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20 juillet 2008 7 20 /07 /juillet /2008 11:15

C’est étrange de voir le sentiment de rejet à l’égard de la France de la part des anciennes colonies. Au dernier sommet de ce second mandat de Jacques Chirac, la tendance de rejet ne s’était pas exprimée avec autant de précision et de solennité. Le sommet France Afrique, dont une autre session incongrue vient de se tenir dans le sud de la France: ancienne puissance colonisatrice, entre dans les livres d’Histoire contemporaine comme une institutionnalisation de l’infantilisation des Africains. Les Africains sont fatigués de la France comme le laissent entendre monsieur Roussin lors d’une interview sur un grand média international.

Les anciennes colonies ont montré une forme de rejet à l’égard de la France lors de ce dernier sommet France Afrique. Il est indéniable que ces chefs d’Etat se sont rendus dans la région du sud de la France par amitié pour le président français. Jamais nous n’aurons vu et constaté une telle attitude de rejet à l’égard de la France. Est-ce parce que Chirac est en fin de mandat ? Y a-t-il une raison liée à l’expansion de la Chine sur le continent noir ? Jamais nous n’avions eu autant l’impression d’une agression permanente des consciences et d’une volonté aussi explicite d’obscurité dans la relation franco-africaine. La rencontre appelée sommet France Afrique, dont la dernière session incongrue vient de se tenir au sud de l’ancienne puissance colonisatrice, entre dans les livres d’histoire contemporaine comme une institutionnalisation de l’infantilisation des Africains et l’exercice d’un paternalisme inacceptable.

Pour souligner cette entrée en matière et donner le ton, ce sont deux spécialistes de cette relation scabreuse franco-africaine qui, aux travers de deux interviews accordées sur les ondes internationales, prennent leurs distances : la première déclaration du chef d’Etat gabonais Omar Bongo est édifiante : en parlant de la coopération chinoise, il dit sans ambages que la Chine fait en Afrique ce que la France ne peut pas faire. La seconde déclaration est de Michel Roussin, proche de notre chef de l’Etat Jacques Chirac et maître à penser d’un des investisseurs français sur le continent africain (président du comité Afrique du Medef et vice-président du groupe Bolloré) : il déclare en effet que “ les Africains sont fatigués de la France ”. Comment en arrive-t-il à cette conclusion ? Il nous faut entendre dans ces deux déclarations que ce que la France n’a jamais voulu faire, n’a jamais voulu entreprendre et ne fera jamais, ce sont les nouveaux investisseurs qui vont s’y atteler.

Qu’en est-il de la gravité de la situation ?

Les relations entre France et Afrique sont dégradées. La situation est autrement plus grave et plus préoccupante, tant la substance du dossier et les éléments constitutifs de l’accusation sont nombreux. La France : mère patrie, la fille aînée de l’Eglise catholique, pieuse à souhait lorsqu’il s’agit de parler de l’Afrique et de la justice internationale en faveur des pauvres, mais qui, à l’analyse, aurait planifié l’arriération de ses anciennes colonies qu’elle n’a jamais en réalité lâchées d’un seul pouce. La plupart des études démontrent la mainmise négative (ou éventuellement faiblement positive) de la France sur ses anciennes possessions coloniales et son peu d’empressement à favoriser leur évolution vers des modèles d’Etat effectivement indépendants, démocratiques et bien gérés.

Avec l’empressement de Sarkozy, ces derniers temps, à vouloir faire croire que les Africains étaient des fauteurs de troubles et ses propos déplacés (Kärcher, nettoyage, etc..), le sentiment selon lequel la France demeure la plus dangereuse et la plus nuisible des puissances pour l’Afrique s’est généralisé sur le continent. Cette tendance n’est plus une surprise, même si un grand nombre de jeunes, sachant qu’ils souffriront en Occident, s’obstinent à venir en France. La succession des ratés et des drames politiques dans la plupart des pays francophones du continent africain, laisse sceptique sur le rôle de la France.

La France et les Français seraient-ils devenus définitivement des méchants et des racistes qui ne conçoivent pas que les autres peuples évoluent ? Comment peut-on refuser avec autant de résistance à des peuples qui ont épousé votre culture, adopté votre langue, et copié bêtement vos institutions, le droit de se moderniser ? Le dossier africain avec la France est trop lourd et souillé à chaque page de cadavres et de crimes célèbres. Comment oublier, au Cameroun, Ruben Um Nyobè, le génocide en pays Bamiléké et l’empoisonnement de Félix Roland Moumié, au Burkina (le pays des hommes intègres), l’ostracisme à l’égard de Sankara et le cautionnement de son assassinat ? Comment expliquer à un Camerounais que le ciment coûte cher parce que la France a tout mis en œuvre depuis un quart de siècle pour empêcher l’implantation d’autres cimenteries afin de garantir le monopole absolu du groupe Lafarge Cimencam ? En République centrafricaine, les coups d’Etat successifs, au Rwanda, les horreurs entre Tutsis et Hutus ? Comment oublier le couronnement de Bokassa, et sa chute lamentable ? Et bien d’autres. Les dirigeants de la France ont laissé faire, voire encouragé cette situation détériorée.

C’est la France qui, dans toutes les instances internationales, soutient, ou feint de soutenir, les plus grandes initiatives de justice et de nouvel ordre international. Mais elle est également celle qui a soutenu les pires dictateurs du continent. Cette France est celle qui n’a vu au Togo que la paix et qui n’a vu en Centrafrique et au Tchad, que des terroristes à la place des combattants de liberté. Les Africains se sentent réduits à presque rien, devant la trahison par la France des idéaux de justice, de fraternité et de liberté qui fondent ses propres emblèmes, et dont elle refuse l’extension et le bénéfice aux Africains. Pour qui travaille la France lorsqu’elle intervient au Tchad et en Centrafrique ? Qui protège la France avec ses bases militaires avancées au Gabon ? Le dépit des Africains est encore plus grand et le contentieux plus cruel, lorsqu’ils s’aperçoivent que rien dans les générations montantes de dirigeants français, n’autorise à croire à un changement brutal de politique demain.

Lorsque Michel Roussin déclare que les Africains sont fatigués de la France, il oublie d’ajouter qu’ils sont également fatigués de ses combines et magouilles diverses. La France assiste aujourd’hui muette à tous les montages dangereux qui sèmeront guerres civiles et désolation dans quelques années. Lorsque la France se définit comme le plus africain des Européens, elle doit aussi savoir s’entourer de précautions afin de ne pas soutenir des saletés répugnantes à l’instar des actes de quelques régimes du continent. Aucune condamnation ferme n’est déclarée par un représentant français sur la Guinée du dictateur Lansana Conté. Qu’en est-il des Déby, Bongo, Bozizé, Sassou Nguesso et autres de dictateurs ? Ce qualificatif ne vaut que pour le président de Biélorussie, pour Castro, pour Chavez. Ce sont des anges qui gouvernent les pays africains, selon Paris, et ces anges sont tellement bien reçus à l’Elysée que l’on se demanderait si en fait, ils ne sont pas simplement victimes de certains jaloux.

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