, contre la volonté de leurs dirigeants et des Etats balkanisés, à se tenir la main à travers les frontières et créer l’Unité de l’Afrique. Il faut quitter les hypothèses d’école pour embrasser la réalité et l’affronter. Le rôle des Etats est indispensable dans la réalisation des Etats-Unis d’Afrique. Le contraire serait une utopie.

L’Afrique a-t-elle échoué sur la voie de la création des Etats-Unis d’Afrique ? Non, comme l’a dit Thomas Edisson l’inventeur de l’ampoule lorsqu’il a connu des tentatives infructueuses sur le chemin de son invention, je pense que l’Afrique n’a pas échoué. Elle a découvert 10 000 façons de faire qui n’ont pas marché. Il lui faut maintenant mettre de côté tout ce qui n’a pas marché et choisir la voie qui mène au succès ou à la victoire. Alors il faut désormais approcher le problème autrement car on ne peut pas poser indéfiniment les mêmes actes et espérer des résultats différents tandis que tout le monde et bien conscient que les même causes produisent les mêmes effets. La balle est désormais dans le camp des Africains. Plus que jamais, à l’heure de la mondialisation, nous sommes obligés de réaliser l’unité de l’Afrique pour créer ce grand ensemble viable et nécessaire pour le développement économique de notre continent. Le monde entier nous regarde. L’Europe est développée et unie. Les USA domine mais aide l’Amérique tout entière à continuer de se regrouper en ensembles économiques à divers stades. L’Asie se relève. Il est temps que l’Afrique mette fin à sa situation de paralytique éternel.


Jean Yaovi DEGLI

 

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21 juillet 2008 1 21 /07 /juillet /2008 15:24
Mouvement sociaux à Abidjan : la presse, entre soutien et dénonciation - PANA

Depuis lundi, les transporteurs sont en grève dans la capitale ivoirienne. Les divers mouvements de grève menés, depuis le 14 juillet dernier, par les associations de consommateurs, les chauffeurs et transporteurs, ainsi que par l'Union générale des travailleurs de Côte d'Ivoire (UGTCI), la principale centrale syndicale du pays, pour protester contre la hausse des prix du carburant et la vie chère et exiger une revalorisation des salaires, a fait la "une" de la quasi-totalité des titres de la presse quotidienne abidjanaise.


Par Moriba Maga

Sous le titre "Où allons-nous ?", le quotidien gouvernemental Fraternité matin exprime sans doute l'inquiétude des populations, qui font les frais du bras de fer entre les autorités et les grévistes et se demande de quoi demain sera fait. "Où allons-nous donc avec ce risque chaque jour un peu plus croissant d'embrasement du front social ? Car, à en croire certaines indiscrétions, les mouvements consuméristes s'apprêteraient également à entrer dans la danse".

"Gbagbo et Soro secoués !", avance Le Nouveau réveil, quotidien proche du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, l'ex-parti unique) qui écrit : "après avoir nargué les Ivoiriens durant huit ans, Gbagbo et son régime se trouvent, à présent, sur la corde raide". Constatant que le gouvernement semble avoir enfin pris la mesure du danger, en convoquant ce week-end un conseil de gouvernement et un conseil des ministres extraordinaire, le journal crie à la victoire des grévistes, tout en mettant en garde contre la confection, par le camp présidentiel de "faux complots" pour faire diversion. La réaction de défense de la population a véritablement secoué les deux têtes de l'Etat. Ils ont fini par se raviser. En définitive, c'est une reculade du régime qui ne dit pas son nom et une victoire partielle du peuple", soutient notamment le quotidien.

"La rue fait reculer Gbagbo", renchérit Nord-Sud, quotidien proche de l'ex-rébellion des Forces nouvelles. Pour le journal, la convocation d'un conseil des ministres extraordinaire, trois jours après le début des mouvements constitue en fait une victoire des grévistes.

Le Patriote, quotidien proche du Rassemblement des républicains (RDR, opposition libérale), ne s'embarrasse pas pour sa part, de fioritures. Il compare la Côte d'Ivoire à un navire sur le point de couler. "Comme un bateau ivre. Ce n'est pas le titre d'un polar hollywoodien. Pas plus qu'il ne s'agit de l'intitulé d'un roman à l'eau de rose. C'est l'image de la Côte d'Ivoire depuis maintenant quatre longs jours (...). C'est un bateau qui s'apprête à couler et dont le commandant, en dépit des cris de douleur, des lamentations et des pleurs et des appels au secours des passagers et de l'équipage, reste de marbre", soutient le journal.

"Gbagbo seul au front !", se lamente Notre Voix, l'organe de presse du Front populaire ivoirien (FPI, socialiste, au pouvoir), qui accuse les ministres concernés directement par la crise, de ne pas avoir fait leur travail, laissant le président seul face au mécontentement des populations. Il met en cause la stratégie des "communicateurs" de la présidence et du gouvernement, qui n'ont pas su anticiper l'augmentation du carburant, en sensibilisant les populations. "Vu le caractère délicat de la situation ivoirienne, cette action aurait dû être très précoce, massive, détaillée et de proximité. Personne au gouvernement ne semble l'avoir compris. Et les sorciers s'en saisissent aujourd'hui pour condamner l'innocent et blanchir les vrais responsables des souffrances des Ivoiriens. C'est triste", s'indigne le journal.

Le Temps", l'un des quotidiens-phare de la "presse bleue" (par référence à la couleur officielle du FPI), qui soutient le camp présidentiel, ne va pas chercher midi à quatorze heures pour dénoncer des "gens manipulés par des mains obscures" qui, selon lui, cherchent à transformer "une situation maîtrisable en drame".

Enfin, Le Matin, quotidien appartenant à Charles Blé Goudé, le leader des "Jeunes patriotes", proche du président Gbagbo, met carrément les pieds dans le plat, qui, sur la base d'informations émanant, selon lui, des services de renseignement, annonce qu'un "coup d'Etat plane sur le régime".

Pour le journal, la "stratégie des déstabilisateurs" est simple. "Elle consiste, explique-t-il, à jouer au maximum la carte du pourrissement, de façon à emballer facilement les populations abidjanaises, agacées par le manque continu de mobilité, dans un grave mouvement insurrectionnel qui demandera la démission du gouvernement et le départ de Laurent Gbagbo".

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Young-black« Nous voulons être délivrés. Celui qui donne un coup de pioche veut connaitre un sens à son coup de pioche. Et le coup de pioche du bagnard, qui humilie le bagnard, n’est point le même que le coup de pioche du prospecteur, qui grandit le prospecteur. Le bagne ne réside point là où les coups de pioche sont donnés… » ANTOINE de Saint-Exupéry, in TERRE DES HOMMES.

 

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