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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 09:59

Après un demi-siècle d’existence  souveraine, le Tchad peine encore et trébuche toujours sur le chemin de sa construction nationale. Cinquante années dans la vie d’une nation, c’est peu, c’est même insignifiant, on se serait tenté de le dire. Mais au vu de l’évolution  actuelle et du résultat jusqu'ici obtenu en ce domaine, on peut dire que le Tchad chancèle sur son chemin : plus les années passent, plus le repli communautaire gagne du terrain. C’est ainsi qu’aujourd’hui, le tribalisme rétrograde redevient la mode ; c’est même, malheureusement, l’un des champs les plus fertiles de nos politiques, pour la plus part déshérités d’innovations nationales. On snobe en matière clanique et ou tribal pour se faire voir, pour se valoir et exister politiquement, tout en gardant l'œil sur son kalachnikov.

Devons-nous, nous aussi, faire comme eux? Non, certainement pas. Ce n’est pas et ce ne sera certainement pas notre tasse à café. Si nous prenons néanmoins aujourd'hui ce chemin, celui des armes, c'est justement parce qu'on ne nous laisse pas d'autres alternatives. Personne, par exemple, n'est  disposé à nous donner l'occasion d'exprimer notre sensibilité politique et d'exposer notre idée du Tchad, tel que nous le ressentons et le concevons; notre vision de la coexistence nationale. La lutte armée devient, ici,  non pas une fin en soit mais un moyen, une nécessité légitime inévitable pour nous permettre d'obtenir ce que nous n'avions pas pu obtenir avec de larmes.

Au delà, nous ne manquons pas d'occasion de nous questionner inlassablement: pourquoi le politique tchadien peine à construire un projet national porteur d’ambitions nationales? Oui, cette question nous taraude et elle est, cette année, à la base et le fondement des thèmes de notre onzième Convention Nationale d’août prochain.

Nous ne sommes pas contre les tributs moins encore les ethnies ou l’ethnicisme. Au contraire nous reconnaissons la valeur historique des ethnies au sein du peuple tchadien. Ce peuple aux histoires millénaires est issu des diversités culturelles qui ont toujours caractérisé sa configuration. C’est de cette diversité, de ce pluriethnicisme que nous puisons et nous allons encore certainement puiser notre force et notre raison d’exister en tant qu’entité nationale, en tant que peuple, fraction intégrante de l’humanité.

Tout comme la diversité biologique constitue une chance formidable pour l'humanité, nous pensons que la diversité ethnique est une chance inouïe pour  pour le Tchad. Qu’on se rappelle cette formule célèbre: « c’est parce que je suis ce que je suis que toi tu es ce que tu es ». Autrement, tu n’existerais  pas si moi je n'existe pas; je n’existerais pas si toi tu n'existe pas! Car c’est  dans et de nos différence que nous tirons et tenons nos identités respectives. C’est dans le fait qu’il y a un Nord et un Sud que chaque entité géographique tient sa position et justifie sa localisation géographique par rapport aux parallèles, aux méridiens et aux abscisses mondiaux.  Le Tchad et son peuple tiendront leur existence nationale dans cette diversité. Les nostalgiques du désordre passé doivent comprendre que plus jamais aucune fraction du peuple ne les suivra  indéfiniment dans une politique de haine, de pillages étatiques, de razzias, de meurtres, d’assassinats et du désordre planifié. Le peuple est fatigué et il est décidé à tracer son chemin dans l’unité, l’amour, le travail, la solidarité et la tolérance active : des valeurs qui faisaient naguère sa fierté.

Finalement le peuple uni dans sa diversité finira par triompher sur les forces du mal et antiprogressionnistes. Oui, c’est de, par, avec et dans nos diversités ethniques, religieuses et confessionnelles que jaillira la modernisation de la culture nationale qui créera notre identité en tant que communauté juridique nationale. Nous sommes plus que convaincus qu’un jour viendra où le peuple tchadien, tous les tchadiennes et tchadiens seront soumis aux mêmes lois de la République, aux mêmes devoirs, aux mêmes droits. Il n’y a pas et il n'y aura pas d’autre alternative. Ça prendra le temps que cela prendra. Mais c’est inévitable : le banditisme organisé à la bohême inhumaine sera rayé un jour des rayons de nos supermarchés. Il s’agit-là d’une certaine vision de l’Etat national que nous nous sommes faite. Mais cet Etat national ne nous tombera pas du ciel comme un fruit mûr. Il y a des préalables à cela : des sacrifices, des renoncements aux privilèges mal acquis et injustement consolidés ; bref du travail politique national à faire pour décloisonner nos enjeux locaux. C’est là que se trouve évidement la tâche primordiale des politiques d’aujourd’hui.  Car dans et pour une nation qui se cherche, le rôle majeurs des acteurs politiques est de faire jouer de l’harmonie  des cœurs et des esprits sur le clavier des consciences du peuple. Faire susciter la modernisation de la culture nationale, l’émotion et des symboles nationaux qui font rêver un peuple. Telle, à notre sens, la tâche essentielle des politiques. Oui, en tant que politiques, nous devons donner l’occasion à nos concitoyennes et concitoyens de rêver du bon rêve. Nous devons être en mesure de faire susciter des émotions nationales, partout et en tout temps ! Les politiques ne doivent pas se servir des antagonistes ethniques existant à des fins égoïstes. Nous ne devons pas nous servir de l’existence des ethnies comme moyens de luttes politiques. Ce n’est pas ce que le Tchad et le peuple tchadien attendent de leurs politiques.         

Quant à nous, nous sommes, bien entendu, des femmes et des hommes politiques tchadiens de diverses sensibilités, de diverses croyances et de provenances ethniques multiples. Au centre de notre conviction il y a un « PPDC » (un Plus Petit Dénominateur Commun). Ce PPDC, c’est le Tchad. Ce qui nous unit, ce qui nous rassemble, n’est ni le « Nord-Sud », ni le « Chrétien-Musulman » mais bien le désir, le vouloir [non seulement] de vivre ensemble mais aussi et surtout le vouloir « Mieux Vivre-Ensemble ». C’est cela notre vision politique ; notre identité remarquable de femmes et d’hommes tchadiens qui aspirent au confort et au bien-être! Le plus important de tout cela [et c’est unique dans la configuration politique du Tchad], c’est que chacun de nous, chaque groupe qui nous compose, existe avec et dans son identité politique, culturelle et religieuse. C’est ce qui constitue  notre force, la force sociale inégalable de notre « Engagement pour le Tchad ». Un « Engagement » porteur d’une nouvelle espérance !

Aujourd’hui, dans la vie politique et sociale tumultueuse que connaît le Tchad, nous décelons, certes, nos faiblesses mais nos forces, elles aussi, sont là, omniprésentes. Le moment viendra où cette force sociale, que nous constituons, s’exprimera et ira se présenter devant le tribunal du peuple pour requérir son verdict. Cette force sociale, vêtue d’une nouvelle toge politique, assumera un jour avec l’aide de Dieu des responsabilités nationales. Nous continuerons à puiser [nos nécessaires énergies] à la source de nos diversités ethniques et culturelle pour agrandir nos rangs, élargir notre audience nationale ; nous renforcer, grandir et mûrir politiquement !

Pour nous, l’identité plurielle du Tchad précède notre existence et non le contraire. Car notre peuple a toujours été un peuple de diversité culturelle. Ce passé tchadien, riche et séculaire, n’est pas incompatible à la construction nationale. Au contraire, c’est un atout. C’est sur lui, sur ce passé diversifié, que nous entendons tisser notre vision du Tchad ; bâtir notre identité et existence nationales. C’est dans, par et avec ce passé et l’actuel présent diversifié que nous entendons fixer les lignes de conduite de notre politique de la construction nationale. Cependant, cette construction exige de nous un toilettage patriotique : nous devons nous débarrasser de tares sociétales qui nous empêchent jusque-là de faire notre unité. En premier lieu nous devons combattre le désœuvrement et l’ivrognerie de notre jeunesse qui mérite protections juridique et sociale, face au phénomène de la consommation capitaliste mortelle ; nous devons reconnaître à la femme tchadienne sa vraie place et son vrai rôle dans nos sociétés ; nous devons  nous donner les moyens politiques de garantir une fin de vie digne à nos aînées ; nous devons nous approcher un peu plus, les uns des autres, nous découvrir réciproquement et surtout nous devons rompre avec le tribalisme périmé et le régionalisme rétrograde.

Michelot Yogogombaye

Rdpl, Mieux Vivre-ensemble

rdpltc@gmail.com / www.rdpltchad.ch

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