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28 juillet 2008 1 28 /07 /juillet /2008 09:24

Depuis qu´on leur avait fait subir l´esclavage soit disant pour faire la liberté, qu´on leur avait imposé par la violence l´islam ou le christianisme comme seule source spirituelle et culturelle de valeurs ; depuis qu´on leur avait fait subir le colonialisme,  aujourd´hui la francafrique et le dictat économique et financier de l´hégémonie occidentale par la Banque Mondiale, le FMI, la FAO…etc, les pays africains ont difficile à s´orienter moralement et socialement vers des valeurs sociohistoriques propres.

Vivre sur la tête et croire à un Dieu étranger ? 

Ce phénomène est autant choquant que renversant parce que sans que les africains ne s´en rendent par eux-mêmes comptes, leurs valeurs, leurs jugements, leurs appréciations réelles sont continuellement désaccordées d´un principe pourtant instinctivement imminent à la race humaine : la protection sociale empressée à une source de valeurs culturelles propres à entretenir et protéger l´identité individuelle et le caractère sociohistorique des individus au sein de leur propre société. On a actuellement l´impression, lorsqu´on rencontre les africains ou lorsqu´on écoute leurs sociologues ou leurs historiens, que ceux-ci, comme Cheik Anta Diop, Bwemba Bong, Omotunde, Kaya, Doumbi Fakoly et autres, qu´ils sont bien conscients qu´il faut restaurer l´univers culturel noir africain détruit ou dispersé à tous les vents de l´histoire et lui donner une orientation positive. Mais est-ce chose aussi facile que cela ? Les logiques, les symboles, les rites et rituels détruits ou dévoyés de leur profond noyau de projection et de définition identitaire, se laissaient-ils réparer comme on le fait avec un appareil ménager ou une automobile ? Quel serait donc le meilleur moyen pour soigner le psychisme altéré de la race noire .

Cette question est tout le déboire socioéconomique et intellectuel actuel de l´Afrique. Parce que sans réelle orientation psychoculturelle résolvant ou enrichissant les conflits de valeurs qui se déroulent à tous les âges, à tous les niveaux et face aux diverses situations temporelles dans le psychisme culturel social et individuel identitaire des acteurs historiques et de leurs enjeux de réalisation, le désordre ou les choix momentanément destructeurs sont à l´ordre du jour. Car le lien protégeant l´intérêt initial sacré du soi a été déplacé ou détruit de son appartenance réelle. Il s´ensuit une dissociation, un déséquilibre d´identification ou de soin à ses intérêts et son identité propre qui mènent irrémédiablement à des choix sociaux et individuels dépourvus de la recherche de véritable réalisation. On se réalise alors par personne interposée, dans la culture étrangère plutôt que dans la sienne, on importe et on adule le fini des autres plutôt que d´élever et de parfaire sa propre capacité à créer ses propres moyens de satisfaction. Caractéristique de tout cela est le mépris qu´on a envers les gens doués, instruits (dont la société ne sait que faire ?) ou encore cette société, contrairement à l´instinct fondamental qui habite toute société humaine, ne reconnaît pas la valeur ou l´opportunité du progrès comme étant un vœu précieux d´amélioration de sa condition existentielle et de la satisfaction des besoins de ses membres. Un curieux phénomène qui crée la stagnation sociale et l´entretient au lieu de s´en délier pour aller de l´avant.

Maintenant celui qui croit qu´il n´existe pas d´intellectuels, d´ingénieurs ou de techniciens doués en Afrique se trompe. Il y en a certes moins qu´ailleurs dans les pays développés, mais il y en a bien. Mais ce qui fait la différence, c´est que dans les sociétés développées on emploie leur intelligence, leur capacité et leurs créativité afin de doter la société de meilleurs instruments et moyens de réalisation ; tandis qu´en Afrique, tout semble être mis en place afin que ces ingénieurs et techniciens ne trouvent pas emplois, qu´ils soient délaissés, sous payés ou aillent à l´étranger pour s´exercer ! Curieux, n´est-ce pas ? Une attitude que personnellement je qualifie de suicidaire, du moins de la plus haute irresponsabilité sociale. N est-ce pas incroyable de former des techniciens et des ingénieurs dont la société a un besoin urgent pour son avenir et ses grandissantes exigences face à la modernité et au progrès, pour leur priver de rendre les services pour lesquels ils avaient été formés !

Tout en Afrique se passe comme si une étrange inversion avait pris la place logique de décisions et d´intentions de gestion sociale du quotidien et de l´avenir. Si seulement cet avenir était entrevu et prévu ; parce que cette inversion ou cette destruction de positivité sociale de valeurs a une incidence secondaire néfaste : elle anile la plupart de projection du long terme, et ravale la vie sociale à un jour pour jour du court terme empêchant l´esprit et la production à discuter, critiquer ou prévenir le long terme en essayant de le maîtriser. Parce que cette tentative de maîtrise du long terme est en elle-même la qualité première du progrès.

On se demandera comment diable les sociétés acquièrent-elle cette qualité, et comment l´instaurer dans la société lorsqu´elle y fait défaut ? Il faut moins de science et de psychologique qu´on ne le pense. Il suffit seulement de penser à l´agriculture ou à l´élevage. Ces deux activités fondamentales de la société sédentaire et de toute société moderne nécessitent qu´on choisisse les grains qu´on doit planter 8sélection primaire), qu´on fasse la moisson à une époque déterminée afin qu´à une autre époque précise la récolte aie lieu. Et dès que celle-ci a eu lieu, on s´empresse de faire des réserves pour les mauvais jours, et on met de côté les grains qui pourraient assurer une bonne récolte prochaine. Pour l´élevage, c´est pratiquement la même chose, sauf qu´on croise les meilleures races entre elles pour obtenir de meilleurs résultats de bêtes résistantes ou meilleures productrices de viandes ou de lait.

En Afrique on peut voir à quel point ces deux activités sont délaissées ou confiées á un dilettantisme choquant. Résultats : la pénurie alimentaire en Afrique est quasi permanente. On a beau former des ingénieurs agricoles, et même former (sans grande conviction) des paysans ou mécaniser sporadiquement certaines production agricoles ; tant que l´esprit d´efficience et de perfectionnement systématique de ces vitales activités économiques pour la société faisaient défaut, les résultats seraient déplorables et insatisfaisants.

J´ai cité à dessein ces deux secteurs de production mères de toute société humaine ; notamment parce qu´elles sont génératrices de cuir (chaussures et meubles), de produits médicaux, de lubrifiants pour la production, de produits chimiques…etc. outre leurs qualités alimentaires élémentaires. Et lorsque nous parlons d´industrialisation, les esprits embués croient à tort qu´il s´agit de se doter ou d´importer rapidement des machines ou des usines clés sur portes ; ce qui n´est pas faux si on produit ces usines soi-même. Mais diable, il faut d´ABORD PRODUIRE les denrées à transformer ! Et le mieux, pour le départ, serait d´utiliser des moyens artisanaux élaborés pour la transformation, que de se jeter dans l´achat ou l´importation de systèmes industriels coûteux et ruineux du profit ou de l´économisme réel de ces activités.

Mais, revenons à notre psychisme enclavé ou désorienté : est-on surpris que la Ligue Arabe ainsi que l´Organisation de l´Unité Africaine se défendent du mandat d´arrêt émis contre le président Omar el Béchir du Soudan dans l´affaire du Darfour ? Et soyons francs, où étaient donc ces deux nobles institutions et leurs éminents membres depuis des années que les victimes scandaleuses du Darfour étaient, devant le monde entier, cruellement préjudiciés ? Depuis quand voit-on des représentants de l´ordre et de la justice sociale défendre des criminels ? N´est-ce pas renversant ?

Autre chose : les africains crient et s´égosillent auprès des occidentaux pour que ceux-ci leur relâchent leurs dettes publiques antérieures. Mais à y regarder de près, ces dettes, outre qu´elles ont servi dans leurs conditions secondaires à brader les barrières douanières des pays africains et ainsi les envahir des excédents alimentaires occidentaux ruineux à bas prix ; ces dettes n´ont, hélas, pas été employées à bon escient par les africains qui les ont destinées aux produits finis, à l´importation de produits de consommation de luxe ou pour financer des frais personnels couvrant les honoraires exubérants de certains dignitaires nationaux. En outre, la plupart de ces aides se retrouvait dans des comptes bancaires individuels en occident aussitôt accordés. Conséquences de tout cela : un appauvrissement persistant des masses populaires et la disparition des accumulations sociales avec lesquelles on aurait pu investir et soutenir les efforts exigeants du développement.

On se trouve donc, à mon avis, dans un système de logique inversée impropre à cultiver ou entretenir avec succès les buts, les conditions ou les moyens lui permettant d´aller de l´avant. L´apparition, dans ce désarroi de la gangrène de la corruption à un point insultant comme en RD Congo, au Nigeria le prouve : il y a manifestement une autodestruction par un choix malsain d´idéologie sociale dominé par la gabegie. Par ailleurs, il existe en Afrique un autre phénomène négatif : celui du choix de la médiocrité politique comme principe de gouvernance et de représentation institutionnelle. On est toujours surpris qu´un brillant Thomas Sankara soit assassiné avec la complicité de la France pour être remplacé par un Blaise Compaoré de la plus basse compétence. Ou encore au Congo Brazzaville, en RD Congo etc. La Françafrique et les intérêts occultes occidentaux et même chinois actuellement sont gérés par des clans de corrompus et d´illuminés siégeant le pouvoir africain ou le corrompant sournoisement pour y imposer des satrapes et des dictateurs qui ruinaient et endiguaient volontairement l´avenir de leurs propres peuples ! On se demande quelle notion ces malheureux ont du pouvoir public, et s´ils savent pourquoi le peuple les a élu. Certainement pas pour mourir de faim ou camper indéfiniment à la misère et à la mendicité !

C´est pourquoi je conseille tous ceux parmi les africains faussement scandalisés tout en entretenant volontairement ou pas les maux qui entravent un meilleur développement de l´Afrique, ceux qui, excédés et révoltés comme moi devant cette douloureuse réalité qui ruinait l´avenir de bien de femmes et d´enfants innocents, et même les occidentaux donneurs de leçons tout en ayant grassement joui des déboires et de l´exploitation ruineuse de l´Afrique, d´en revenir au bon sens et à une meilleure considération des droits et aspirations existentielles légitimes des africains. Et je considère comme insupportable, voire criminel d´exiger de l´Afrique qu´elle se détruise ou vive logiquement sur la tête afin que l´occident puisse s´enrichir et vivre dans l´abondance et la luxure. D´autre part, sans briser ce cercle vicieux éthique et logique, les africains continueront à tourner en rond tout en prétendant farouchement, et cependant sans le moindre succès palpable, aller de l´avant. Il ne suffit pas, pour changer les choses au mieux de répondre en bon et excellent français au discours maître d´école d´un prétentieux Sarkozy, de prétendre de son génie alors que ce génie n´était nulle part visible ou applicable en Afrique, ou encore d´acclamer aveuglement ou de soutenir ces incapables au pouvoir en Afrique parce qu´on avait pris l´habitude d´accepter les faits accomplis ou qu´on n´a pas appris à aimer l´effort, ou simplement à s´aimer soi-même autrement qu´en se projetant sur quelqu´un d´autre.

L´Afrique a certes souffert de bien de maux dans le passé, et vraisemblablement elle n´est pas encore sortie du labyrinthe douloureux de ses erreurs et de ses manquements. Mais ce continent a, quoiqu´on veuille le préjudicier ou l´empêcher d´accéder à la liberté, à l´endroit de ses enfants de ses cultures et de son histoire, le devoir légitime de protéger tous ses enfants de la misère, de la mendicité, de l´ignorance…de toutes les conditions néfastes pouvant entraver ou empêcher le meilleur épanouissement de ses habitants. Et plus rapidement on lui rendra son univers logique positif, productif et créatif ; au mieux ce continent pourra-t-il remplir ses devoirs envers lui-même. Et devenir pour les autres partenaires du monde, un partenaire fiable, crédible, et respectable. Actuellement l´Afrique est plutôt faible et malade d´elle-même autant qu´elle subit par trop violemment tous les vices que lui ingurgitent des intérêts étrangers unilatéraux. Ce n´est ni juste, ni humainement soutenable dans notre monde civilisé, et nous sommes tous appelés à changer cet état honteux des choses.

 

Musengeshi Katata

"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"

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