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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 13:46

images OKTout le monde sait que les pays africains ont été fabriqués par les colonisations sans de véritable base historique et culturelle, mais plutôt géographique. Pendant longtemps la frontière héritée de la colonisation était considérée sacro-sainte bien que beaucoup de nos problèmes sont liés à celle-ci. Mais, aujourd’hui, surtout à la veuille de la proclamation de l’indépendance du Sud Soudan,  l’ouverture de débats francs et objectifs sur ce sujet s’imposent. Ceci est dans l’intérêt de l’avenir de notre Continent pour mettre en place le véritable jalon d’un développement harmonieux et une stabilité politique pérenne. 

 

Nous savons tous que les différents régimes qui se sont succédé au Tchad ont pratiquement mis d’éponge sur l’histoire précoloniale du Tchad, en choisissant la date de naissance du peuple comme étant l’arrivée de la colonisation. Comme la plupart de ces dignitaires de régimes ont été moulés et intellectuellement anéantis/assujettis par la colonisation, ils ont assuré la continuation du système colonial dont l’un de ses grands objectifs a été de faire croire aux indigènes qu’ils ont été sauvages et barbares, et qu’ils les ont sauvé avec le triple C (Christianité, Civilisation et Commerce). Ce qui est d’ailleurs confirmé par les propos de Sarkozy au Sénégal en 2009. C’est aussi vrai avec tous les envahisseurs, leur première cible est de détruire les valeurs identitaires de peuple conquis et les remplacer avec les leurs pour réellement les assujettir.  

 

Ainsi, la nation existe dans la bouche mais très peu dans le cœur ; Un hymne national, une forme d’Etat, un Drapeau, un nom inconnu du pays et une Devise tous légués par la colonisation. Ce qui fait que tout le monde pille, tue, sabote sans merci cette nation et l’attachement au clan/région est de loin plus fort qu’à l’allégeance à la nation tchadienne. Ainsi, notre parcours de cinquante ans, de soit disant indépendant, a été émaillé de dictatures, rebellions, tortures, oppressions, humiliations, etc. Nous avons continué de démontrer nos caractères primitifs à l’ancien oppresseur en n’étant pas capable d’analyser les causes profondes de nos mots et tracer le chemin du futur. Essayons de voir plus clairement quelques uns de ces mots :  

  1. La forme de l’Etat : Un Etat unitaire (accepté sans question) dans un pays diversifié qui ne permettait pas un système de gouvernance participative et démocratique pour le peuple par le peuple. C’est pourquoi nous avons eu une  succession des rebellions depuis l’indépendance qui ont toujours réclamé la justice sociale sans pouvoir stipuler clairement les vraies causes de la soi-disant injustice et proposer d’alternatives concrètes. C’est aussi illustré par le fait que nous avons brulé les armes pendant la Conférence Nationale comme si c’est les armes qui ont été les causes, mais les rebellions ont continué par la suite. Par exemple, nous avons entendu nos parents dire que quand les colons blancs ont quitté, ils ont été remplacés par les colons Sara. Et par la suite les Sudistes ont considéré les Nordistes de la même manière. Chaque régime envoie essentiellement les siens pour coloniser les différentes régions ; du planton jusqu’à la tête de l’administration régionale. Un autre exemple qui illustre ce problème c’est la difficulté d’établir un seul code de famille pour Tchad. La question que l’on peut se poser c’est pourquoi on doit  avoir un seul code de famille. Pourquoi pas plusieurs si nous avons une forme appropriée d’Etat.
  1. Crise identitaire : Au Tchad, à part ceux qui se réclament d’origine Sao et certains sudistes, tous les autres viennent d’ailleurs, soit qu’ils se réclament d’avoir été de l’Arabie ou des berbère venus de l’Afrique du Nord. Cela veut dire qu’ils ne sont pas des négro-africains, qui sont des gens primitifs sans civilisation. Ainsi, de facto, ils ont tous été des négriers, des colons venus civilisés les negres indigènes.  L’absurdité en est que si on leur demande s’ils sont arabes ou berbère, la majorité nous dira qu’il est de telle ethnie ou telle autre. Ainsi, nous avons une grande partie de la population complexée de ses propres origines en niant ce qu’il est. Donc, il est de la responsabilité du gouvernement d’ôter ce complexe et former l’homme tchadien digne de ce qu’il est et capable de dessiner son futur. L’exemple récent de polémique sur la langue démontre l’incapacité du Gouvernement Tchadien à bâtir la nation Tchadienne qui représente son peuple, dans ses diversités culturelles et identitaires. A cet effet, les mesures ci-dessous s’imposent pour la construction de cette nation de rêve:
  1. Une forme appropriée de l’Etat qui peut permettre à tous les groupes de la population tchadienne de participer à la gestion de choses de l’Etat : une gestion de l’Etat consensuelle et participative. Celle-ci peut être une fédération, une confédération, etc. tout ce qu’on veut imaginer d’être approprié, un système dans lequel les entités nationales puissent avoir une large autonomie pour s’autogouverner. Ceux-ci doivent recruter leurs policiers, élisent leur gouverneur, recrutent leur trésorier, etc. Sur la base historique et culturelle, ces régions peuvent être groupés comme ci-dessous:

Une entité pour les groupes nomades – BET – Nord Batha – Nord Biltine

  1. Une entité arabo-Ouaddaienne : Ouaddaï – Biltine-Salamat-Batha – une partie de Guera
  2. Une Entité Kanem-Bornou : Kanem-Lac-Bahr-ElGazel-Hadjer Lamis
  3. Une entité Logone –Chari- Baguirnmi : Logones, Moyen Chari, une parrtie de Guera
  4. Une Entité de groupes tchadiques : Tandjilé-MK 
  5. Un Drapeau national, Un Hymne national par les tchadiens, un vrai nom du pays à même d’inspirer le peuple dans son ensemble, la mise en place d’un programme de promotion des langues nationales dans chacune de grandes régions (si l’inde, la chine, l’Indonésie ont une langue nationale, le Tchad peut aussi l’avoir)

DialogueSourds2visages-1-1-.jpgSur la base de cette reforme, l’Etat doit travailler dans le sens de bâtir cette nouvelle nation en renforçant l’unité nationale non sur des bases folkloriques, mais avec des actions concrètes. Ainsi, nous devons mener des études anthropologiques sérieuses pour déterminer les liens séculaires qui existent entre les groupes ethniques du Tchad. Certaines de ces valeurs culturelles à investiguer sont les balafres tchadiens, les langues, les caractéristiques physiques, les rites d’initiation, et plusieurs autres pratiques culturelles. Ainsi, nous pouvions peut-être prouver scientifiquement qu’une grande partie de la population a une même origine tchadienne, mais pas étrangère comme beaucoup le prétendent actuellement.


Il est tout à fait évident que pour établir des vraies nations en Afrique, il faudra passer par une rupture avec la colonisation pour établir un africain digne de ce qu’il est et capable de prendre en main son destin. Cette rupture doit être essentiellement culturelle, linguistique et structuration étatique pour répondre aux aspirations du peuple.

 

En fin, si les Etats Africains ne prennent pas le devant sur le cours de l’histoire, le changement pourrait être brusque, brutal et violent puisque les situations peuvent revirer inéluctablement à l’état d’équilibre précolonial. Ainsi les régions au tour du Lac Tchad pourraient se diviser au moins en quatre Etats  distincts : La nation Baguirmi-Logone-Chari (Guèra, Chari Baguirmi, Moyen Chari, les Logones, les Tandjile, et le MK), la Nation Ouaddaienne/Darfourienne (une partie de Batha, le Ouaddai, le Biltine et le Salamat et Darfour), le peuple nomade du Sahara (BET, l’Aire, Azawad), le Kanem-Bornou (Kanem, Lac, Hadjar Lamis, le Bornou, Yobe, Diffa). Dans toutes ces régions, les hommes ont gardé leurs civilisations séculaires malgré l’érection des frontières coloniales depuis plus de 100 ans.


A bon entendeur salut.

Abdelkerim Ali Issa Mbodou

N’djamena, Tchad

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