27 août 2008
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Source: Walfadjiri - L’affaire Hissène Habré intéresse la France. Après RamaYade, le secrétaire d’Etat à la coopération et à la Francophonie, Alain Joyandet, voilà que le porte-parole du Quai d’Orsay réaffirme la volonté de la France de voir se tenir le procès contre Hissène Habré. Eric Chevalier l’a fait savoir, avant-hier, lors d’une conférence de presse. Pour lui la France attache ‘une grande importance à la tenue de ce procès’. Surtout que les autorités tchadiennes ont fait savoir que les faits imputés à Hissène Habré, condamné récemment à mort par la Cour criminelle tchadienne, n’ont rien à voir avec ceux qui doivent le conduire devant les tribunaux sénégalais.
(Correspondant permanent à Paris) - La diplomatie française met la pression sur le Sénégal pour la tenue du procès d’Hissène Habré. En conférence de presse, avant-hier, le porte-parole du Quai d’Orsay, Eric Chevalier, a tenu à faire savoir que la France veut que le procès intenté contre Hissène Habré se tienne au Sénégal. ‘Comme l'Union africaine et de nombreuses Ong, nous attachons une grande importance à la tenue de ce procès d'Hissène Habré’, a affirmé Eric Chevalier. Avant d’ajouter : ‘Nous saluons l'engagement du Sénégal de juger Hissène Habré sur son sol. C'est un geste courageux et un signe fort pour la lutte contre l'impunité, en Afrique et ailleurs’.
Mais l’on sait que le ministre sénégalais de la Justice, Me Madické Niang, s’était interrogé sur la pertinence du procès tenu récemment au Tchad contre le même Hissène Habré. Il avait fait savoir que si ce procès de Ndjaména avait été tenu sur les mêmes faits pour lesquels devait être jugé Hissène Habré au Sénégal, alors l’ancien président du Tchad réfugié au Sénégal risquait de ne pas être présenté devant les juridictions sénégalaises. ‘Si Hissène Habré a été jugé pour les mêmes faits, il ne pourra plus comparaître devant aucune autre juridiction au monde’, avait soutenu Madické Niang. L’ancien président tchadien, Hissène Habré n’aurait pas été condamné à mort par contumace pour ‘les faits commis lors de son règne, mais plutôt pour l’attaque de Ndjaména de février 2008’ avait, en son temps, précisé le ministre tchadien de la justice. Ces précisions tchadiennes vont rassurer les autorités sénégalaises. Mais il reste que les avocats d’Habré sont convaincus qu’il n’y aura pas de procès au Sénégal.
C’est dans ce contexte qu’il faut situer la sortie du porte-parole du Quai d’Orsay, rappelant que c’est ‘en juillet 2006, que l'Union africaine a mandaté le Sénégal pour juger l'ancien président Hissène Habré accusé d'avoir commis des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre et des actes de torture durant sa présidence du Tchad de 1982 à 1990’. Avant de prendre note des explications du ministre de la Justice du Tchad sur le procès de la Cour criminelle tchadienne contre l’ancien président tchadien. ‘Quant à la récente condamnation d'Hissène Habré au Tchad, dans le cadre d'un procès instruit par la Cour criminelle tchadienne, nous avons pris note des indications données par la justice tchadienne selon lesquelles il s'agissait d'une procédure engagée pour d'autres motifs que ceux pour lesquels le Sénégal a été mandaté. Cette procédure ne devrait donc pas affecter le processus entamé au Sénégal’, a fait remarquer Eric Chevalier.
Et la France s’engage à soutenir le Sénégal dans l’organisation du procès, a encore réaffirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la France. ‘Pour y aider, nous nous sommes engagés aux côtés de l'Union européenne à soutenir les autorités sénégalaises dans l'organisation du procès. L'Union européenne a mandaté une mission d'experts européens à Dakar afin d'examiner les différents aspects du déroulement de la procédure, en particulier sur le plan juridique et financier’, fait-il valoir. Avant de rappeler que ’la France et l’Union européenne sont opposées à la peine de mort, quelles que soient les circonstances invoquées’, montrant ainsi son opposition implicite à la condamnation à mort d’Hissène Habré par contumace par le Cour criminelle tchadienne. Car au Sénégal, la peine de mort a été abolie par le président Wade. En conséquence, si Hissène Habré se retrouvait condamné à l’issue du procès, les juridictions sénégalaises ne pourront pas prononcer la peine de mort.
Moustapha BARRY