On en est où maintenant avec les injustices de Tombalmbaye qu'on voulait corriger?
9 Le Sud semble pointer aux abonnés absents des soubresauts de l’Est et pire semble accepter la dictature comme quelque chose d’inévitable, confirmé d’ailleurs par la durée de vie éphémère de ses mouvements politico-militaires. Avez-vous une explication de cet état de fait mise à part la couardise avancée par certains esprits malintentionnés ? Quelles responsabilités cette situation impose aux dirigeants des mouvements politico-militaires de l’Est en termes de redéploiement des forces et des moyens de lutte sur toute l’étendue du territoire ?
MY : D’abord merci de me donner l’opportunité, par cette question, de rectifier une certaine idée reçue largement répandue ces derniers temps. En effet, certains de nos compatriotes bien connus du public répandent allègrement l’idée selon laquelle les « sudistes » sont des peureux, des poltrons etc. Ces « esprits mal intentionnés », comme vous le dites, n’ont tout simplement et certainement pas les mêmes repères que ceux des hommes et des femmes du Sud du Tchad. Ces nostalgiques du passé ne se situent donc nullement dans les valeurs et considérations humaines et sociales qui sont celles des sudistes et, par conséquent, ne connaissent pas ces valeurs et considérations ainsi que les réalités sociologiques du Tchad. Ils se trompent mais c’est de leur droit de se tromper. Les tchadiens du sud n’ont pas de haine envers leurs concitoyens du nord, même s’ils sont en conflits ouverts. Lors des événements de 1979-1980, quand le leader du CDR Ahmat Acyl trouva la mort, nous l’avions enterré à Moundou avec tous les honneurs dus à son rang. Croyez-vous que c’est la peur qui nous a poussés à agir ainsi? Certainement pas. La vérité est qu’au sud, nous refusons une certaine façon d’agir et de faire certaines choses. Cela ne veut dire pas que nous sommes des poltrons. Si les gens font allusion aux événements du 12 février 1979 pour qualifier les sudistes de poltrons alors ils se trompent lourdement. Les FAN (Forces Armées du Nord) et les autres composantes du FROLINAT (Front de Libération Nationale du Tchad) n’ont pas gagné la bataille du 12 février 1979. Car en 1979, les Forces Armées Tchadiennes étaient tout simplement mal commandées. Elles n’étaient même pas du tout commandées, je dirais. Les Généraux et autres officiers de l’époque, à l’exception de Kamougué, venaient tous de sortir de prison, du cauchemar d’humiliation dans lequel Tombalbaye les a plongés. Et Kamougué, auréolé de son nouveau rôle d’instigateur du coup d’Etat du 13 avril 1975, s’était improvisé Ministre des affaires étrangères au lendemain dudit coup d’Etat. Le whisky coulait à flot par 45 degré centigrade à l’ombre. Les commandos, hommes de troupe et autres soldats de rang étaient abandonnés à leur triste sort quand Hissein Habré signa l’accord de Khartoum avec Malloum. En plus de cela, il faut prendre en compte le rôle joué par les services spéciaux français. En effet, depuis la MRA (Mission de Reformes Administrative) téléguidée par l’Elysée dès 1976, il était clairement décidé que le pouvoir, au Tchad, doit pouvoir changer de mains. C’est tout ceci qui explique tout cela. Les sudistes n’ont pas perdu la bataille du 12 février 1979. Tenez, sous la brève présidence de Lol Mahamat Choa, on avait décidé de « la solution finale » en lançant des colonnes motorisées en direction du Sud, pour en finir avec les sudistes. Est-ce qu’on y parvenait ? Non ! Ces colonnes n’ont jamais dépassé la localité d’Êrê. Depuis, personne n’a osé répéter la même aventure jusqu’aujourd’hui. En 1982, Hissein Habré ne se serait jamais hasardé au sud s’il n’avait pas été, auparavant, invité par les sudistes eux-mêmes. Les sudistes ont agi ainsi, malgré tout, non pas qu’ils avaient été vaincus et qu’ils avaient peur mais, encore une fois, ils n’ont pas, à l’époque, un leader digne de ce nom. Et, ils ont choisi Hissein Habré plutôt que Goukouny avec ses libyens. Parce qu’ils ont cru à la sincérité du message de réconciliation nationale, lancé au lendemain du 7 juin 1982. Donc à ceux de nos compatriotes qui s’amusent à dire de telles insanités, je dis simplement: ne réveillez pas le démon ! Chaque légume a sa saison. Le silence actuel du sud n’est pas le fruit de la couardise. Il s’agit simplement du refus d’une certaine manière de concevoir et de faire les choses. Cela se justifie par des valeurs et qualités humaines et idéologiques séculaires qui sont les leurs. Pour en venir au principal volet de votre question, je crois que le problème du Sud du Tchad s’appelle Kamougué, Alingué, Naïmbaye, Kassiré, Yorongar, Salibou et autres compagnies. Ces individus ont coupablement manqué de vision politique. Ils portent aujourd’hui une lourde responsabilité dans la fragilisation mentale de la jeunesse tchadienne du Sud. Ils ont désorienté le sud du Tchad et détruit ce pays. A leur place je me serais déjà pendu volontairement en m’infligeant ainsi le courage de Pierre Bérégovoy. Mais il n’est pas tard pour eux de le faire. Qu’ils se suicident tous, maintenant ! Ils rendraient ainsi un immense service à la jeunesse tchadienne.
Ceci étant dit, dans la situation actuelle que vous décrivez, je crois qu’il revient aux dirigeants des Mouvements politico-militaires de prendre leurs responsabilités, devant Dieu et devant la Nation. Mathématiquement parlant, tous les paramètres de la situation sont entre leurs mains : d’abord la fonction qui est celle de la conquête du pouvoir. Ensuite vient l’équation à plusieurs degrés et à des inconnues variables qui est celle de la stratégie à mettre en place pour conquérir le pouvoir. Les inconnues de cette équation sont notamment la dimension de leur vision du Tchad : nationale, régionale, ethnique, clanique ou familiale ? Le champ et plan de bataille aussi, c’est à eux de les déterminer. Je crois ce serait fatal pour eux de les limiter uniquement au nord avec les seuls citoyens du nord. En plus de cela, il y a l’équation inconnue, sans nom, à résoudre : il s’agit de trouver un chef pour conduire la bataille ainsi que quelques identités remarquables à intégrer dans la lutte, le tout dans une racine carrée de X tchadiens fois X. Voilà comment je pense que nos leaders doivent se prendre pour traduire leurs intentions et paroles en actes concrets. Autrement dit nous risquons de faire du « Deby sans Deby » et ça personne au Sud n’en veut. En fin, il faut reconnaître que nous avons besoin, au Tchad, de quelqu’un : d’un homme ou d’une femme qui, par l’héroïsme de sa résistance, par son génie militaire, son habileté et sa pugnacité politiques, sera apte à endosser le destin de la nation, à la relever et à l’accompagner dans ses plus profondes mutations. Mustapha Kemal Atatürk avait réussi à faire cela avec la Turquie, nous pouvons, nous aussi, y arriver à condition que nous sachions séparer nos désirs d’avec nos besoins qui, eux, doivent coïncider avec ceux de la nation tchadienne. La tâche est immense et l’œuvre colossale, certes, mais ce n’est pas pour autant impossible. Il suffit pour cela que nous trouvions cet oiseau rare qui accepterait de mettre sa vie au service de la nation et non la nation à son service, au service de son clan, de son ethnie, pire encore de sa famille. On dit qu’on est roi pour se lécher la main. Oui, mais une nation est une nation et non une famille au dessus des autres. Nous devons offrir à notre nation une République et un Etat modernes, unis, démocratiques, irrévocablement laïques, bilingues, libres et solidaires.
MY : Je ne crois pas que les directions des Mouvements des Forces de la Résistance aient méprisé qui que ce soit. Ce sont les « opposants de l’extérieur » qui se sont méprisés eux mêmes, qui se sont ridiculisés. Dernièrement l’ensemble de la classe politique tchadienne est scandalisée par le comportement de certains de ceux que vous appelez « opposants de l’extérieur ». Il y en a qui se voient déjà à la place du Calife. C’est ridicule, ça ! Le respect, ça se méritent. Quand on est un homme ou une femme politique, on doit savoir rester dans la constance de ses convictions, dans l’abnégation de ses actions. La lutte pour la dignité de son peuple doit être le premier souci d’une femme ou d’un homme politique et elle doit se faire avec détermination et non par calcul, en fonction de ce qu’on pouvait y gagner ou pas pour son confort personnel. Regarder un peu Nelson Mandela. Voyez son parcours dans l’ANC. C’est cette détermination, cette constance, cette abnégation qui lui ont permis de réconcilier les populations sud-africaines. C’est ce cela aussi qui lui a suscité respect et admiration du monde. Je pense que pour être respecté, il faut se respecter soit même d’abord. C’est ce qui n’est pas le cas de la plupart de nos politiciens de l’extérieur dont le comportement, pour certains, laisse à désirer. Ces politiciens sont, à mon avis, des morts. Alors laissez ces morts s’enterrer eux-mêmes. N’accusez pas les leaders des Forces de la Résistance sans preuve. MY : Je crains de n’être pas en mesure de répondre de façon satisfaisante à cette question. Je pense que ces « autres mouvements ou personnalités de l’Opposition extérieure » sont, eux-mêmes, bien placés pour expliquer leur absence dans les instances de la CMU ou de l’UFR. Allez-y leur poser la question, à eux-mêmes, directement.
MY : Mon opinion à moi, en tant que tel, n’a pas d’importance. Une chose est sûre on a depuis trop longtemps tribalisé le Tchad. Par conséquent beaucoup trop de mauvais reflexes se sont incrustés dans nos esprits, dans nos habitudes. Il y a aussi le rôle prépondérant de la communauté, du clan, de l’ethnie, de la famille, mais aussi le poids de la tradition. Tous ces déterminismes sociaux influencent considérablement les comportements politiques des dirigeants africains et pas seulement de ceux du Tchad. C’est ainsi qu’en Afrique, quand quelqu’un devient Président de la République, tous les siens se mettent à se comporter, eux-aussi, comme des Présidents de la République. L’organisation politique en Afrique en général et pas seulement chez nous, repose encore et toujours sur un système de pensée et de relations personnelles. L’autorité s’exerce encore et avant tout de façon intuitu personae et non intuitu loci. Nous sommes encore loin de la conception administrative du pouvoir fondé sur le caractère anonyme de celui-ci. La conception de l’autorité, du pouvoir impersonnel n’est pas encore tout à fait ancrée dans notre habitus. A mon avis, tout cela va changer. Ça prendra le temps que cela prendra mais ça finira par changer. Cependant, il appartient à nos dirigeants de poser des actes patriotiques de caractère général, de prendre des décisions impersonnelles et de les faire appliquer de manière toute aussi impersonnelle. Ce n’est pas impossible.
MY : Avez-vous vu un tel groupe parmi les Forces de la Résistance Nationale de l’Est ? Y-a-t-il seulement un seul de ces Mouvements qui ait un caractère ethnique, tribale et ou confessionnel? Non, je n’en vois pas un seul. Je ne comprends pas pourquoi au Tchad on oppose toujours le Nord au Sud, le musulman au chrétien, etc. ? Personne dans la résistance ne pratique la politique d’exclusion. Ce n’est pas du tribalisme quand le colonel Adouma nomme comme Directeur de son cabinet son compatriote Charfadine ! L’action politique, comme toute action humaine, part toujours de quelque part, à partir de quelques éléments d’abscisses et de cordonnées avant d’évoluer et prendre de l’ampleur. Il en est ainsi de Mustapha Kemal, du Général de Gaulle, de Nelson Mandela et bien d’autres. A un moment donné, il faut qu’il y ait quelque part quelqu’un pour lancer une idée, une action. L’important est que cette idée, cette action ne reste pas figée, repliée sur elle-même, sur quelques groupuscules. Ce qui n’est pas le cas actuellement dans la résistance et c’est déjà pas mal comme ça. Une révolution ne commence jamais, dès le premier jour, le premier mois et la première année avec toutes les composantes sociologiques de la population d’un pays. Aucune lune ne luit le premier soir de son apparition mais c’est progressivement qu’elle luit, jour après jour, pour atteindre sa pleine dimension et sa pleine clarté.
Donc, le fait que ce soit un groupe de Zagawa, de Tama, d’Arabes ou de Goranes pour commencer la résistance n’est pas en soit mauvais. Maintenant, si tel ou tel autre mouvement fait preuve de son incapacité à intégrer les autres composantes ethniques du pays, eh bien ce sera son problème. Car, à mon avis, aucun leader tchadien ne peut aujourd’hui se vanter de se passer des autres tchadiens. Un tel leader finira son aventure en queue de poisson. MY : C’est pour très bientôt. Très, très bientôt. La libération est imminente alors tenez bon, on arrive ! MY : Nous avons la chance d’avoir un grand et riche pays avec de l’eau potable et des nappes phréatiques un peu partout ; une diversité culturelle riche et des potentialités touristiques énormes. Prenons en soins. Quand l’injustice devient lois de la République, la résistance doit être un devoir pour chacun de nous tous. Le degré de liberté d’un peuple se mesure à sa capacité de dire Non. Levons nous et disons à Deby que jusque-là, Oui. Mais au delà, Non ! Il nous faut nous battre ensemble côte à côte pour la défense de notre constitution ; défendons ensemble l’unité et l’intégrité de notre pays, son caractère laïc, bilingue et démocratique.
MY : Je voudrais tout d’abord faire honneur à nos martyrs ; aux cadres militaires, aux officiers, sous-officiers et hommes de troupe, qui croisent le fer en ce moment dans les territoires libérés. J’ai été au front cet été. J’ai partagé avec eux leurs rations alimentaires. Nous dormions ensemble, parfois à même le sol. Je mesure la grandeur et l’ampleur de leur abnégation. Je connais les conditions de vie qui sont les leurs en ce moment, loin de leurs familles. Ce n’est pas toujours agréable de fêter la bonne année loin de ceux qu’on aime. Je leur formule mes sincères et chaleureux vœux de bonheur et surtout de santé. Que Dieu soit avec chacun d’entre eux maintenant et dans les moments difficiles à venir. Ma deuxième et immédiate pensée va naturellement aux dirigeants de différents Mouvements de la Résistance nationale, en particulier au Général Mahamat Nouri de l’UFDD à qui je formule, au nom du Bureau de la Représentation UFDD France & Union Européenne et en mon nom personnel, mes vœux sincères et chaleureux de fraternité et de franche collaboration. Que Dieu leur accorde sagesse, courage et clairvoyance dans l’accomplissement de leur mission; qu’il accompagne leur pas sur le chemin de la quête de la liberté, de l’équité et de justice sociale pour notre peuple. Au peuple tchadien, je dirais que l’année 2008 qui vient de s’achever, aura été pour nous tous, une année difficile, marquée par la souffrance sans commune mesure de notre peuple. Nous avons vu la souffrance des femmes, des enfants, des vieillards jetés en route, sur le pont de Ngueuly, fuyant les exactions, les viols et violations massives des droits humains, les enlèvements, les disparitions, les tueries, bref la terreur inqualifiable qui s’était abattue sur eux, sur toute l’étendue du territoire national, en février dernier. Je saisis donc cette occasion pour renouveler ma compassion et ma sympathie à toutes celles et ceux qui ont souffert et qui souffrent encore des conséquences de cette situation dramatique dans la quelle on a plongé notre pays depuis maintenant 18 ans. Nous compatissons avec toutes les victimes de cette barbarie, en particulier avec la famille Ibni Oumar Mahamat Saleh. Paix à son âme. A toutes les familles éplorées du Tchad, j’adresse mes vœux de consolation : chères familles, la Représentation UFDD de France & Union Européenne partage avec vous vos douleurs. Soyez en rassurées ! L’année 2008 aura été marquée également par l’arrogance et le radicalisme honteux et criminel du système MPS qui refuse obstinément d’engager notre pays sur la voie du « dialogue national inclusif » réclamé par les tchadiens de l’intérieur et de l’extérieur, ainsi que par la communauté internationale. Les auteurs de ce comportement irresponsable mesureront eux-mêmes, le moment venu, l’ampleur des conséquences de leurs attitudes irresponsables. Mais l’année 2008 qui s’achève, n’aura pas été que calamités pour le Tchad. C’était, pour les Forces de la Résistance Nationale, une année pleine d’espoir et de confiance en l’avenir. En effet, au cours de l’année 2008, nos vaillants guerriers ont réussi à infliger une correction mémorable au tyran, à ébranler son mythe. N’eut été sa fuite nocturne à Libreville au Gabon, c’en aurait été, déjà, fini avec le tyran. Mais ce n’est que partie remise. L’année 2008 a vu aussi la naissance de la CMU puis de l’UFR ainsi que la signature du Manifeste de l’opposition politico-militaire. Autant de signes et de raisons pour demeurer optimiste en 2009, quant au changement à venir dans notre pays. Les temps sont durs mais le peuple n’a aucune raison de décrocher. L’année 2009 qui commence sera décisive pour le rendez-vous crucial du processus de changement dans notre pays. Dès lors que le peuple a pris la mesure des enjeux qui sont les siens et transcendé les divergences de forme qui l’empêche d’avancer ensemble ; alors c’est ensemble que nous devons mettre à profit les prochains jours pour porter le coup de balaie définitif et final pour le bien commun du peuple. Que Dieu bénisse le Tchad, notre chère Patrie, la terre de nos ancêtres! Michelot Yogogombaye Président du Bureau de la représentation UFDD France & Union Européenne |
Bref entretien avec M. Assileck Halata - L. B.
Bonjour Monsieur Mahamat Assileck Halata
Lyadish Blog (LB): La justice tchadienne vient de condamner à mort par contumace notamment les membres de l'UFDD. Pensez-vous que c'est là un moyen de pression utilisé par le gouvernement pour inciter la rébellion à venir à la table de négociation ?
Assileck Halata Mahamat (AHM) : D’abord, je vous remercie pour cet entretien. Au Tchad d'Idriss Déby, il n’y a pas de Justice. Par essence, celui qui de droit prononce la justice, celui qui l'initie et l'ordonne doit être lisse des faits. Déby est à lui seul la somme de l'imperfection politique et démocratique, il est le comble qui ridiculise le Tchad avec ses pratiques juridico-administratives.
Cette condamnation est la mesure d'un homme en souffrance avec lui-même, elle n'est pas et ne peut représenter l'aspiration du peuple tchadien. Cette mesure engage seulement le vœu d'un Déby aux abois. Quand aux responsables de l'UFDD, et de l'opposition d’une manière générale, cette décision ne les affecte pas un seul instant. Comprenez que quand on combat Idriss Déby par des moyens même légaux, on devient son ennemi. Il faut juste se dire que dès qu'on combat Idriss Déby on se condamne par avance car avec lui, ou c'est nous qui laissons notre peau, ou c'est lui. Tout de même, le moment viendra.
Quand à la négociation, sachez que l'opposition continuera toujours à prôner une table ronde inclusive de tous les fils du Tchad. Chose que ce même Déby s'y refuse.
L.B: Après une telle condamnation, la rébellion a-t-elle encore confiance à Déby pour la tenue d'un forum national de paix ?
A.H.M : Pouvez vous me présenter un seul Tchadien qui a confiance à Déby? Il faut se remémorer juste le passé. Aucune personne en dehors de sa famille, et encore, ne peut faire confiance à Déby. Du Tchad à Paris qui reste une plaque tournante, il suffit juste de tendre l'oreille et écouter les hommes politiques, les hommes d'affaires, les femmes du sérail, les garçons de courses, les saltimbanques démarcheurs, les agents de renseignements, les icônes lucratives. Tous sans exception, vous diront ceci: "On ne peut avoir confiance envers Idriss Déby". Rassurez-vous, la résistance nationale dans son ensemble ne peut avoir confiance en lui. Cette condamnation doit inspirer les responsables des mouvements politico-militaires à l'union car par dessus leurs divergences, Idriss Déby les mets tous dans le même sac. Qu'ils s'unissent !
Quand à un forum indicateur de paix, sa faisabilité doit être liée à d'autres partenaires internationaux, qui seront associés et qui aideront à émerger la confiance des Tchadiens. Personne n'acceptera de rallier un dictateur finissant. Le cas de Monsieur Mahamat Nour Abdelkrim doit illuminer chacun d'entre nous.
L.B: Mais précisément, quelle attitude l'Alliance Nationale doit-elle adopter face à cette décision?
A.H.M : Le silence, le verdict du terrain militaire, et aboutir à l'aspiration du peuple tchadien en le faisant partir définitivement.
L.B: Autre actualité. Mansour Abbas qui a été représentant de l'UFDD en France vient de rejoindre le régime de N'Djamèna à la surprise générale. Quel est votre sentiment face à ce transfuge ? Pensez-vous que cette défection est une trahison?
A.H.M : Au départ, je ne voulais pas évoquer ce cas car je reste surpris de la médiatisation de la chose. Comme nous y sommes, je joue franc-jeu.
Il y'a de l'amertume. Pas vis-à-vis de l'homme, mais de la nature des faits. Je peux comprendre une frustration, un ego chiffonné, mais non piétiner ses idéaux. De nos jours, et à l'image de beaucoup de personne, le Tchad est pris en otage par des énergumènes qui dénaturent les fondamentaux de la résistance en changeant de camps comme on change de chemises. Les tchadiens sont pris en otage par des individus qui méprisent les idéaux du changement. Ils n'ont du respect que pour leur portefeuille et leur personne. Ils n’ont même pas de respect pour le sang des martyrs, des amis avec lesquels plusieurs sceaux ont été posés. Pour toute personne sensée, toute personne inscrite dans une dynamique d'ensemble, un idéal, il est évident que c'est de la trahison.
L.B: Mais Mansour Abbas aurait quitté l'UFDD notamment pour avoir été ostracisé. Il n'aurait aucun contact avec la hiérarchie depuis l'après 2 février 2008. N’est-on pas en présence d’un acte désespéré ?
A.H.M : Je n'ai jamais constaté un sentiment d'ostracisme depuis que nous militons ensemble. Il y'a incontestablement des divergences de point de vue. Des entités d'appréciation ou de désapprobation peuvent aussi exister. Ce qui est grave, c'est les sentiments de travers, les interprétations de faits avec des conclusions hâtives aboutissent toujours à cette donne. Dans le mouvement, tout le monde ne peut pas être en contact avec tout le monde. On n'est pas l'ami de l'autre par hasard. Aussi, quand on veut parler à une hiérarchie, cela se fait de façon simple suivant la disponibilité de l'un ou de l'autre. Tout comme on n’est pas appelé à être en contact absolu avec tel ou tel membre pour faire son travail. Ceux qui y pensent ainsi doivent avoir une vision limitée. Néanmoins, il faut faire de la ressource humaine et gérer le facteur susceptibilité. Non, ce n'est pas vrai que depuis le 02 février 2008, Mansour Abbas n'a pu joindre une hiérarchie.
L.B: Soit ! Maintenant que Mansour Abbas a quitté le mouvement, qui sera désigné pour le remplacer? Qui assure l'intérim pour l'instant ?
AHM : L'UFDD est une structure. On avait Mansour Abbas comme représentant, mais l'essentiel du capital travail est fait par les membres. Comme vous le savez, l'ex-représentant est un homme nouveau dans ce paysage de la résistance nationale. Il a été entouré, épaulé et conseillé pour qu'autant de travaux puissent aboutir. Il est évident que pour la réorganisation de la représentation UFDD-France, la hiérarchie devra rapidement décider et prendre en compte cette nouvelle situation.
L.B: D'aucuns pensent que l'aile politique extérieure de l'UFDD ne dispose d'aucun moyen financier pour assurer sa mission. Comment faites-vous pour travailler? Quelles sont vos ressources et pourquoi aucun budget n'est prévu pour le fonctionnement de l'aile politique extérieure?
L.B: Mais Mansour Abbas semble avoir préféré partir avec Déby notamment pour ces motifs ?
AHM : Non, cela est un faux problème. Beaucoup ont fait pareil, attendons de voir la phase 2 de sa bévue. 8000 euros, c'est le prix d'une voiture d'occasion reformée en Europe ! Prions qu'il ne regrette point un jour ses faits.
L.B: Soyons réalistes, Monsieur Halata. Ne pensez-vous pas que si elle a les moyens, l'UFDD doit motiver ses membres afin de les retenir face à la tentation de se laisser appâter par les millions qu'offrent Idriss Déby?
AHM : Évidemment. Au delà de L'UFDD, tous les responsables de la lutte armée doivent encourager et motiver leurs membres de l'extérieur qui font un travail assez complémentaire aux hommes en arme. Il n'y a pas seulement l'aspect financier qui compte.
L.B: Pour clore ce bref entretien, que pouvez-vous nous dire sur l'organisation générale de l'Alliance Nationale (les rapports avec les autres mouvements, etc.)
AHM : L’Alliance Nationale est une organisation qui est ouverte à tous les autres mouvements politico-militaires. Personne en son sein ne lutte pour la confiscation du pouvoir. Les objectifs sont clairs comme l'a indiqué son président, le général Mahamat Nouri sur la chaîne qatarie
Al Jazeera le dimanche 17/08/08. Une transition de 6 mois à un an, un forum national avec toutes les sensibilités tchadienne et dans la foulée l'organisation des élections libres et démocratiques.
L.B: Je vous remercie
AHM : Merci à vous
ASSILECK HALATA Mahamat
Délégué à la représentation UFDD-France
Coordinateur de la cellule d'information et communication Europe
de l'Alliance Nationale. (AN)
(A suivre) Réalisé par AD/FC et AT/FC
par Makaila publié dans : Interviews
1. Quel rôle a joué ou joue la Françafrique dans la crise tchadienne?
La France continue de jouer un rôle néfaste voire criminel par sa politique coloniale au Tchad. Elle soutient des régimes dictatoriaux au Tchad comme par exemple celui actuel du Général-Président Idriss Deby, qui depuis 18 ans endeuille la population tchadienne. Les rapports des ONG estiment à plus de 25000 tchadiens tués par cet Homme qui congénitalement est criminogène.
Le soutien inconditionnel militaire de la France aux dictateurs a pour conséquence un entretien indirect et cynique des insurrections légitimes des peuples opprimés par ces régimes tyranniques. Ces guerres imposées par la France au peuple tchadien est un argument supplémentaire du maintien de ses bases militaires au Tchad mais aussi de rendre encore plus esclaves ces présidents à qui ils doivent leur survie.
Rappelons qu’en avril 2006 et février 2008, les Forces de résistance nationales étaient arrivées aux portes de la capitale, N’Djaména et autour du palais présidentiel. Cependant, malheureusement les interventions de l’Armée française ont sauvé le dictateur Deby.
2. L’union Européenne avait initié un dialogue inter-tchadien le 29 au 30 mars 2008 à Paris dont l’objectif était le Dialogue inclusif. Du concept du dialogue à sa réalisation, quelles en étaient les conclusions? Pourquoi le choix de la France et pas le Tchad?
A ma connaissance l’UE n’a jamais organisé une telle Conférence à Paris. Il s’agirait peut être d’une réunion organisée par une petite ONG américaine avec quelques Tchadiens dont vous faites allusion. Si l’UE avait organisé une Conférence, cela aurait un écho incontestable dans les médias. D’une part et d’autre part les protagonistes seraient invités et présents. Ce qui ne fut pas le cas de cette réunion.
3. On dit des Opposants tchadiens que pendant qu’ils négocient avec le pouvoir d’Idriss Déby, ces derniers collaborent en même temps avec les Groupes Extrémistes; ex:( RFC), (UFDD) de Mahamat Nouri. Pourquoi cette ambivalence, selon vous?
La propagande du régime tchadien tente de discréditer les Forces de résistance nationale mais les Tchadiens et l’opinion internationale découvrent la supercherie et les mensonges de Déby à travers les déclarations du Président du mouvement rebelle soudanais du Darfour (MJE) du Docteur Khalil Ibrahim qui révèle ses liens très étroits avec Déby.
4. Au Tchad où les rebelles succèdent aux rebelles, ou opposants est synonyme de businessmen, le véritable problème du pays est-il dans son Opposition ou ses Opposants?
La multiplication des mouvements armés qui est une réaction légitime aux frustrations et injustices sociales des régimes dictatoriaux successifs, ne saurait occulter les problèmes réels de l’Opposition d’une part et celui des Opposants d’autre part. Il y a au sein de l’opposition des« Opposants businessmen », des taupes des régimes infiltrées qui torpillent la résistance,mais il faudrait aussi signaler heureusement la présence des véritables patriotes, nationalistes et démocrates qui, pour l’instant n’ont pas encore véritablement émergés. Tant qu’il n y aurait pas une véritable unité d’action contre la contradiction principale, en l’occurrence celle de capitaliser toutes énergies pour anéantir le dictateur, l’objectif ne serait jamais atteint. Tant que certains Leaders politiques n’auraient pas le sens aigu de la gestion de la chose publique et celui de la nation, le drame continuerait au gré de changements.
5. En terminant, donnez-nous quelques pistes de solutions, pour une véritable paix au Tchad !
L’unique solution objective et crédible pour résoudre la crise tchadienne et ramener une paix pérenne, est d’organiser une Conférence de paix inclusive réunissant le gouvernement, l’Opposition civile démocratique, les Mouvements politico-militaires et la Société civile. Cette Conférence doit être placée sous les auspices de l’Union africaine, les Nations unies avec la participation de certains pays directement impliqués dans le dossier tchadien (Libye, Soudan, Gabon, Nigeria, Congo Brazzaville, France, Sénégal) et des pays qui joueraient un rôle important (USA, Chine populaire, Canada, Russie, Afrique du Sud et Algérie). Elle élaborera un programme d’un gouvernement de transition dont la durée maximale n’excédera pas 12 mois. La mission de ce gouvernement de transition sera d’organiser les élections véritablement démocratiques. A cet effet, ses membres ne doivent pas être candidats à cette première élection présidentielle. Les institutions internationales et les pays participants doivent garantir par tous les moyens la tenue puis l’application des résolutions de ladite Conférence de paix inclusive. Je rappelle que les 28 et 29 octobre 2006 à Paris s’est tenue une importante Conférence de l’opposition démocratique, des Politico-militaires et de la société civile. L’une des résolutions est la création du Comité chargé de l’organisation de la conférence nationale inclusive de paix (COPORT).En ma qualité de Président du COPORT, je lance un appel solennel au gouvernement Canadien d’aider à l’organisation et à la tenue de cette Conférence inclusive de paix au Canada. En effet, Le Canada, pays pacifiste et neutre dispose de ces deux atouts indispensables pour la réussite d’une telle rencontre permettant de sauver la vie des milliers de tchadiens que les guerres fauchent quotidiennement.
TIREES DE CHUO FM OTTAWA-CANADA
« Nous voulons être délivrés. Celui qui donne un coup de pioche veut connaitre un sens à son coup de pioche. Et le coup de pioche du bagnard, qui humilie le bagnard, n’est point le même que le coup de pioche du prospecteur, qui grandit le prospecteur. Le bagne ne réside point là où les coups de pioche sont donnés… » ANTOINE de Saint-Exupéry, in TERRE DES HOMMES.