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1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 10:48

Le leader libyen Mouammar Kadhafi.

Après avoir accueilli des dizaines de chefs d’Etat africains, venus assister, lundi, à la « séance spéciale » de l’Union africaine (UA) consacrée aux conflits sur le continent, le « Guide » libyen, 67 ans et le plus ancien chef d’Etat au pouvoir en Afrique, a voulu fêter, ce mardi, ses 40 ans à la tête de son pays. Les festivités vont inclure un défilé militaire et un spectacle haut en couleurs sur une scène immense. Des dizaines de présidents et chefs de gouvernement, notamment africains, seront présents. On a néanmoins remarqué l’absence de chefs d’Etat occidentaux.   

C’est le 1er septembre 1969 que le jeune capitaine Kadhafi, 27 ans à l’époque, a renversé le vieux roi Mohammed Idris el-Sanousi en compagnie de douze autres jeunes officiers. Il a ensuite procédé à une révolution culturelle islamique et à l’instauration, en 1977, de l’Etat des masses, la Jamahiriya arabe populaire et socialiste. Dans un premier temps, il a réussi à appliquer une politique sociale notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, après avoir nationalisé les intérêts pétroliers étrangers, notamment américains et britanniques. Pour appliquer sa « révolution verte », Kadhafi a aboli la Constitution, les partis politiques et les syndicats. Son pouvoir personnel s’est en grande partie basé sur des comités populaires et sur les tribus.

Le « Guide » a voulu exporter sa révolution vers les pays voisions, ce qui lui a valu quelques problèmes notamment avec l’Egypte. Déjà, en 1969, Nasser n’a pas voulu de ce jeune officier idéaliste. Le rapprochement avec la Tunisie et l’Algérie a aussi fait long feu. Ni à l’est ni à l’ouest de son pays aucune alliance n’a été possible.

Kadhafi au ban des nations

Il s’est alors tourné vers le Sud et, en 1973, a occupé militairement la bande d’Aouzou, au nord du Tchad. Cette campagne n’a pas eu, non plus de grands succès. Dans les années 1980 il y a subi de lourdes défaites. Son armée n’était visiblement pas préparée pour descendre si loin de Tripoli, malgré les énormes revenus pétroliers. Et c’est alors que Kadhafi a voulu jouer une nouvelle carte, celle du terrorisme. On lui attribue la paternité d’un attentat à Berlin-Ouest, en 1986, tuant des militaires américains dans une discothèque. Les Etats-Unis ont alors réagi en bombardant Tripoli et Benghazi, mais sans toucher le colonel qui dormait sous sa tente.

En décembre 1988 la Libye est mise en cause lors de l’attentat contre un Boeing de la Pan Am qui fait 270 morts, à Lockerbie, en Ecosse. Les Libyens sont aussi accusés d’avoir organisé l’attentat contre un DC-10 de la compagnie française UTA, faisant 170 victimes quand l’appareil survolait le désert du Ténéré au Niger, le 19 septembre 1989. Après ces événements tragiques, le Conseil de sécurité des Nations unies décrète, en 1992, un embargo aérien et militaire contre Tripoli, étant donné que la Libye refusait de collaborer aux enquêtes relatives aux deux attentats. Et en 1994 la Cour internationale de justice rétablit la souveraineté du Tchad sur la bande d’Aouzou.

On peut affirmer que le colonel a adopté, ensuite, une sorte de profil bas jusqu’en 1999, date du début du procès des suspects libyens impliqués dans l’attentat de Lockerbie. En 2001, l’agent libyen Abdel Basset Ali al-Megrahi est condamné à la prison à vie par la justice écossaise. Et, en 2003, Tripoli annonce la fin de son programme de développement d’armes de destruction massive et accepte de payer 2,7 milliards de dollars d’indemnisation aux familles des victimes de l’attentat de Lockerbie. En 2004, un accord identique a été conclu avec les familles des victimes de l’attentat de l’avion de l’UTA.

2006 : la fin du purgatoire

Les relations entre Washington et Tripoli se rechauffent. La Libye cesse d’être définie comme un Etat soutenant le terrorisme. Tripoli devient une capitale accueillant un grand nombre de visiteurs internationaux. Le régime a décidé de s’ouvrir aux investisseurs étrangers et de s’approcher de plusieurs Etats occidentaux, notamment européens. Et, en 2009, le colonel est élu à la tête de l’Union africaine pour un an. Le « Guide suprême » s’est même autoproclamé « roi des rois traditionnels de l’Afrique ».

C’est donc une fête digne d’un Mondial de football qui va marquer le 40ème anniversaire de l’arrivée de Mouammar Kadhafi au pouvoir. Les invités vont pouvoir assister, à Tripoli, à des spectacles, dans une scène immense. Pour reprendre la formule d’un diplomate, « nous sommes là parce que la révolution libyenne fête ses 40 ans » et ils seront pratiquement tous là, si l’on en croit les autorités de Tripoli. En effet, une trentaine de chefs d’Etat africains se sont déjà déplacés à Tripoli, pour assister, lundi, à la « session spéciale » de l’Union africaine consacrée aux conflits du continent. C’est le cas notamment du président soudanais Omar el-Béchir, pourtant visé par un mandat d’arrêt international. On a néanmoins remarqué les absences du président sud-africain Jacob Zuma, du Sénégalais Abdoulaye Wade, du Nigérian Umaru Yar’Adua et de l’Ougandais Yoweri Museveni. Les dirigeants européens seront également absents de ces festivités, à cause notamment de la façon dont le colonel a accueilli Abdel Basset Ali al-Megrahi, libéré le 20 août dernier par la justice écossaise pour raisons médicales (cancer en phase terminale).

La France sera représentée par son secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, qui va aussi inaugurer l’hôpital de Benghazi. La rénovation de cet hôpital faisait partie des promesses d’aide humanitaire présentées par les Français et les Européens, lors de la résolution en 2007 de l’affaire des infirmières bulgares, emprisonnées en Libye, accusées d’avoir contaminé des enfants par le virus du sida.  

Rien n’est trop grand pour le « Guide »

Sous une tente géante dressée sur le front de mer, à quelques mètres de la Place Verte, des portraits géants du colonel Kadhafi recouvrent les façades de cette place, haut lieu de la révolution libyenne et qui sera, mardi, le point de départ des festivités du 40ème anniversaire de l’accession au pouvoir de Mouammar Kadhafi. Les capacités hôtelières étant limitées, un énorme bateau de croisière est déjà à quai, pour accueillir les délégations. Le long de la corniche, des centaines d’ouvriers d’Afrique subsaharienne, mais aussi des ressortissants du sous-continent indien, taillaient les arbres et plantaient du gazon.

Les observateurs à Tripoli affirment que les exportations de pétrole, évaluées à 46 milliards de dollars en 2008, pour un pays d’à peine six millions d’habitants, sont d’un ordre de grandeur équivalent aux exportations d’un autre grand producteur comme l’Arabie Saoudite. Kadhafi a certes bien réussi dans ce secteur, mais beaucoup moins dans la répartition des richesses du pays, où une partie non négligeable de la population doit survivre grâce à des subsides. Et dans ce 40ème anniversaire on parlera également, mais en privé, d’un sujet tabou : la succession du « Guide ».    

Rfi.fr

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