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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 11:01

Après la chute de Mouammar Kadhafi, voici venue l'ère des révélations sur les liens que des Etats démocratiques entretenaient avec lui, au nom de l'antiterrorisme. Des documents ont été retrouvés, à Tripoli, dans le bureau de l'ancien chef des services secrets libyens, Moussa Koussa, aujourd'hui réfugié à l'étranger. Les informations qu'ils contiennent ont été jugées suffisamment sérieuses pour que, au Royaume-Uni, le premier ministre, David Cameron, diligente une enquête.

Qu'indiquent ces dossiers ? Que la CIA et les services de renseignement extérieur britanniques, le MI6, ont procédé ces dernières années à des transferts de prisonniers vers les geôles libyennes, où la torture était courante. De telles pratiques relevaient d'un écheveau plus large, celui des "restitutions extraordinaires", méthode antiterroriste déployée par l'administration Bush après le 11 septembre 2001, au mépris des conventions internationales protégeant les droits fondamentaux.

Des pays européens, Royaume-Uni en tête, ont eu leur part de complicité dans ces dérives. En 2007, une commission d'enquête du Parlement européen avait épinglé "l'acceptation et la dissimulation", par plusieurs Etats européens, des vols secrets de la CIA et des pratiques abusives qui y étaient liées. Des cas de "restitutions extraordinaires" vers des pays pratiquant la torture, dont l'Egypte d'Hosni Moubarak, étaient mentionnés. La Libye de Mouammar Kadhafi a-t-elle été, elle aussi, un pays où les services secrets occidentaux ont pu se livrer à une forme de sous-traitance de la torture ?

La France assure que ses services secrets n'ont jamais pris part à des transferts de prisonniers libyens vers leur pays d'origine. Des officiels, à Paris, laissent entendre que la coopération antiterroriste avec le régime Kadhafi n'avait pas la même ampleur que celle nouée par le Royaume-Uni. Londres, il est vrai, était en pointe, dès 2003, pour le dialogue avec l'appareil sécuritaire de Tripoli, dans le cadre des négociations menant à l'abandon du programme libyen d'armes de destruction massive.

La France n'est pas exonérée pour autant. La libération des infirmières bulgares, négociée par l'Elysée en 2007, s'est accompagnée d'intenses contacts avec Moussa Koussa et ses services. Un des dossiers retrouvés à Tripoli concerne la France. Un ancien détenu du colonel Kadhafi, Abdelhakim Belhaj, aujourd'hui chef militaire des rebelles libyens, affirme avoir été interrogé en prison, à Tripoli, par des agents français.

La lutte antiterroriste impose sans doute de traiter avec des régimes peu regardants sur les valeurs. Mais il existe un interdit absolu que les Etats européens se doivent d'observer : celui de ne jamais cautionner la torture.

Si elle veut crédibiliser aujourd'hui son message de soutien aux aspirations démocratiques arabes, la France devra faire la transparence. A la fois sur sa coopération antiterroriste passée avec le pouvoir de Kadhafi et sur celle nouée avec d'autres Etats arabes aux méthodes policières liberticides.

 

Source: lemonde.fr

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