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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 18:04
photo_1267035485602-2-0.jpgRécit

Fils d’un fondateur du parti islamiste, Mosab Hassan Youssef confesse avoir œuvré secrètement pour les services israéliens.

Il affirme avoir fait capoter, en 2001, une tentative d’assassinat du président israélien actuel Shimon Pérès, avoir contribué à l’arrestation du leader du Fatah Marwan Barghouti et empêché des dizaines d’attentats-suicides anti-Israéliens au début des années 2000, en pleine seconde Intifada. Pour les agents du Shin Bet, les services de sécurité intérieurs israéliens, qui le supervisaient, Mosab Hassan Youssef était bien plus qu’un informateur hors pair. Ils l’avaient surnommé le «prince vert» : prince parce que fils de cheikh Hassan Youssef, un des fondateurs du Hamas en Cisjordanie, et vert en référence à la couleur du drapeau du mouvement islamiste.

Taupe d’Israël au sein de la hiérarchie du mouvement palestinien pendant plus de dix ans, se servant de son père pour obtenir les informations les plus sensibles, Youssef, qui s’est converti au christianisme et vit aujourd’hui en Californie, s’est confié dans une longue interview au quotidien israélien Haaretz, prélude à un livre (Fils du Hamas) qui doit sortir la semaine prochaine aux Etats-Unis.

En 1996, Mosab Hassan Youssef, aujourd’hui âgé de 32 ans, étudie à l’université de Bir Zeit, près de Ramallah, où il est membre de l’organisation étudiante du Hamas. Il se fait arrêter à un check-point en possession d’une arme et conduire au quartier général du Shin Bet, dans le centre de Jérusalem. «J’ai été torturé et battu plusieurs fois pendant mes interrogatoires. […] Un homme du Shin Bet est venu et m’a proposé de travailler pour eux», explique-t-il dans l’interview. Youssef accepte : «Je pensais devenir un agent double et me venger du Shin Bet et d’Israël.»

«un traître». Mais tout change lors de son séjour de seize mois dans une prison israélienne, où il est détenu pour ne pas éveiller de soupçons sur sa collaboration avec l’Etat hébreu. Il explique :«Je me suis retrouvé avec des dirigeants du Hamas qui avait mis sur pied une sorte d’organisation de sécurité interne, du nom de Majad, chargée de démasquer les agents d’Israël. Ils torturaient les prisonniers, la plupart du Hamas, soupçonnés de collaborer. C’est là que j’ai cessé de croire dans le Hamas. Ils tuaient les gens sans raison. Alors que tout le monde m’avait mis en garde contre le Shin Bet, pour la première fois de ma vie, j’ai vu des hommes du Hamas torturer leurs camarades, des membres de leur peuple, avec une cruauté sans précédent.»

Dès sa sortie de prison, en 1997, il commence à travailler pour le Shin Bet et infiltre le cœur de la direction du Hamas en Cisjordanie. Avec le déclenchement de la seconde Intifada, en octobre 2000, ses activités s’intensifient. Dans l’interview à Haaretz, il raconte, avec abondance de détails, certaines de ses opérations, qui ont conduit à l’arrestation, et dans certains cas à l’assassinat, d’organisateurs d’attentat. Il confie ses motivations : «Je voulais sauver des vies israéliennes et palestiniennes. Et c’est ce que j’ai fait. Je ne l’ai pas fait sous la pression du Shin Bet ou pour l’argent. […] Je me suis dit que cela m’était égal de passer pour un traître. J’étais tellement content lorsque je parvenais à stopper un attentat-suicide.» Il explique aussi comment il a, à plusieurs reprises, sauvé la vie de son père en utilisant ses liens au sein du Shin Bet. Un père, emprisonné depuis 2005, qui a qualifié son récit de «pur mensonge», tout comme la direction du Hamas à Gaza.

En 2007, après sa conversion au christianisme, Mosab Hassan Youssef part s’installer aux Etats-Unis. Il est peu prolixe sur les raisons de son départ, s’étonnant seulement que les services secrets israéliens aient tenté de le retenir : «Le Shin Bet a fait pression pour que je revienne. Ils ont même dit au FBI que j’étais le fils d’un terroriste dangereux dans l’espoir que je n’aurais pas d’autre choix que de revenir.»

«improbable». Ces révélations tombent à pic pour Israël : elles portent un coup au crédit du Hamas et sèment un peu plus la zizanie entre le mouvement islamiste, qui contrôle la bande de Gaza, et le Fatah. Dans la guerre de propagande qui les oppose, le Fatah a donné une large publicité au récit de Youssef, tandis que le Hamas niait en bloc. Selon Haaretz, des responsables islamistes auraient fait pression sur lui pour qu’il se taise.

Mais, même du côté israélien, certains s’interrogent sur de possibles exagérations. «C’est trop beau pour être vrai», commente Gideon Ezra, ministre de l’Environnement et ancien chef adjoint du Shin Bet, où il a servi pendant plus de trente ans, de 1962 à 1995.«Je n’étais déjà plus au Shin Bet à l’époque des faits rapportés par Youssef. Mais cela me paraît très improbable qu’un même homme ait pu accomplir autant de tâches à la fois. Je ne pense pas non plus que le Shin Bet ait accordé à ce point sa confiance à un informateur», a-t-il précisé dans un entretien à Libération. Et d’ajouter : «L’histoire de Youssef, même si elle est en partie vraie, n’est pas si exceptionnelle, malgré ce qu’il laisse entendre. Il y a des centaines de collaborateurs comme lui. La seule différence c’est que lui sort un livre là-dessus.»

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