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4 avril 2009 6 04 /04 /avril /2009 22:24
Frolinat: Echec des hommes ou d'une idéologie?

On en est où maintenant avec les injustices de Tombalmbaye qu'on voulait corriger?
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4 janvier 2009 7 04 /01 /janvier /2009 22:26
9         Le Sud semble pointer aux abonnés absents des soubresauts de l’Est et pire semble accepter la dictature comme quelque chose d’inévitable, confirmé d’ailleurs par la durée de vie éphémère de ses mouvements politico-militaires. Avez-vous une explication de cet état de fait mise à part la couardise avancée par certains esprits malintentionnés ? Quelles responsabilités cette situation impose aux dirigeants des mouvements politico-militaires de l’Est  en termes de redéploiement des forces et des moyens de lutte sur toute l’étendue du territoire ?

 

MY : D’abord merci de me donner l’opportunité, par cette question, de rectifier une certaine idée reçue largement répandue ces derniers temps. En effet, certains de nos compatriotes  bien connus du public répandent allègrement l’idée selon laquelle les « sudistes » sont des peureux, des poltrons etc. Ces « esprits mal intentionnés », comme vous le dites, n’ont tout simplement et certainement pas les mêmes repères que ceux des hommes et des femmes du Sud du Tchad. Ces nostalgiques du passé ne se situent donc nullement dans les valeurs et considérations humaines et sociales qui sont celles des sudistes et, par conséquent, ne connaissent pas ces valeurs et considérations ainsi que les réalités sociologiques du Tchad. Ils se trompent mais c’est de leur droit de se tromper.

Les tchadiens du  sud n’ont pas de  haine envers leurs concitoyens du nord, même s’ils sont en conflits ouverts. Lors des événements de 1979-1980, quand le leader du CDR Ahmat Acyl trouva la mort, nous l’avions enterré à Moundou avec tous les honneurs dus à son rang. Croyez-vous que c’est la peur qui nous a poussés à agir ainsi? Certainement pas. La vérité est qu’au sud, nous refusons une certaine  façon d’agir et de faire certaines choses.  Cela ne veut dire pas que nous sommes des poltrons.

Si les gens font allusion aux événements du 12 février 1979 pour qualifier les sudistes de poltrons alors ils se trompent lourdement. Les FAN (Forces Armées du Nord) et les autres composantes du FROLINAT (Front de Libération Nationale du Tchad) n’ont pas gagné la bataille du 12 février 1979. Car en 1979, les Forces Armées Tchadiennes étaient tout simplement mal commandées. Elles n’étaient même pas du tout commandées, je dirais. Les Généraux et autres officiers de l’époque, à l’exception de Kamougué, venaient tous de sortir de prison, du cauchemar d’humiliation dans lequel Tombalbaye les a plongés. Et Kamougué, auréolé de son nouveau rôle d’instigateur du coup d’Etat du 13 avril 1975, s’était improvisé Ministre des affaires étrangères au lendemain dudit coup d’Etat. Le whisky coulait à flot par 45 degré centigrade à l’ombre. Les commandos, hommes de troupe et autres soldats de rang étaient abandonnés à leur triste sort quand Hissein Habré signa l’accord de Khartoum avec Malloum. En plus de cela, il faut prendre en compte le rôle joué par les services spéciaux français. En effet, depuis la MRA (Mission de Reformes Administrative) téléguidée par l’Elysée dès 1976, il était clairement décidé que le pouvoir, au Tchad, doit pouvoir changer de mains. C’est tout ceci qui explique tout cela. Les sudistes n’ont pas perdu la bataille du 12 février 1979.

Tenez, sous la brève présidence de Lol Mahamat Choa, on avait décidé de « la solution finale » en lançant des colonnes motorisées en direction du Sud, pour en finir avec les sudistes. Est-ce qu’on y parvenait ? Non ! Ces colonnes n’ont jamais dépassé la localité d’Êrê. Depuis, personne n’a osé répéter la même aventure jusqu’aujourd’hui.

En 1982, Hissein Habré ne se serait jamais hasardé au sud s’il n’avait pas été, auparavant, invité par les sudistes eux-mêmes. Les sudistes ont agi ainsi, malgré tout, non pas qu’ils avaient été vaincus et qu’ils avaient peur mais, encore une fois, ils n’ont pas, à l’époque,  un leader digne de ce nom. Et, ils ont choisi Hissein Habré plutôt que Goukouny avec ses libyens. Parce qu’ils ont cru à la sincérité du message de réconciliation nationale, lancé au lendemain du 7 juin 1982.

Donc à ceux de nos compatriotes qui s’amusent à dire de telles insanités, je dis simplement: ne réveillez pas le démon ! Chaque légume a sa saison. Le silence actuel du sud n’est pas le fruit de la couardise. Il s’agit simplement du refus d’une certaine manière de concevoir et de faire les choses. Cela se justifie par des valeurs et qualités humaines et idéologiques séculaires qui sont les leurs.

Pour en venir au principal volet de votre question, je crois que le problème du Sud du Tchad s’appelle Kamougué, Alingué, Naïmbaye, Kassiré, Yorongar, Salibou et autres compagnies. Ces individus ont coupablement manqué de vision politique. Ils portent aujourd’hui une lourde responsabilité dans la fragilisation mentale de la jeunesse tchadienne du Sud. Ils ont désorienté le sud du Tchad et détruit ce pays. A leur place je me serais déjà pendu volontairement en m’infligeant ainsi le courage de Pierre Bérégovoy.  Mais il n’est pas tard pour eux de le faire. Qu’ils se suicident tous, maintenant ! Ils rendraient ainsi un immense service à la jeunesse tchadienne.

 

Ceci étant dit, dans la situation actuelle que vous décrivez, je crois qu’il revient aux dirigeants des Mouvements politico-militaires de prendre leurs responsabilités, devant Dieu et devant la Nation. Mathématiquement parlant, tous les paramètres de la situation sont entre leurs mains : d’abord la fonction qui est celle de la conquête du pouvoir. Ensuite vient l’équation à plusieurs degrés et à des inconnues variables qui est celle de la stratégie à mettre en place pour conquérir le pouvoir. Les inconnues de cette équation sont notamment la dimension de leur vision du Tchad : nationale, régionale, ethnique, clanique ou familiale ? Le champ et plan de bataille aussi, c’est à eux de les déterminer. Je crois ce serait fatal pour eux de les limiter uniquement au nord avec les seuls citoyens du nord. En plus de cela, il y a l’équation inconnue, sans nom, à résoudre : il s’agit de trouver un chef pour conduire la bataille ainsi que quelques identités remarquables à intégrer dans la lutte, le tout dans une racine carrée de X tchadiens fois X.  Voilà comment je pense que nos leaders doivent se prendre pour traduire leurs intentions et paroles en actes concrets. Autrement dit nous risquons de faire du « Deby sans Deby » et ça personne au Sud n’en veut.

En fin, il faut reconnaître que nous avons besoin, au Tchad, de quelqu’un : d’un homme ou d’une femme qui, par l’héroïsme de sa résistance, par son génie militaire, son habileté et sa pugnacité politiques, sera apte à endosser le destin de la nation, à la relever et à l’accompagner dans ses plus profondes mutations. Mustapha Kemal Atatürk  avait réussi à faire  cela avec la Turquie, nous pouvons,  nous aussi, y arriver à condition que nous sachions séparer nos désirs d’avec nos besoins qui, eux, doivent coïncider avec ceux de la nation tchadienne. La tâche est immense et l’œuvre colossale, certes, mais ce n’est pas pour autant impossible. Il suffit pour cela que nous trouvions cet oiseau rare qui accepterait de mettre sa vie au service de la nation et non la nation à son service, au service de son clan, de son ethnie, pire encore de sa famille. On dit qu’on est roi pour se lécher la main. Oui, mais une nation est une nation et non une famille au dessus des autres. Nous devons offrir à notre nation une République et un Etat modernes, unis, démocratiques, irrévocablement laïques, bilingues, libres et solidaires.

 


MY : Je ne crois pas que les directions des Mouvements des Forces de la Résistance aient méprisé qui que ce soit. Ce sont les « opposants de l’extérieur » qui se sont méprisés eux mêmes, qui se sont ridiculisés. Dernièrement l’ensemble de la classe politique tchadienne est scandalisée par le comportement de certains de ceux que vous appelez « opposants de l’extérieur ». Il y en a qui se voient déjà à la place du Calife. C’est ridicule, ça ! Le respect, ça se méritent.

Quand on est un homme ou une femme politique, on doit savoir rester dans la constance de ses convictions, dans l’abnégation de ses actions. La lutte pour la dignité de son peuple doit être le premier souci d’une femme ou d’un homme politique et elle doit se faire avec détermination et non par calcul, en fonction de ce qu’on pouvait y gagner ou pas pour son confort personnel. Regarder un peu Nelson Mandela. Voyez son parcours dans l’ANC. C’est cette détermination, cette constance, cette abnégation qui lui ont permis de réconcilier les populations sud-africaines. C’est ce cela aussi qui lui a suscité respect et admiration du monde. Je pense que pour être respecté, il faut se respecter soit même d’abord. C’est ce qui n’est pas le cas de la plupart de nos politiciens de l’extérieur dont le comportement, pour certains, laisse à désirer. Ces politiciens sont, à mon avis, des morts. Alors laissez ces morts s’enterrer eux-mêmes. N’accusez pas les leaders des Forces de la Résistance sans preuve.
 

MY : Je crains de n’être pas en mesure de répondre de façon satisfaisante à cette question. Je pense que ces « autres mouvements ou personnalités de l’Opposition extérieure » sont, eux-mêmes, bien placés pour expliquer leur absence dans les instances de la CMU ou de l’UFR. Allez-y leur poser la question, à eux-mêmes, directement. 

 

MY : Mon opinion à moi, en tant que tel, n’a pas d’importance. Une chose est sûre on a depuis trop longtemps tribalisé le Tchad. Par conséquent beaucoup trop de mauvais reflexes se sont incrustés dans nos esprits, dans nos habitudes. Il y a aussi le rôle prépondérant de la communauté, du clan, de l’ethnie, de la famille, mais aussi le poids de la tradition. Tous ces déterminismes sociaux influencent considérablement les comportements politiques des dirigeants africains et pas seulement de ceux du Tchad. C’est ainsi qu’en Afrique, quand quelqu’un devient Président de la République, tous les siens se mettent à se comporter, eux-aussi, comme des Présidents de la République. L’organisation politique en Afrique en général et pas seulement chez nous, repose encore et toujours sur un système de pensée et de relations personnelles. L’autorité s’exerce encore et avant tout de façon intuitu personae et non intuitu loci. Nous sommes encore loin de la conception administrative du pouvoir fondé sur le caractère anonyme de celui-ci. La conception de l’autorité, du pouvoir impersonnel n’est pas encore tout à fait ancrée dans notre habitus. A mon avis, tout cela va changer. Ça prendra le temps que cela prendra mais ça finira par changer. Cependant, il appartient à nos dirigeants de poser des actes patriotiques de caractère général, de prendre des décisions impersonnelles et de les faire appliquer de manière toute aussi impersonnelle. Ce n’est pas impossible.

 

MY : Avez-vous vu un tel groupe parmi les Forces de la Résistance Nationale  de l’Est ? Y-a-t-il  seulement un seul de ces Mouvements qui ait un caractère ethnique, tribale et ou confessionnel? Non, je n’en vois pas un seul. Je ne comprends pas pourquoi au Tchad on oppose toujours le Nord au Sud, le musulman au chrétien, etc. ?  Personne dans la résistance ne pratique la politique d’exclusion. Ce n’est pas du tribalisme quand le colonel Adouma nomme comme Directeur de son cabinet son compatriote Charfadine ! L’action politique, comme toute action humaine, part toujours de quelque part, à partir de quelques éléments d’abscisses et de cordonnées avant d’évoluer et prendre de l’ampleur. Il en est ainsi de Mustapha Kemal, du Général de Gaulle, de Nelson Mandela et bien d’autres. A un moment donné, il faut qu’il y ait quelque part quelqu’un pour lancer une idée, une action. L’important est que cette idée, cette action ne reste pas figée, repliée sur elle-même, sur quelques groupuscules. Ce qui n’est pas le cas actuellement dans la résistance et c’est déjà pas mal comme ça. Une révolution ne commence jamais, dès le premier jour, le premier mois et la première année avec toutes les composantes sociologiques de la population d’un pays. Aucune lune ne luit le premier soir de son apparition mais c’est progressivement qu’elle luit, jour après jour, pour atteindre sa pleine dimension et sa pleine clarté.

 

 Donc, le fait que ce soit un groupe de Zagawa, de Tama, d’Arabes ou de Goranes pour commencer la résistance n’est pas en soit mauvais. Maintenant, si tel ou tel autre mouvement fait preuve de son incapacité à intégrer les autres composantes ethniques du pays, eh bien ce sera son problème. Car, à mon avis, aucun leader tchadien ne peut aujourd’hui se vanter de se passer des autres tchadiens. Un tel leader finira son aventure en queue de poisson. 

MY : C’est pour très bientôt. Très, très bientôt. La libération est imminente alors tenez bon, on arrive ! 

MY : Nous avons la chance d’avoir un grand et riche pays avec de l’eau potable et des nappes phréatiques un peu partout ; une diversité culturelle riche et des potentialités touristiques énormes. Prenons en soins. Quand l’injustice devient lois de la République, la résistance doit être un devoir pour chacun de nous tous.  Le degré de liberté d’un peuple se mesure à sa capacité de dire Non. Levons nous et disons à Deby que jusque-là, Oui. Mais au delà, Non ! Il nous faut nous battre ensemble côte à côte pour la défense de notre constitution ; défendons ensemble l’unité et l’intégrité de notre pays, son caractère laïc, bilingue et démocratique.

 

MY : Je voudrais tout d’abord faire honneur à nos martyrs ; aux cadres militaires, aux officiers, sous-officiers et hommes de troupe, qui croisent le fer en ce moment dans les territoires libérés. J’ai été au front cet été. J’ai partagé avec eux leurs rations alimentaires. Nous dormions ensemble, parfois à même le sol. Je mesure la grandeur et l’ampleur de leur abnégation. Je connais les conditions de vie qui sont les leurs en ce moment, loin de leurs familles. Ce n’est pas toujours agréable de fêter la bonne année loin de ceux qu’on aime. Je leur formule mes sincères et chaleureux vœux de bonheur et surtout de santé. Que Dieu soit avec chacun d’entre eux maintenant et dans les moments difficiles à venir.

Ma deuxième et immédiate pensée va naturellement aux dirigeants de différents Mouvements de la Résistance nationale, en particulier au Général Mahamat Nouri de l’UFDD à qui je formule, au nom du Bureau de la Représentation UFDD France & Union Européenne et en mon nom personnel, mes vœux sincères et chaleureux de fraternité et de franche collaboration. Que Dieu leur accorde sagesse, courage et clairvoyance dans l’accomplissement de leur mission; qu’il accompagne leur pas sur le chemin de la quête de la liberté, de l’équité et de justice sociale pour notre peuple.

Au peuple tchadien, je dirais que l’année 2008 qui vient de s’achever, aura été pour nous tous, une année difficile, marquée par la souffrance sans commune mesure de notre peuple. Nous avons vu la souffrance des femmes, des enfants, des vieillards jetés en route, sur le pont de Ngueuly, fuyant les exactions, les viols et violations massives des droits humains, les enlèvements, les disparitions, les tueries, bref  la terreur inqualifiable qui s’était abattue sur eux, sur toute l’étendue du territoire national, en février dernier. Je saisis donc cette occasion pour renouveler ma compassion et ma sympathie à toutes celles et ceux qui ont souffert et qui souffrent encore des conséquences de cette situation dramatique dans la quelle on a plongé notre pays depuis maintenant 18 ans. Nous compatissons avec toutes les victimes de cette barbarie, en particulier avec la famille Ibni Oumar Mahamat Saleh. Paix à son âme.

A toutes les familles éplorées du Tchad, j’adresse mes vœux de consolation : chères familles, la Représentation UFDD de France & Union Européenne  partage avec vous vos douleurs. Soyez en rassurées !

L’année 2008 aura été marquée également par l’arrogance et le radicalisme honteux et criminel du système MPS qui refuse obstinément d’engager notre pays sur la voie du « dialogue national inclusif » réclamé par les tchadiens de l’intérieur et de l’extérieur, ainsi que par la communauté internationale. Les auteurs de ce comportement irresponsable mesureront eux-mêmes, le moment venu, l’ampleur des conséquences de leurs attitudes irresponsables.

Mais l’année 2008 qui s’achève, n’aura pas été que calamités pour le Tchad. C’était, pour les Forces de la Résistance Nationale, une année pleine d’espoir et de confiance en l’avenir. En effet, au cours de l’année 2008, nos vaillants guerriers ont réussi à infliger une correction mémorable au tyran, à ébranler son mythe. N’eut été sa fuite nocturne à Libreville au Gabon, c’en aurait été, déjà, fini avec le tyran. Mais ce n’est que partie remise.

L’année 2008 a vu aussi la naissance de la CMU puis de l’UFR ainsi que la signature du Manifeste de l’opposition politico-militaire. Autant de signes et de raisons pour demeurer optimiste en 2009, quant au changement à venir dans notre pays. Les temps sont durs mais le peuple n’a aucune  raison de décrocher. L’année 2009 qui commence sera décisive pour le rendez-vous crucial du processus de changement dans notre pays. Dès lors que le peuple a pris la mesure des enjeux qui sont les siens et transcendé les divergences de forme qui l’empêche d’avancer ensemble ; alors c’est ensemble que nous devons mettre à profit les prochains jours pour porter le coup de balaie définitif et final pour le bien commun du peuple.

Que Dieu bénisse le Tchad, notre chère Patrie, la terre de nos ancêtres!

Michelot Yogogombaye

Président du Bureau de la représentation UFDD France & Union Européenne


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28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 13:57
Secrétaire général de l'Union des Forces pour la Démocratie et le Développement (UFDD, principal mouvement d'opposition armée), Abakar Tollimi est incontestablement un des hommes-clés de la rébellion. Il revendique un grand dessein pour son pays le Tchad, qui mériterait, selon lui, largement mieux qu'Idriss Déby. Nous avons rencontré ce personnage énigmatique, qui accepte de nous éclairer autant sur sa personne que sur son engagement politique. Source: Africa International N°419 - Avril 2008

Africa International : Pourquoi un Docteur en droit comme vous, au lieu du combat politique classique, s’est-il engagé dans la rébellion armée ? 

Abakar Tollimi : Vous savez, on ne devient pas rebelle par hasard. Ou plutôt on ne peut échapper à son destin. Et le mien, à un moment de ma vie, est d’avoir choisi l’action concrète. Autrement dit, j’ai pris les armes pour une cause nationale, parce que je crois à un idéal : la justice. Or, avec le régime de Déby, tous ceux qui sont épris de justice et de démocratie n’ont pas de place. Mon principal souci est la cohésion entre les Tchadiens. Déby a empêché l’éclosion d’une véritable démocratie au Tchad. Les derniers événements vécus par le peuple tchadien sont assez éloquents à ce sujet. Face à un tel régime, il me fallait prendre mes responsabilités, ce que j’ai fait avec un groupe de militaires, en étant conscient des conditions difficiles de l’engagement sur le terrain, de la violence des combats, avec ce que cela suppose de dramatique : les blessés et les morts. Mais il y a des maux qui sont nécessaires, hélas ! Je suis de ceux pour qui l’essentiel est de mettre un terme définitif à la dictature d’Idriss Déby. Si nous avions pu y parvenir autrement, nous l’aurions fait. Malheureusement, cet homme ne comprend que le langage de la force. Chez lui, tout est rapport de force et il ne respecte que ceux qui l’affrontent par les armes. 


A.I. : Quels sont vos projets et vos objectifs ? Et comment appréhendez-vous l’après-Déby ? 

A.T. : A l’UFDD, nous avons un programme clair qui s’articule autour de deux axes essentiels. Le renversement du régime de Déby doit être suivi de l’organisation d’un forum national regroupant toutes les forces vives du pays, c’est-à-dire les partis politiques, la société civile, les personnes ressources et même la diaspora tchadienne, pour débattre des vrais problèmes du pays. En second lieu, il faut sécuriser le pays et reconstituer une véritable armée nationale, reflétant la diversité ethnique du pays. Mais tout ceci doit passer par un véritable projet de développement. Retenez ces trois mots : paix, démocratie et développement. Ils sont notre credo et le fondement de notre engagement politique. 
A.I. : Est-il vrai, comme l’affirme le président Déby, que vous êtes instrumentalisés par les autorités soudanaises, pour affaiblir la rébellion du Darfour et satelliser le Tchad à leur profit ? 
A.T. : Les accusations de Deby me font sourire. Son impopularité est telle, l’incurie de sa gestion du pays est à ce point patente, que la volonté de changement des Tchadiens nous suffit largement comme soutien et aiguillon à notre détermination. Je tiens donc à souligner que nous sommes un mouvement indépendant qui veut rénover le pays. Le Soudan et le Tchad sont des voisins avec des liens ancestraux qui les condamnent à coexister dans la paix et la concorde. C’est dire que l’intérêt du Tchad est d’oeuvrer de concert avec Khartoum, pour une solution pacifique à la crise du Darfour. 
A.I. : Votre mouvement affirme que l’armée française s’est impliquée directement en faveur du président Idriss Déby, lors de votre offensive sur N’Djamena en février dernier. Le président Nicolas Sarkozy déclarait au cours de sa visite en Afrique du Sud, que son pays allait revoir tous les accords militaires signés avec les pays africains. Y aurait-il à votre avis, l’ébauche à Paris d’une nouvelle politique africaine ? 
A.T. : Je vous confirme que des troupes françaises ont bien été engagées directement dans les combats qui nous ont opposés, en février dernier, à la soldatesque d’Idriss Déby. Les témoins, pièces à conviction et articles de presse confirmant cette flagrante ingérence dans les affaires du Tchad sont multiples ; au moment utile, nous mettrons tous ces éléments à la disposition de nos frères africains et de la communauté internationale.
Quant au discours du président Nicolas Sarkozy, nous ne pouvons qu’en prendre acte, en espérant son application concrète sur le terrain. Mais je m’interroge : le président Sarkozy est-il sincère? Est-ce un effet d’annonce destiné à l’hôte sud-africain, voire au rattrapage de l’effet désastreux du discours de Dakar, au cours duquel le nouveau président de la France a parlé de l’Afrique en termes peu honorables pour notre continent ? Il faut dire que les informations que nous recevons actuellement ne sont guère encourageantes, puisqu’elles font état de livraison d’armes françaises à la milice de Déby, et de survols de nos positions par l’armée française. Pour notre part, la communauté d’histoire, les liens culturels et économiques que nous avons avec la France, ne peuvent que nous inciter à raffermir davantage nos relations avec l’Hexagone. Mais cela doit se faire dans un climat de neutralité et de respect réciproque. 


A.I. : Quel type de développement envisagez-vous pour le Tchad ? 

A.T. : Le Tchad est un pays à vocation agro-pastorale, qui doit axer son développement sur le secteur primaire. Nos ressources naturelles et humaines doivent être utilisées à bon escient. Le Tchad ne manque pas d’éléments de qualité, dont nous aurons besoin d’une manière vitale pour l’entreprise titanesque qui nous attend : reconstruire un pays que dix-sept ans de régime Déby aura presque entièrement détruit. 
Il nous faudra édifier un Etat qui fonctionne, en veillant à mettre l’accent, entre autres, sur la formation et l’éducation, ainsi que sur le développement du secteur privé. Cela passe par une gestion rigoureuse de la chose publique avec le concours de tous les Tchadiens, qu’ils soient de l’intérieur ou de la diaspora. 


A.I. : Que comptez-vous faire des revenus pétroliers si vous arrivez au pouvoir ? 

A.T. : Le Tchad est le pays qui a le moins profité des dividendes de son pétrole pour son développement. L’éducation, la santé et les infrastructures devraient être prioritaires. Les fonds générés par le pétrole doivent être déposés dans des banques publiques, sur des comptes contrôlés par une commission spécialisée, au sein de laquelle siègeraient parlementaires, membres de la société civile et représentants du gouvernement. 



A.I. : Envisagez-vous de revoir les conventions signées avec les compagnies pétrolières ? 

A.T. : Dénoncer les conventions avec les compagnies pétrolières serait contraire aux engagements pris par le Tchad. Toutefois, une rectification des clauses de ces conventions qui iraient contre les intérêts du pays s’avère indispensable. Pour cela, les parties concernée devront s’atteler à un réexamen approfondi des textes. 


A.I. : Dans ce cas, comment concevez-vous la relation future avec le FMI et la Banque Mondiale ? 

A.T. : Le FMI et la Banque mondiale sont des institutions qui ont joué un rôle déterminant dans les économies de la plupart des pays en développement. Depuis plus de trois décennies, ces institutions sont devenues des gendarmes de la finance, profitant de la mauvaise gouvernance dans certains pays du Tiers-monde pour leur imposer tout et son contraire, les dirigeants étant préoccupés par la conservation du pouvoir. C’est un désastre que d’élaborer le budget national d’un pays selon la volonté d’une institution étrangère. 


A.I. : A.I. : Abordons un sujet d’actualité, non des moindres, la relation Afrique-Chine. Qu’en pensez-vous ? 

A.T. : Les Occidentaux veulent nous faire partager leur peur de la Chine. Or, la relation Afrique-Chine est une forme novatrice de coopération. Pékin est la puissance économique de demain, et la Chine nous permet, déjà, de ne plus être hors-jeu sur l’échiquier de la mondialisation. Quel Africain s’en plaindrait ? La Chine est un partenaire qui ne se pose pas en donneur de leçons, et c’est en cela qu’elle rompt avec les pratiques anciennes et hypocrites de certains autres partenaires. 
Mais je tiens à ajouter que le regard sur l’Afrique changera quand des entrepreneurs africains seront capables d’aller conquérir des parts de marchés partout dans le monde, de traiter d’égal à égal avec les grands de la finance internationale. 


A.I. : Qu’est-ce que vous êtes prêt à faire et qu’est-ce que vous ne pourrez pas faire, dans le combat que vous menez actuellement ? 

A.T. : Je suis prêt à sacrifier ma vie pour mon pays. Je suis prêt à faire don de ma personne pour le bien-être de mes compatriotes, pour que la dignité du Tchadien soit respectée. La preuve de mon engagement, c’est l’endroit d’où je vous parle. Ni de Paris ou de N’djamena, et je ne suis pas assis à pérorer comme les politiciens de salon. Je suis ici, sur le terrain, dans la brousse, où je peux me faire tuer d’un moment à l’autre. Pourquoi est-ce que je prends ce risque à votre avis ? Comme tout le monde, je ne demande qu’à mener une existence tranquille, entouré des miens. Mais, si j’ai fait ce choix difficile et grave, c’est que je pense avoir ma petite pierre à apporter dans la marche de mon pays et mon peuple vers un mieux-être durable… 


A.I. : Et que ne feriez-vous pas ? 

A.T. : Tout d’abord, je ne suis pas un affairiste. Pour moi, un homme politique doit être capable de se tenir loin des affaires : on est soit un homme politique, soit un homme d’affaires, pas les deux. Il faut savoir faire des choix clairs et sans équivoque. 
La seconde chose que je ne saurais faire est la trahison de mes convictions, qui reposent sur l’honneur et la dignité. Les trahir, ce serait en quelque sorte trahir mes proches et mon peuple. 


A.I. : De quel homme politique africain ou penseur vous sentez-vous proche ? 

A.T. : En Afrique, Thabo Mbeki, Blaise Compaoré et Paul Kagamé forcent mon estime. Surtout, ces deux derniers à la tête de pays enclavés et aux ressources limitées, le Burkina Faso et le Rwanda, dont l’influence diplomatique et les prouesses économiques constituent un cinglant démenti aux tenants de l’afropessimisme ambiant. Kwame Nkrumah est incontestablement le penseur et homme d’Etat que je respecte le plus, car il est le père du panafricanisme. Je trouve aussi Cheikh Anta Diop assez dense. 


A.I. : Trouvez-vous encore du temps pour les loisirs, la lecture par exemple ? 

A.T. : Oui, quand même, pour la lecture seulement. Généralement, je lis les essais politiques et économiques. J’aime aussi beaucoup relire des classiques comme L’Aventure ambiguë de Cheikh Amidou Kane, Le Prince de Machiavel, les succès littéraires de Jean-Paul Sartre, Amadou Hampaté Bâ, le poète palestinien Mahmoud Darwish. Et même si ce n’est plus à la mode, je lis Karl Marx. Vous voyez que l’éventail de ma curiosité est large. 


Lire l'intégralité de l'interview dans Africa International - N°419 - Avril 2008

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19 août 2008 2 19 /08 /août /2008 17:37

Bref entretien avec M. Assileck Halata - L. B.

Bonjour Monsieur Mahamat Assileck Halata

Lyadish Blog (LB): La justice tchadienne vient de condamner à mort par contumace notamment les membres de l'UFDD. Pensez-vous que c'est là un moyen de pression utilisé par le gouvernement pour inciter la rébellion à venir à la table de négociation ?

Assileck Halata Mahamat (AHM) : D’abord, je vous remercie pour cet entretien. Au Tchad d'Idriss Déby, il n’y a pas de Justice. Par essence, celui qui de droit prononce la justice, celui qui l'initie et l'ordonne doit être lisse des faits. Déby est à lui seul la somme de l'imperfection politique et démocratique, il est le comble qui ridiculise le Tchad avec ses pratiques juridico-administratives.

Cette condamnation est la mesure d'un homme en souffrance avec lui-même, elle n'est pas et ne peut représenter l'aspiration du peuple tchadien. Cette mesure engage seulement le vœu d'un Déby aux abois. Quand aux responsables de l'UFDD, et de l'opposition d’une manière générale, cette décision ne les affecte pas un seul instant. Comprenez que quand on combat Idriss Déby par des moyens même légaux, on devient son ennemi. Il faut juste se dire que dès qu'on combat Idriss Déby on se condamne par avance car avec lui, ou c'est nous qui laissons notre peau, ou c'est lui. Tout de même, le moment viendra.

Quand à la négociation, sachez que l'opposition continuera toujours à prôner une table ronde inclusive de tous les fils du Tchad. Chose que ce même Déby s'y refuse.

L.B: Après une telle condamnation, la rébellion a-t-elle encore confiance à Déby pour la tenue d'un forum national de paix ?


A.H.M : Pouvez vous me présenter un seul Tchadien qui a confiance à Déby? Il faut se remémorer juste le passé. Aucune personne en dehors de sa famille, et encore, ne peut faire confiance à Déby. Du Tchad à Paris qui reste une plaque tournante, il suffit juste de tendre l'oreille et écouter les hommes politiques, les hommes d'affaires, les femmes du sérail, les garçons de courses, les saltimbanques démarcheurs, les agents de renseignements, les icônes lucratives. Tous sans exception, vous diront ceci: "On ne peut avoir confiance envers Idriss Déby". Rassurez-vous, la résistance nationale dans son ensemble ne peut avoir confiance en lui. Cette condamnation doit inspirer les responsables des mouvements politico-militaires à l'union car par dessus leurs divergences, Idriss Déby les mets tous dans le même sac. Qu'ils s'unissent !
Quand à un forum indicateur de paix, sa faisabilité doit être liée à d'autres partenaires internationaux, qui seront associés et qui aideront à émerger la confiance des Tchadiens. Personne n'acceptera de rallier un dictateur finissant. Le cas de Monsieur Mahamat Nour Abdelkrim doit illuminer chacun d'entre nous.


L.B: Mais précisément, quelle attitude l'Alliance Nationale doit-elle adopter face à cette décision?


A.H.M : Le silence, le verdict du terrain militaire, et aboutir à l'aspiration du peuple tchadien en le faisant partir définitivement.

L.B: Autre actualité. Mansour Abbas qui a été représentant de l'UFDD en France vient de rejoindre le régime de N'Djamèna à la surprise générale. Quel est votre sentiment face à ce transfuge ? Pensez-vous que cette défection est une trahison?


A.H.M : Au départ, je ne voulais pas évoquer ce cas car je reste surpris de la médiatisation de la chose. Comme nous y sommes, je joue franc-jeu.

Il y'a de l'amertume. Pas vis-à-vis de l'homme, mais de la nature des faits. Je peux comprendre une frustration, un ego chiffonné, mais non piétiner ses idéaux. De nos jours, et à l'image de beaucoup de personne, le Tchad est pris en otage par des énergumènes qui dénaturent les fondamentaux de la résistance en changeant de camps comme on change de chemises. Les tchadiens sont pris en otage par des individus qui méprisent les idéaux du changement. Ils n'ont du respect que pour leur portefeuille et leur personne. Ils n’ont même pas de respect pour le sang des martyrs, des amis avec lesquels plusieurs sceaux ont été posés. Pour toute personne sensée, toute personne inscrite dans une dynamique d'ensemble, un idéal, il est évident que c'est de la trahison.

 

L.B: Mais Mansour Abbas aurait quitté l'UFDD notamment pour avoir été ostracisé. Il n'aurait aucun contact avec la hiérarchie depuis l'après 2 février 2008. N’est-on pas en présence d’un acte désespéré ?


A.H.M : Je n'ai jamais constaté un sentiment d'ostracisme depuis que nous militons ensemble. Il y'a incontestablement des divergences de point de vue. Des entités d'appréciation ou de désapprobation peuvent aussi exister. Ce qui est  grave, c'est les sentiments de travers, les interprétations de faits avec des conclusions hâtives aboutissent toujours à cette donne. Dans le mouvement, tout le monde ne peut pas être en contact avec tout le monde. On n'est pas l'ami de l'autre par hasard. Aussi, quand on veut parler à une hiérarchie, cela se fait de façon simple suivant la disponibilité de l'un ou de l'autre. Tout comme on n’est pas appelé à être en contact absolu avec tel ou tel membre pour  faire son travail. Ceux qui y pensent ainsi doivent avoir une vision limitée. Néanmoins, il faut faire de la ressource humaine et gérer le facteur susceptibilité. Non, ce n'est pas vrai que depuis le 02 février 2008, Mansour Abbas n'a pu joindre une hiérarchie.


L.B: Soit ! Maintenant que Mansour Abbas a quitté le mouvement, qui sera désigné pour le remplacer? Qui assure l'intérim pour l'instant ?


AHM : L'UFDD est une structure. On avait Mansour Abbas comme représentant, mais l'essentiel du capital travail est fait par les membres. Comme vous le savez, l'ex-représentant est un homme nouveau dans ce paysage de la résistance nationale. Il a été entouré, épaulé et conseillé pour qu'autant de travaux puissent aboutir. Il est évident que pour la réorganisation de la représentation UFDD-France, la hiérarchie devra  rapidement décider et prendre en compte cette nouvelle situation.


L.B: D'aucuns pensent que l'aile politique extérieure de l'UFDD ne dispose d'aucun moyen financier pour assurer sa mission. Comment faites-vous pour travailler? Quelles sont vos ressources et pourquoi aucun budget n'est prévu pour le fonctionnement de l'aile politique extérieure?


AHM :
Ce n'est pas vrai. La représentation de l'UFDD est une structure organisée avec en son sein un trésorier, qui à ma connaissance fonctionne avec un budget. Les moyens financiers existent mais ils demeurent insuffisants. Comme par le passé, dans l'histoire qui a jalonné les résistances au Tchad, nous faisons des efforts sur nos propres moyens pour faire les rallonges et mener à bien notre mission. Il ne faut pas oublier qu'au-delà l'aspect matériel, il y a des hommes qui se sacrifient l'arme à la main. Donc, que cela ne soit un alibi pour jeter l'éponge.

L.B: Mais Mansour Abbas semble avoir préféré partir avec Déby notamment pour ces motifs ?


AHM : Non, cela est un faux problème. Beaucoup ont fait pareil, attendons de voir la phase 2 de sa bévue. 8000 euros, c'est le prix d'une voiture d'occasion reformée en Europe ! Prions qu'il ne regrette point un jour ses faits.

 

L.B: Soyons réalistes, Monsieur Halata. Ne pensez-vous pas que si elle a les moyens, l'UFDD doit motiver ses membres afin de les retenir face à la tentation de se laisser appâter par les millions qu'offrent Idriss Déby?


AHM : Évidemment. Au delà de L'UFDD, tous les responsables de la lutte armée doivent encourager et motiver leurs membres de l'extérieur qui font un travail assez complémentaire aux hommes en arme. Il n'y a pas seulement l'aspect financier qui compte.


L.B: Pour clore ce bref entretien, que pouvez-vous nous dire sur l'organisation générale de l'Alliance Nationale (les rapports avec les autres mouvements, etc.)


AHM : L’Alliance Nationale est une organisation qui est ouverte à tous les autres mouvements politico-militaires. Personne en son sein ne lutte pour la confiscation du pouvoir. Les objectifs sont clairs comme l'a indiqué son président, le général Mahamat Nouri sur la chaîne qatarie

Al Jazeera le dimanche 17/08/08. Une transition de 6 mois à un an, un forum national avec toutes les sensibilités tchadienne et dans la foulée l'organisation des élections libres et démocratiques.

L.B: Je vous remercie

AHM : Merci à vous


ASSILECK HALATA Mahamat

Délégué à la représentation UFDD-France

Coordinateur de la cellule d'information et communication Europe

de l'Alliance Nationale. (AN)

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16 août 2008 6 16 /08 /août /2008 13:10

 

Première partie de l'interview de A.Mansour réalisé le samedi 5 avril 2008 à Dakar:« Idriss Déby ne respecte jamais la parole donnée »


A Dakar, dans le cadre du festival des arts et de la Culture Pulaar, les 27, 28, 29 et 30 mars derniers, Mansour Abbas, le chargé de communication de l’opposition armée du Tchad en France s’est confié longuement à Ferloo.com. Dans cette première partie de son interview, il a remonté le déluge de la situation politique difficile de son pays, marquée une guerre entre le pouvoir et l’opposition. Entretien.

M. Mansour Abbas, vous êtes un opposant tchadien vivant en France. Au-delà de cela, nos lecteurs ne vous connaissent pas. Voulez-vous vous présenter à eux ?

Merci. Je m’appelle Abbas Mansour. Je suis un tchadien vivant en France où je représente l’Union des Forces démocratiques et le développement (Ufdd). C’est le principal mouvement de l’opposition armée et je fais partie de ceux qui ont été jusqu’à Ndjaména, mais qui, malheureusement, ont rebroussé chemin à cause de l’intervention française que tout le monde connaît et que toute l’Afrique décrie.

N’est-ce pas une contradiction pour vous opposant qui luttez contre le Président tchadien que la France vienne à son secours et que vous soyez en France ? Vous ne trouverez pas cela paradoxal ?

En France, nous ne détenons pas des armes. Nous sommes des civils. Nous respectons les lois françaises. Et la France, elle-même est tenue de les respecter de même que les conventions internationales. Donc, c’est tout à fait normal qu’on puisse être là pour faire les porte-paroles de ceux qui sont sur le terrain. Nous ne prenons pas des armes en France et n’agressons personne. Nous sommes des pacifistes. Notre arme, c’est notre bouche et notre stylo. Cela, le peuple français le comprend aisément. Et il n’y a pas de problème à ce niveau.

M. Abass, pourquoi recourir aux armes pour accéder au pouvoir quand on sait que c’est une pratique qui est bannie par la communauté internationale et par l’Union africaine. ?

C’est parce que la lutte armée est imposée aux Tchadiens. Sinon, il n’y a aucun être humain au monde qui aime la violence. Tout le monde aime la paix. Et nous avons essayé par tous les moyens cette paix, mais en vain. Il y a eu une conférence souveraine en 1993 qui a réuni tous les Tchadiens, malheureusement, les résolutions de ces assises ont été bafouées par Idrisse Déby Itno. Les gens sont humiliés, le pays est à terre, les partis politiques, les syndicats sont baillonnés, les libertés, dans le vrai sens du terme, n’existent pas. Les richesses du pays sont gaspillées. Le comble, en 2006, la constitution adoptée par tous et qui prévoyait deux mandats de cinq ans, a été modifiée par Idrisse Déby afin de rester au pouvoir à vie. Nous comprenons que l’Ua condamne la prise du pouvoir par les armes, mais elle doit aller plus loin pour refuser aussi, la confiscation du pouvoir par les armes. S’il (Deby) avait gardé le pouvoir à travers les élections, il n’aurait pas du tout de rébellion. C’est parce qu’il a confisqué le pouvoir par les armes contre la volonté populaire que cette situation est arrivée. Et, à partir de ce moment, la lutte armée devient, non seulement, un droit, mais aussi une obligation pour chaque citoyen tchadien. Nous sommes donc, devant le cas d’une légitime défense.

Justement, lui, en venant au pouvoir le 1er décembre 1990, il avait dit 2 jours après, aux Tchadiens : « Je ne vous ai apportés ni or, ni argent, mais la liberté ». Voulez-vous dire qu’il n’ y a pas de liberté ?

Non seulement, il n’y a pas de liberté, mais c’est aujourd’hui qu’on comprend parfaitement ce qu’il a voulu dire il y a 18 ans.

Qu’est-ce qu’il voulait dire ?

Il voulait dire qu’on n’aurait ni argent, ni or, parce que c’est pour lui. Il y a, peut-être, des gens qui ont été naïfs et qui l’ont cru au début, mais aujourd’hui, on se rend compte qu’il n’a apporté ni or, ni argent, encore moins la liberté. Il a tout confisqué. Et les caisses de l’Etat se confondent aux poches de Idrisse Déby et sa famille. C’est dans cet esprit qu’il s’est adressé aux Tchadiens. Mais ce message a été décodé trop tard.

En tirant sur sa famille et sur les Zagawas, est-ce que vous n’êtes pas en train de réunir tous les ingrédients pour une guerre civile ?

Il faut préciser et cela est très important pour moi que les Zagawas sont des Tchadiens à par entière. Nous, nous tirons sur des responsables. Et parmi ceux qui sont avec Déby, il y en a qui ne sont pas de cette ethnie. Ils participent tous au pillage du pays et au musellement de la presse. Déby est certes, un Zagawa mais il a un clan de pilleurs autour de lui qui n’est pas forcément de cette ethnie. Ceux qui sont en lutte ne s’en prennent pas du tout aux Zagawas. Autre précision de taille, il y a des Zagawas qui sont dans le maquis en train de combattre Débi. Et parmi eux il y’ a même d’anciens éléments issus de la garde présidentielle. C’est dire ce n’est pas un problème entre les Zagawas et les autres tchadiens, mais contre un système. Il n’ y a pas de bonne gouvernance. Il s’agit de mettre de l’ordre dans la maison tchadienne.

Est-ce que, pour votre cas, vous avez été sous les couleurs pour, ensuite, aller dans le maquis ?

Non. A cause de mes activités et mes préoccupations je n’ai pas eu l’occasion d’aller faire un service militaire. D’autant plus que les textes n’obligent pas de le faire quand on exerce un certain type d’activités Et ce n’est pas indispensable d’aller sous les drapeaux pour pouvoir se défendre. Dans la résistance, tchadienne, il y a des militaires de carrière, mais aussi de simples citoyens qui se sont révoltés tout simplement. Chaque citoyen, lorsqu’il est humilié, acculé, lorsqu’il n’a pas le choix, il va apprendre à se défendre. Ce ne sont pas les militaires seulement qui savent se défendre.

Contrairement à ce que vous dites, le Tchad et son président prétendent y aboir instauré la paix, la démocratie et la liberté. Parce que depuis 1992, ils ont permis, disent-ils, à la presse d’être libre et ont favorisé le multipartisme.

Cela donne tout simple l’envie de rire. Est-ce qu’il y a un pays en Afrique aujourd’hui, où il n’il n’ y a de multipartisme et beaucoup d’organes de presse ? Dans n’importe quel pays en Afrique, il y a mille et un journaux. Ce n’est pas le nombre d’existence d’organes de presse qui montre qu’il y a une démocratie. On peut avoir mille et un journaux et avoir des centaines de partis politiques et être un dictateur. C’est le cas au Tchad. Il faut savoir que c’est le contexte international qui a fait que Déby a accepté qu’il y ait plusieurs journaux et plusieurs partis politiques au Tchad. C’est vraiment du simulâcre qu’on est en train d’assister.

Comment expliquez-vous que des leaders partis politiques qui se sont longtemps battus pour la démocratie, je veux nommer Saleh Kebzabo, le Général Kamougué, décident de mettre un peu d’eau dans leur vin pour s’allier avec Idrisse Déby. Ne pensez-vous pas aussi que vous avez trop tiré sur la corde, quand on sait que la politique c’est le réel et non l’idéal ?

Je voudrais profiter de l’occasion pour dire la grande admiration qu’on a pour ceux qui battent à l’intérieur du pays. Quand on sait que leur travail n’est pas n’est pas facile ; contrairement à d’autres compatriotes qui pensent qu’ils ne font rien. Je pense qu’ils se trompent. Car, ils sont devant une dictature, un régime implacable. Ils sont menacés avec leurs familles. Vous avez tout récemment le cas de Kebzabo qui a failli être tué, heureusement qu’il se trouvait au Mali. Le jour des faits, les militaires ont tiré sur son frère et cassé une de ses jambes. C’est vous dire que ce sont des gens qui souffrent dans leur chair. Nous avons besoin de l’opposition armée et vice-versa. L’objectif est le même : instauration d’un Etat démocratique. Je comprends qu’à un moment donné, le peuple tchadien soit déçu que quelques leaders tchadiens aient collaboré avec le régime. Mais je crois qu’on peut leur pardonner cela par rapport à tout ce qu’ils font comme efforts pour l’instauration d’un régime démocratique. Cela a été tout simplement un moment d’égarement. Si je puis ainsi dire. Globalement, ce sont des gens qui se battent et qui continuent de le faire. D’ailleurs, M. Kebzabo dont vous faites allusion, est en ce moment, au Cameroun comme réfugié. C’est le cas pour plusieurs syndicalistes, des responsables de la ligue tchadienne des droits de l’Homme qui sont, pour la plupart en Europe. Ils ont tous cru qu’à un moment donné qu’avec un gouvernement de coalition, ils peuvent changer des choses. Mais, ils se sont vite rendus comptes que ce n’est pas faisable. Bon cette participation dans le gouvernement d’Idriss Déby est une vieille histoire. Ils sont tous maintenant dans l’opposition.

Avez-vous vécu de près ou de loin le dernier assaut qui s’est soldé par l’arrestation de certains leaders comme Yorongar (qui s’est finalement retrouvé au Cameroun, puis en France et Lol Mahamat Choua. Que deviennent tous ces leaders ?

A la suite du repli des Fores de résistance (puisque je n’aime pas le terme rebelle. Rebelle par rapport à quoi ou à qui ?), la milice de Déby est venue investir le quartier. C’est ainsi que beaucoup de Tchadiens ont été arrêtés. Les trois dont on parle souvent, c’est parce qu’ils sont des leaders, mais d’autres auraient pu être arrêtés comme Kebzabo qui était déjà à l’étranger ou comme Kamougué qui a pu fuir au Cameroun. D’autres se sont réfugiés à l’intérieur du Tchad. Car ils ne sont pas des gens armés, mais des leaders politiques qui ont accompagné Idriss Déby dans toutes les élections. En principe, ils devraient se sentir en sécurité. L’on aurait compris s’il s’agissait des responsables politiques de l’opposition armée. Ce sont des gens qui ont toujours condamné la prise du pouvoir par les armes et la confiscation du pouvoir par les armes. Ils n’ont jamais été avec nous comme ils n’ont jamais accepté la dictature de Déby pour qui, l’adversaire politique est un ennemi. S’il n’y avait pas la pression internationale, tous ces trois seraient dans leurs tombes. Dieu merci, ils sont tous vivants en France, malgré des traumatismes. Cependant, depuis deux mois, personne n’a les nouvelles de Saleh Ibn Mahamat, le coordonnateur de la CPDC, un regroupement de tous les partis politiques qui avait signé avec Déby, un accord de paix sous l’égide de l’Union européenne. Ni son épouse, ni ses enfants, personne ne sait où il est et dans quelles conditions. Le plus cocasse Déby ; lui-même nie de l’avoir arrêter et ne sait il où il se trouve. Pourtant, Saleh est un pur politique qui n’a jamais pris des armes.

Quels sont vos liens avec les Forces armées pour la République fédérale (Farf) de Laouking Bardé ou de Frolimat-Fap de Goukouny Oueddeye ?

L’Ufdd travaille avec toutes les organisations politico-militaires. Les Farf n’existent plus. Bardé a été assassiné par Déby. Pourtant, il était rentré au Tchad après avoir signé un accord avec ce dernier. Plus d’une dizaine de gens qui ont signé ces types d’accord avec Déby sont dans leur tombe. C’est pourquoi, il y a un véritable problème de confiance, aujourd’hui. Car, la parole donnée n’existe pas chez Déby. Celui qui signe un accord devant le Guide Libyen et qui, le lendemain, assassine celui qui a osé rentré au pays. Le dernier, c’est en 2006 quand Mahamat Nour AbdelKerim, président du Fuc, un des mouvements tchadiens qui a failli prendre Ndjaména et qui a signé un accord de paix devant le Guide Libyen et qui a été nommé ministre de la Défense, à la suite de cet accord, mais qui a eu la vie sauve pour avoir fui, pour se réfugier dans l’Ambassade de Libye pendant des mois avant de se retrouver à l’étranger (certains parlent de Dubaï) après avoir trompé la vigilance des gardes. Ce scénario a lieu, alors qu’il est encore ministre. Il n’a été limogé qu’après sa fuite. Peut-être, il reviendra un jour, puisqu’il était rentré après ledit accord avec 3000 hommes. Quand on voit des faits comme ceux-là, comment peut on discuter avec un tel individu qui ne respecte jamais la parole donnée ? Or, le respect de la parole donnée est très important, surtout pour un Chef d’Etat. Ce qui n’est pas le cas chez Déby.

Que pensez vous alors du dernier accord intervenu entre Déby et El Béchir à Dakar, à l’occasion du 11ème sommet de l’Oci ?

C’est un accord entre deux gouvernements. En principe, il ne nous concerne pas. Ce qui est sûr, c’est que le problème Tchadien reste entier.

Vous avez parlé du respect de la parole donnée, pensez-vous que Déby ne respectera l’accord de Dakar ?

C’est le 6ème comme l’a si bien précisé le Président El Béchir lui-même. Le 4ème ou le 5ème, je ne sais plus, ils l’ont paraphé à la Mecque. Tous deux, étant musulmans se sont pris la main, sont entrés dans la Kabba, ont prié et ont promis de respecter cet engagement. Ils ne l’ont pas fait. Ce n’est pas celui de Dakar qu’ils vont respecter. En tout cas, nous ne croyons pas à cela. Et même s’il devrait être ainsi, il ne résout pas les problèmes tchadiens où 1500 hommes armés sont face à Déby et face à la rébellion soudanaise que Déby a créée de toute pièce. Souvent, j’entends les gens parler de Darfour, des blancs, des noirs… Je dis qu’ils se trompent. Car, ce n’est pas Bush qui va avoir des soucis qu’on massacre des noirs au Darfour. Aux Usa, il y a des noirs auxquels, il ne s’est jamais soucié. Je pense qu’il est temps que les africains comprennent que ce qui intéresse Bush et les va-t-en guerres, c’est le pétrole. Mais que la situation des noirs c’est son dernier souci.

Donc, la guerre au Tchad, c’est le pétrole ?

Absolument. En Angola, au Congo, … partout où il y a le pétrole, il y a malheureusement la guerre. Comme on le dit souvent : « Le pétrole est maudit ». Mais au Tchad, c’est la position de la France qu’on ne comprend pas. On ne sait pas ce qu’elle veut. Puisqu’elle n’a jamais cru au pétrole tchadien. Ce sont les américains qui investissent. Mais les Français ont fait partir Tombalbaye et les autres, avant de se retirer eux-mêmes. Malgré que Déby les a accordés 25% du pétrole tchadien qu’ils jugent, d’ailleurs, de mauvaise qualité. Mais voilà qu’ils veulent revenir, puisque d’autres puits ont été découverts. Ceci, pour barrer les autres comme les Chinois. Je crois que certains dirigeants français se trompent parce qu’aucun dirigeant tchadien ne viendra arrêter les relations avec la France, en tant premier fournisseur et premier partenaire. Nous parlons français. Tout ce que je suis en train de dire actuellement, je pouvais le dire en Poular. Mais je ne peux pas, parce que je m’exprime en français. C’est pour vous montrer à quel point, nous avons des liens avec la France. Des Tchadiens ont été à côté de la France contre Hitler ? Beaucoup d’entre eux ont perdu leur vie pour ce pays. C’est pour cela que j’ai dit que la France se trompe, en soutenant un homme contre un peuple. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il y a un sentiment anti-français qui se développe dans toutes les régions du Tchad. Nous penserons que tout cela s’arrêtera avant que l’irréparable ne se produise. Vous avez dû suivre la grâce présidentielle accordée par Idriss Déby, il y a deux jours (l’entretien s’est réalisé le mardi) aux bandits de l’Arche de Zoé ? C’est une humiliation pour le Tchad, pour la justice tchadienne et pour l’Afrique.

D’autant plus que le Président Sarkozy avait dit qu’il allait les prendre au Tchad ?

Evidement, parce qu’il y a des aspects qu’on ne dit pas dans cette affaire.

Lesquels ?

Un gros porteur qui atterrit à Ndjaména, puis à Abéché pour prendre un groupe d’enfants. Un avion n’est pas un petit véhicule, ou un âne. Il ne peut pas passer inaperçu surtout dans un régime policier comme celui de Débi ou mêmes les ébats amoureux sont enregistrés. Pour qu’un avion atterrisse, il faut l’autorisation de l’aviation civile qui lui indique, d’ailleurs, le parking A ou B… C’est un coup très bien préparé. Les autorités tchadiennes savaient ce qui allait se passer. C’est en dernière minute qu’elles ont voulu instrumentaliser. Mais là où le bât blesse, c’est quand on a « jugé » les 6 bandits de l’Arche de Zoé un jour de dimanche, jour férié au Tchad, parce que tout simplement, Sarkozy devait venir un lundi au Tchad. Quelle humiliation ? On aurait pu proposer à Sarkozy de voyager un mardi afin d’organiser le jugement le lundi. Au moins, pour sauver la face. Mieux, les voilà aujourd’hui, libérés comme s’ils n’ont jamais rien fait. Vous imaginez prendre des enfants français pour les amener quelque part sans qu’on ne vous taxe d’être un Bob Dénard. Pourtant, ces français sont lavés de tout soupçon.

Le député Yorangar a, un moment cité le nom du Dr Docteur François Sarkozy, frère du Président français dans cette affaire. En savez-vous un mot ?

J’ai lu les écris du frère Yorongar, mais j’avoue que je n’ai pas d’éléments supplémentaires par rapport à ce qu’il a dit.

 

(A suivre) Réalisé par AD/FC et AT/FC

par Makaila publié dans : Interviews

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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 21:12

1. Quel rôle a joué ou joue la Françafrique dans la crise tchadienne?

La France continue de jouer un rôle néfaste voire criminel par sa politique coloniale au Tchad. Elle soutient des régimes dictatoriaux au Tchad comme par exemple celui actuel du Général-Président Idriss Deby, qui depuis 18 ans endeuille la population tchadienne. Les rapports des ONG estiment à plus de 25000 tchadiens tués par cet Homme qui congénitalement est criminogène.

Le soutien inconditionnel militaire de la France aux dictateurs a pour conséquence un entretien indirect et cynique des insurrections légitimes des peuples opprimés par ces régimes tyranniques. Ces guerres imposées par la France au peuple tchadien est un argument supplémentaire du maintien de ses bases militaires au Tchad mais aussi de rendre encore plus esclaves ces présidents à qui ils doivent leur survie.

Rappelons qu’en avril 2006 et février 2008, les Forces de résistance nationales étaient arrivées aux portes de la capitale, N’Djaména et autour du palais présidentiel. Cependant, malheureusement les interventions de l’Armée française ont sauvé le dictateur Deby.

2. L’union Européenne avait initié un dialogue inter-tchadien le 29 au 30 mars 2008 à Paris dont l’objectif était le Dialogue inclusif. Du concept du dialogue à sa réalisation, quelles en étaient les conclusions? Pourquoi le choix de la France et pas le Tchad?

A ma connaissance l’UE n’a jamais organisé une telle Conférence à Paris. Il s’agirait peut être d’une réunion organisée par une petite ONG américaine avec quelques Tchadiens dont vous faites allusion. Si l’UE avait organisé une Conférence, cela aurait un écho incontestable dans les médias. D’une part et d’autre part les protagonistes seraient invités et présents. Ce qui ne fut pas le cas de cette réunion.

3. On dit des Opposants tchadiens que pendant qu’ils négocient avec le pouvoir d’Idriss Déby, ces derniers collaborent en même temps avec les Groupes Extrémistes; ex:( RFC), (UFDD) de Mahamat Nouri. Pourquoi cette ambivalence, selon vous?

La propagande du régime tchadien tente de discréditer les Forces de résistance nationale mais les Tchadiens et l’opinion internationale découvrent la supercherie et les mensonges de Déby à travers les déclarations du Président du mouvement rebelle soudanais du Darfour (MJE) du Docteur Khalil Ibrahim qui révèle ses liens très étroits avec Déby.

4. Au Tchad où les rebelles succèdent aux rebelles, ou opposants est synonyme de businessmen, le véritable problème du pays est-il dans son Opposition ou ses Opposants?

La multiplication des mouvements armés qui est une réaction légitime aux frustrations et injustices sociales des régimes dictatoriaux successifs, ne saurait occulter les problèmes réels de l’Opposition d’une part et celui des Opposants d’autre part. Il y a au sein de l’opposition des« Opposants businessmen », des taupes des régimes infiltrées qui torpillent la résistance,mais il faudrait aussi signaler heureusement la présence des véritables patriotes, nationalistes et démocrates qui, pour l’instant n’ont pas encore véritablement émergés. Tant qu’il n y aurait pas une véritable unité d’action contre la contradiction principale, en l’occurrence celle de capitaliser toutes énergies pour anéantir le dictateur, l’objectif ne serait jamais atteint. Tant que certains Leaders politiques n’auraient pas le sens aigu de la gestion de la chose publique et celui de la nation, le drame continuerait au gré de changements.

5. En terminant, donnez-nous quelques pistes de solutions, pour une véritable paix au Tchad !

L’unique solution objective et crédible pour résoudre la crise tchadienne et ramener une paix pérenne, est d’organiser une Conférence de paix inclusive réunissant le gouvernement, l’Opposition civile démocratique, les Mouvements politico-militaires et la Société civile. Cette Conférence doit être placée sous les auspices de l’Union africaine, les Nations unies avec la participation de certains pays directement impliqués dans le dossier tchadien (Libye, Soudan, Gabon, Nigeria, Congo Brazzaville, France, Sénégal) et des pays qui joueraient un rôle important (USA, Chine populaire, Canada, Russie, Afrique du Sud et Algérie). Elle élaborera un programme d’un gouvernement de transition dont la durée maximale n’excédera pas 12 mois. La mission de ce gouvernement de transition sera d’organiser les élections véritablement démocratiques. A cet effet, ses membres ne doivent pas être candidats à cette première élection présidentielle. Les institutions internationales et les pays participants doivent garantir par tous les moyens la tenue puis l’application des résolutions de ladite Conférence de paix inclusive. Je rappelle que les 28 et 29 octobre 2006 à Paris s’est tenue une importante Conférence de l’opposition démocratique, des Politico-militaires et de la société civile. L’une des résolutions est la création du Comité chargé de l’organisation de la conférence nationale inclusive de paix (COPORT).En ma qualité de Président du COPORT, je lance un appel solennel au gouvernement Canadien d’aider à l’organisation et à la tenue de cette Conférence inclusive de paix au Canada. En effet, Le Canada, pays pacifiste et neutre dispose de ces deux atouts indispensables pour la réussite d’une telle rencontre permettant de sauver la vie des milliers de tchadiens que les guerres fauchent quotidiennement.

TIREES DE CHUO FM OTTAWA-CANADA

 

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