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18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 18:39

Voyage en barbouzerie - Bakchich

Pour ceux que les James Bond ont toujours intrigué, voire fasciné, « Bakchich » raconte la saga des services secrets français, la DGSE. Coups tordus, discrets succès, infiltrations et manipulations, plongez chaque jeudi avec « Bakchich » dans les eaux troubles de « La Piscine », comme on appelle le siège des services, situé à deux pas du bassin Georges-Vallerey, à Paris. Cette semaine, « Bakchich » poursuit l’enquête autour de la libération d’Ingrid Betancourt. Où l’on reparle des ordinateurs du numéro 2 des FARC.

Les aspects techniques mis en œuvre pour l’opération de libération d’Ingrid Betancourt ont été peu évoqués. Bakchich a interrogé un ingénieur de la direction technique de la DGSE, les services secrets français, qui a souhaité garder l’anonymat.

« Le 1er mars 2008, l’armée colombienne lance en Équateur une offensive visant le camp de Raoul Reyes, qui meurt dans l’assaut. L’attaque est pourtant suffisamment mesurée pour permettre la récupération de trois ordinateurs appartenant au numéro 2 des FARC. En fait, on peut dire que le début de la libération d’Ingrid commence véritablement à cet instant. Les services américains, notamment la NSA, bien connue dans le réseau Echelon, chargé des écoutes internationales et monté avec la coopération de nombreux États occidentaux, devaient très certainement suivre les déplacements de Reyes, simplement par le nombre important des vacations radio qu’il devait entretenir avec son chef, Manuel Marulanda, décédé le 26 mars 2008, et avec les différents groupes afin de coordonner leurs actions et, plus particulièrement, les déplacements des otages.

Casser un code n’est pas si simple

Il faut préciser que si l’interception des flux de communications est une chose, c’en est une autre de dire que les messages échangés étaient lisibles. Sans dévoiler de secrets, ils étaient chiffrés… Casser un code n’est pas aussi simple, même avec des calculateurs super puissants. Il ne faut pas oublier que les FARC connaissent parfaitement le terrain et les méthodes de la clandestinité, y compris techniques, notamment grâce à la formation reçue dans l’ex-URSS et les États satellites de l’ancien monde soviétique.

 

La DGSE, un métier…

Dans le cas qui nous intéresse, on peut même parler d’un double chiffrement, c’est-à-dire d’un message chiffré introduit de manière aléatoire dans une image, une photographie ou un texte scanné. On appelle ça la stéganographie. Ce n’est pas de la science fiction, tous les services secrets camouflent leurs liaisons opérationnelles par ce moyen. Un bon logiciel suffit, placé dans un vulgaire ordinateur portable Toshiba, comme celui de Reyes. Bien sûr, le progiciel en question ne se trouve pas dans le commerce… En fait, on pourrait dire que ce sont les messages « des Français parlent aux Français » utilisés pendant la Seconde Guerre en version XXIème siècle.

Tout ça pour dire qu’il était très important pour l’armée colombienne de récupérer au moins un ordinateur et pas seulement pour y trouver un quelconque mail sur une rançon, comme on l’a entendu récemment. Il fallait récupérer le fameux logiciel et les procédures informatiques employées. Une fois cette opération réalisée, qui peut nécessiter des jours, voire des semaines de travail, il est relativement facile de piloter à distance des groupes, notamment celui qui détenait Ingrid Betancourt.

Drones et satellites peu efficaces au-dessus de la forêt amazonienne

Les Colombiens ont-ils utilisé, comme cela a été écrit ici ou là, des drones, ces petits avions miniatures sans pilote et chargés de surveiller les mouvements au sol, et les images des satellites, avec l’aide des Israéliens et des Américains ? Difficile à dire. L’usage des drones semble, dans le cas présent, très délicat. Les clairières dans cette région sont moins nombreuses qu’on veut bien le dire et la couverture végétale est telle qu’il est difficile de voir à travers, y compris de détecter des émissions infrarouges. Par ailleurs, et un peu pour les mêmes raisons, la définition des images satellitaires, bien qu’ayant fait des progrès techniques considérables, n’est pas suffisante pour permettre de suivre à la trace des groupes de personnes. Il semble, par ailleurs, impensable que celui qui détenait Ingrid Betancourt ait pu être identifié par ce moyen. Ces outils sont très utiles dans le désert, dans les montagnes, voire en ville… Dans la forêt amazonienne certainement pas.

Y a-t-il eu rançon, question qu’on peut légitimement se poser, notamment suite à un commentaire d’un lecteur de Bakchich qui pensait que la rançon était évidente et qu’elle avait été réglée en faux billets fabriqués par la DGSE ? Les services français disposent des compétences pour fabriquer des faux, ça ne surprendra personne, mais ce type de fabrication a largement marqué le pas depuis de nombreuses années, depuis l’histoire des passeports suisses de l’affaire Greenpeace (1985). Quant à la fabrication de vrais faux billets made in DGSE, c’est à exclure immédiatement, le prix de revient est plus élevé que le prix réel. Non, pour les rançons… il y a les fonds spéciaux pour ça… ».

 

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