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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 18:47

724814_des-manifestants-yemenites-demandent-le-depart-du-pr.jpgBlessé dans des bombardements, le président Ali Abdallah Saleh est hospitalisé en Arabie. A Sanaa, les opposants exultent mais n'ont pas gagné pour autant. Retour sur quatre mois de crise.

 

Le Yémen sera-t-il le prochain pays à faire tomber son dirigeant au pouvoir depuis des années? Alors que Saleh a été blessé dans l'attaque de la mosquée de son palais présidentiel, les Yéménites fêtent son voyage pour soins en Arabie saoudite comme une victoire. Pourtant rien n'est moins sûr. Retour sur quatre mois de crise. 

 

Janvier 2011, début des manifestations

Deux semaines après les manifestations qui ont fait tomber le président tunisien Ben Ali, des milliers de personnes manifestent dans la capitale yéménite, Sanaa, le 27 janvier, pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh: le président tunisien "est parti après 20 ans; 30 ans au Yémen, ça suffit", scandent les manifestants.   Le 2 février, le président yéménite annonce renoncer à briguer un nouveau mandat et gèle une révision prévue de la constitution qui aurait ouvert la voie à son élection à vie. Il renonce également à la "transmission héréditaire du pouvoir": on le soupçonnait de vouloir installer au pouvoir son fils, chef de la garde républicaine. Mais ces modestes concessions ne parviennent pas à calmer les opposants, qui réclament sa démission immédiate. Au contraire, la contestation gagne la province, notamment les villes de Taëz et d'Aden.  

 

Premières victimes

Alors que la contestation s'étend, la répression fait une dizaine de morts entre le 16 et le 18 février. Cette brutalité conduit l'opposition parlementaire, emmenée par les socialistes et les islamistes, à se joindre au mouvement de contestation conduit principalement jusque là par des étudiants.   S'inspirant des manifestants égyptiens, les contestataires occupent à partir du 21 février, une place proche de l'Université de Sanaa, qui sera plus tard rebaptisée "Place du changement".  

 

Les tribus rejoignent la contestation

Le 26 février, les chefs de deux importantes tribus , les Hached et les Baqil, annoncent leur ralliement à la contestation, tandis qu'au nord du pays, les rebelles zaïdites (chiites) se joignent eux aussi à la contestation.  Mais pour Ali Abdallah Saleh, l'agitation qui a gagné le monde arabe est l'oeuvre de l'ennemi extérieur: c'est une "tempête orchestrée depuis Tel-Aviv, sous la supervision de Washington".  

 

La présence d'Al Qaïda


Dans leur fief du sud du pays, des fondamentalistes, membres présumés d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), multiplient les attaques. L'AQPA est particulièrement implantée dans les provinces orientales du pays qui échappent pratiquement au contrôle des autorités yéménites.   Au sud du pays, la ville de Zinjibar, capitale de la province d'Abyane, serait passée fin mai sous le contrôle d'éléments armés liés à Al-Qaïda. 

 

L'opposition et des généraux dissidents accusent Ali Abdallah Saleh d'avoir "livré la ville à des groupes armés" afin "d'agiter l'épouvantail d'Al-Qaïda" et de pouvoir continuer à jouir d'un soutien international.   Devant la poursuite de la contestation, Ali Abdallah Saleh, qui a rejetté, la semaine précédente, un plan de sortie de crise proposé par l'opposition prévoyant son départ avant la fin 2011, propose, le 10 mars, de renoncer à ses pouvoirs exécutifs avant la fin de l'année ainsi qu'un référendum sur une nouvelle Constitution.  


Hausse de la violence, défections au sein du régime.

 

Le 18 mars, la violence de la répression monte d'un cran, quand des partisans du régime tirent sur des manifestants depuis les toits proches de la place de l'Université à Sanaa, faisant 52 victimes. Le chef de l'Etat décrète alors l'Etat d'urgence. Des dizaines d'officiers dont deux généraux annoncent leur ralliement au mouvement de protestation. Ces défections font suite à de nombreuses démissions de cadres de l'Etat et de diplomates et au ralliement du quotidien 14 Octobre, porte-voix du régime yéménite à Aden.  

 

Soufflant le chaud et le froid sur les négociations de sortie de crise, le président se présente comme le dernier rempart contre une "somalisation" du Yémen. Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates reconnaît d'ailleurs que la chute du président Saleh ou son remplacement par un gouvernement "plus faible" poserait un "vrai problème" pour les Etats-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda.   Le 29 mars, Saleh propose, lors d'une rencontre avec Mohammed al Yadoumi, chef du parti islamiste Islah, de rester à son poste jusqu'à de nouvelles élections tout en transférant ses pouvoirs à un gouvernement de transition. Mais la coalition des protestataires fait une contre-proposition: "Un conseil présidentiel provisoire de cinq personnes connues pour leur expérience et leur intégrité" dirigerait le pays pendant une période temporaire" de six mois. Ce conseil nommerait un technocrate pour former un gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes.  

 

Tentative de médiation des pays du Golfe


Alors que la crise se poursuit, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) fait, début avril, une proposition de compromis. Selon des sources proches des discussions, les Etats-Unis, auraient lancé à Saleh un ultimatum pour accepter un accord.  

 

Le 20 avril, l'opposition offre au chef de l'Etat de démissionner dans un délai de 30 jours avec la garantie de ne pas être poursuivi en justice. Et le 25, l'opposition et le parti présidentiel s'entendent sur le plan de sortie de crise du Conseil de coopération du Golfe. Celui-ci prévoit que le président charge l'opposition de former un gouvernement de réconciliation nationale. 30 jours après la mise en application de l'accord, Saleh démissionnerait après l'approbation par le parlement d'une loi lui accordant l'immunité. Mais la poursuite de la répression -13 personnes sont tuées à Sanaa le 27 avril- menace de faire échouer cette sortie de crise, tandis que les jeunes manifestent dans la capitale pour rejeter l'immunité prévue par le plan du CGC pour Ali Abdallah Saleh.  

 

Washington appelle à une "transition immédiate"


Le 11 mai, des milliers de contestataires marchent sur le siège de la présidence du gouvernement à Sanaa et sur des bâtiments officiels dans les autres villes du pays. Les forces de l'ordre tirent sur les manifestants, et dans le même temps, lancent un assaut sur les opposants qui occupaient la "place du changement" à Sanaa. Le général Ali Mohsen al-Ahmar, rallié depuis mars aux contestataires et dont les forces contrôlent le nord et l'ouest de la capitale, déploie alors des renforts en armes et en véhicules blindés autour de la place. La mort de dizaines de manifestants, ce 11 mai, achève de convaincre les Etats-Unis et les pays du Golfe d'appeler à une "sortie" et à une "transition immédiate." Mais Saleh refuse de céder. Et ce blocage pourrait durer des mois selon Gabrielle Vom Bruck, chercheur à la School of Oriental and African Studies de l'Université de Londres: "Tout ça parce que les parties prenantes sont imbriquées dans un système d'alliances complexes qui est maîtrisé par Ali Abdallah Saleh".  

 

Le ralliement décisif de cheikh Sadek Al-Ahmar


Après le refus, le 22 mai, du président Saleh de signer le plan du CGC, ses partisans armés se déployent dans les rues de Sanaa. De violents combats opposent, à partir du 24, les partisans de cheikh Sadek Al-Ahmar, le chef tribal le plus influent du Yémen, aux forces du président contesté, faisant 68 morts en trois jours. Ces combats éclipsent le mouvement de contestation populaire à Sanaa, où seuls quelques centaines d'irréductibles campent encore sur la "place du changement". 

 

Les 30 et 31 mai, les forces de l'ordre démantèlent par la force le sit-in de Taëz. Plus de 50 personnes sont tuées en deux jours dans cette ville, selon l'ONU.  L'opposition juge la médiation du Golfe "terminée" en raison de la persistance d'Ali Abdallah Saleh à refuser de signer l'accord sur une transition du pouvoir. 

 

Le président blessé


Le 3 juin, le président est blessé dans le bombardement de la mosquée de son palais présidentiel. Les proches du pouvoir accusent immédiatement les hommes de cheikh Sadek Al-Ahmar.  Alors que la rumeur de sa mort se propage, le gouvernement annonce que Saleh est hospitalisé Arabie saoudite. Son état de santé réel reste inconnu.   Dans les rue de Sanaa, les manifestants célébrent son "départ", qu'ils considéraient comme définitif. Les scènes de liesse se multiplient. 

 

La reprise en main?


Dès le dimanche 5 juin, le vice-président Abed Rabbo Mansour Hadi annonce avoir eu l'ambassadeur américain au téléphone, signifiant ainsi la continuité du pouvoir. Il assure que les Etats-Unis condamnent l'agression contre le président mais les incitent à travailler avec l'opposition.  L'opposition parlementaire yéménite annonce, elle, qu'elle veut empêcher le retour du président Ali Abdallah Saleh. 

 

 

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