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20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 12:25
web-niger--469x239.jpgUn colis destiné à Mamadou Tandja traverse
un mur proche du palais présidentiel.

La communauté internationale a condamné le putsch contre Mamadou Tandja. Mais la population n’est pas étonnée de la destitution du président qui s’accrochait envers et contre tout au pouvoir. Les compagnies minières sont dans l’expectative Vendredi, au lendemain de la prise du palais présidentiel à Niamey, au Niger, les condamnations unanimes de la communauté internationale contrastaient avec le calme des Nigériens, prêts à accorder le bénéfice du doute à la nouvelle junte au pouvoir. Cette dernière, autoproclamée Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSDR), est menée par Salou Djibo, le commandant de la Compagnie d’appui de Niamey. Il est entouré d’une quinzaine d’officiers, dont certains, mieux connus du public, ont participé aux coups d’Etat de 1996 et 1999, rappelait l’AFP. Levée du couvre-feu Jean Ping, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), a le premier «condamné la prise du pouvoir par la force au Niger» et exigé un «retour rapide à l’ordre constitutionnel». La France, qui a exercé sa tutelle coloniale sur ce vaste pays des confins du Sahel jusqu’en 1960, a engagé «tous les acteurs, y compris les forces armées, à trouver par le dialogue […] une solution à la crise». Ces admonestations semblent avoir été entendues par les militaires du CSDR: à peine plus de vingt-quatre heures après leur coup, ils annonçaient la levée du couvre-feu imposé la veille et la réouverture des frontières. Le président déchu, Mamadou Tandja, séquestré depuis le putsch dans un endroit inconnu «se porte très bien», a assuré à l’AFP un officier mutin. Dans les rues de la capitale, le calme régnait hier, «comme si de rien n’était», relatait Christine, assistante sociale à Niamey: «Les gens vaquent à leurs occupations, le marché est ouvert et les enfants sont à l’école.» Selon elle, beaucoup de Nigériens étaient d’avis que le maintien au pouvoir de Mamadou Tandja, 71 ans, «avait trop duré». Elu en 1999, puis reconduit pour cinq ans en 2004, il avait obtenu en août 2009 l’allongement de son mandat de trois et la possibilité de se représenter au terme d’un référendum constitutionnel vilipendé par l’opposition, la société civile et les observateurs étrangers. En octobre, le boycott des législatives par l’opposition avait assuré une victoire massive à son parti. «Le coup d’Etat n’a surpris personne, commente Akly Joulia, chef d’entreprise au Niger. L’entêtement du président contre tous a provoqué une rupture avec le peuple. Il a perdu de vue la réalité». La réalité était celle d’une exaspération croissante de ses 14 millions de concitoyens, les plus pauvres de la planète selon l’indice de développement humain de l’ONU (182e rang sur 182 en 2009). «La situation économique est difficile pour tous, les gens se plaignent», relève Christine. La suspension par l’Union européenne, en novembre passé, de son aide au développement pour sanctionner l’obstination autocratique de l’homme au béret rouge n’augurait pas d’une amélioration de leur sort. Et la médiation entre le président et son opposition initiée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en décembre, deux mois après l’exclusion du Niger de ses instances, ne montrait aucun signe de progrès. «Seule une intervention de l’armée pouvait lever ce blocage politique», estime Akly Joulia. Pour l’heure, le CSDR, qui a prononcé la suspension de la Constitution, la dissolution des institutions, et se prévaut «d’idéaux» en matière de gouvernance, n’a pas présenté de programme politique ni évoqué un retour à l’ordre civil. Tout au plus a-t-il mentionné la création d’un «conseil consultatif». L’étranger aux aguets La population est dans une expectative sereine. La communauté internationale, elle, est aux aguets: pays de pauvres, le Niger est l’un des trois plus riches du monde en uranium, pactole lorgné autant par le géant français du nucléaire Areva (qui en retirera la moitié de ses approvisionnements à terme), que par les Chinois, les Canadiens ou les Kazakhs. Ces dernières années, à la faveur du regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire, Mamadou Tandja a distribué à tout va les permis de prospection et d’exploitation, jouant habilement de la rivalité entre les différents pays intéressés. Et en juin dernier, les Chinois mettaient 5 milliards de dollars sur la table pour être les premiers à s’arroger le privilège d’exploiter le pétrole nigérien récemment découvert. «Beaucoup de contrats ont été renégociés. Tandja recevait des délégations du monde entier. Cela a pesé dans la balance pour son maintien au pouvoir», estime Catherine Morand de Swissaid, très impliquée au Niger. «Il est peu vraisemblable que les compagnies minières soient derrière ce coup d’Etat. Au contraire, elles ont besoin de stabilité pour que leurs contrats soient honorés, et de sécurité pour leur matériel et leurs hommes», note de son côté Philippe Hugon, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques. Areva s’est refusé à tout commentaire de la situation nigérienne.
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