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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 12:12
Dimanche 29 mars 2009

(par Adoum Hissein) - Il y a quelques jours, le site TchadActuel annonçait qu'Abdoulaye Sarwa avait été chargé par Deby de piller le Salamat, le Guera et le Dar Sila avec une milice de plusieurs centaines d'hommes. Se déguisant en djandjaouid pour attaquer les villages et en milice d'autodéfense toroboro pour attaquer les nomades, dans le but de déclencher une guerre ethnique et ensuite accuser les rebelles de l'UFR et le Soudan.
 
Le Colonel Abdoulaye Issaka Sarwa avait quitté la garde présidentielle fin 2001, fonder le mouvement "Forces des Organisations Nationales pour l'Alternance et la Liberté au Tchad" FONALT. Et rejoint en février 2002 l'Alliance Nationale de la Résistance et devenait vice-président de l'ANR. C'est Sarwa qui reveilla l'ANR, et peut-être poussa Deby à réagir en  guerroyant en Centrafrique et au Darfour. Tout comme Mahamat Nour et Mahamat Abbo Sileck, il refusa l'accord de Libreville du 9 janvier 2003 entre Mahamat Garfa et Deby. Mais il se rallia finalement quelque temps plus tard. Enlevé par l'Agence Nationale de la Sécurité le 23 septembre 2004, il passa 3 ans en prison à Bardai dans le Tibesti.  Deby le fit donc sortir pour servir à provoquer le désordre dans le pays.
 
Le journal Al Wihda avait interrogé Sarwa en mars 2002. Pour comprendre ce nouvel acteur de la guerre du Tchad, je vous conseille de relire cet interview. Comme tous les autres, Abdoulaye Sarwa disait qu'il voulait la démocratie et combattre le système clanique de Deby. La même race de  grand démocrate que les Yaya Dillo Djerou, Mahamat Nour, Hassan Saleh al Djinedi, Mahamat Garfa, Adoum Togoi, Wadel Abdelkader Kamougué.... ces hommes n'aiment pas leur pays, n'aiment par leur peuple, n'aiment par leur famille. Seul l'argent de Deby à de l'importance pour eux.
 
 
l'interview d'Abdoulaye Sarwa réalisée en mars 2002... elle donne envie de rire, ou de pleurer:


*Alwihda : Vous êtes Directeur du groupement blindé de la FIR( Force d’intervention rapide), vous étiez très proche du Président Idriss Déby depuis décembre 1990 date de son arrivée au pouvoir. Quelles sont les raisons exactes qui vous ont poussé à vous opposer à lui ?

-Colonel Abdoulaye: Il est vrai que j’étais proche du président avec qui j’ai travaillé pendant 10 ans, malheureusement nous avons constaté qu'il n'y a pas de changement, pas de démocratie comme le souhaite le peuple tchadien. Pendant dix ans et plus, Deby n’a fait que banaliser l'injustice, l'inégalité, surtout il faut noter que la composition de l'armée est clanique. Nous avons espéré un changement mais en vain. Nous avons été piégés par une bande de tortionnaires qui pendant longtemps a pressé comme un citron le peuple tchadien et ceci, nous l'avons toujours dénoncé.

*Alwihda : N'est ce pas parce-que vos intérêts sont aujourd'hui menacés que vous vous opposez à Deby qui était hier votre compagnon ?

--Colonel Abdoulaye: Non, dans mon cas, j’étais à mon poste quand j'ai quitté. Regardez à l'est où la population est toujours menacée, violée, pillée, humiliée...Nous avons toujours dénoncé, et c'est là notre malheur.

*Alwihda : Vous obéissiez n'est ce pas au président Deby et, subitement, vous le dénoncez, n'est ce pas là une offense?

-Colonel Abdoulaye: Nous avons espéré un changement, et nous subissions tout en étant optimiste mais il faut dire que la patience a ses limites et nous ne saurions tant laisser le peuple dans l'humiliante situation.

*Alwihda : Vous avez connu la prison sous Deby, et pourquoi? Est ce vraiment réel que vous maniganciez un coup contre lui?

-Colonel Abdoulaye: J'étais accusé injustement par Deby. Tantôt, il disait que je préparais un coup contre lui, tantôt, il trouve que je monte des gens contre lui, ce qui n'était pas vrai, nous réclamons la liberté du peuple sans tapage. Un coup ? non ! Il n'a aucune preuve, nous n'avons jamais eu d'idée négative ou obscure. Tout notre objectif était de le persuader à changer sa politique clanique et c'est tout ce qui nous préoccupe. C'est ce qui nous a poussé à dénoncer les violations des droits de l'homme d’ailleurs reconnues de tout le monde.

*Alwihda : Mais Deby dit que vous avez envoyé des armes à l'est du pays, est-ce une réalité? Et pourquoi envoyer des armes si ce n’était pas dans le but de fomenter quelque chose ?

-Colonel Abdoulaye: C'est le régime qui affirmait cela sans preuve . C'est devant la justice que j'ai appris cela.

*Alwihda : On dit que vous avez eu un tête-à-tête avec le président?

-Colonel Abdoulaye: Oui, le 5 avril à 22h, il m'a reçu en audience à la présidence. j'étais menotté. Il m'a dit: "voilà camarade, vous avez tenté un coup contre moi, j'ai saisi des armes à l'est du pays..." J'ai nié les faits que j'ignorais d'ailleurs. Il m'a demandé de reconnaître le fait (…) d'avoir préparé ce coup avec un mouvement insurrectionnel. Il voulait que je reconnaisse quelque chose que j’ignorais. Ce que j’ai refusé. Il a alors ordonné mon transfert à la gendarmerie où j'ai passé deux mois de calvaire, de souffrance et d’humiliation. Pourtant, il m’a dit «quand j’irai faire ma campagne à l’Est, je profiterai pour faire l’enquête et avoir des preuves de cette accusation ». Il n'a rien trouvé comme preuve. Sous la pression, il a décidé qu'on m'amène en justice. La justice m'a libéré avec une ordonnance de non lieu malgré tout le dossier que Deby a présenté contre moi.

*Alwihda : Vous reconnaissez donc l’existence d’une justice au pays?

-Colonel Abdoulaye : Assurément; mais cette justice bien que juste est contournée et ridiculisée par le dictateur DEBY. La preuve, il n'était pas d'accord qu'on me libère, il a envoyé sa garde présidentielle pour m'arrêter après que la justice m'a libéré. J'étais avec 10 de mes officiers, nous avions dû nous défendre par des échanges de tir et les avons mis en déroute.

*Alwihda : Cela s’est passé quand?

-Colonel Abdoulaye : Le 22 décembre 2001 aux environs de 23heures30mn.

*Alwihda : A présent que vous êtes dans l’opposition, où se trouvent vos parents, votre petite famille?

-Colonel Abdoulaye : A l'heure où je vous parle, ma maison est encerclée par les troupes de DEBY à Abéché, mes enfants, mon épouse sont dans les mains de DEBY. 4 commandants sont arrêtés, 3 capitaines, 3 lieutenants, 1 sous préfet et plein d'autres cadres sont torturés, il y a même un mort au cours de cette semaine.

*Alwihda : A présent, quels sont vos objectifs?

-Colonel Abdoulaye : Madame, la première chose, c'est que nous voulons la paix, la liberté, la démocratie dans ce pays. L'armée qui doit incarner la sécurité, c’est elle qui tue, pille, torture, viole, vole, tout simplement parce qu’il n y a pas une véritable armée. C’est une armée de ramassis claniquement criminelle. C’est à dire, Deby s'est entouré de ses parents et de ses proches qui sont tous responsabilisés au détriment du peuple tchadien qui paye de lourd tribut.

*Alwihda : Ecoutez Colonel, vous étiez bien placé avant de quitter alors que vous ne faites pas partie de la famille ou des proches du président ?

-Colonel Abdoulaye : Est ce que le fait que j’ai occupé un poste important dans l’armée me prive aujourd’hui de dénoncer aujourd’hui les actes irresponsables de ce régime corrompu ? Oui je reconnais non sans regret que j’ai collaboré avec ce régime que je dois combattre aujourd’hui. Vaut mieux tard que jamais. Le régime de Déby se base sur le clanisme la corruption et la haine contre le reste de la population et je sais de quoi je parle. Le Tchad est le seul pays en Afrique où le pouvoir est tenu d’une manière totale par un clan qui règne sans partage.

*Alwihda : Vous parlez de partage, est ce un problème de poste votre opposition ? puissiez-vous en tant que militaire nous donner de preuve de ce que vous dites ? il ne suffit pas seulement d’accuser pour accuser ?

-Colonel Abdoulaye Sarwa : (un air vexé et un regard méchant) Ecoutez … Ecoutez…vous défendez le régime ? Vous pouvez répondre à ma place ?

*Alwihda : pas du tout, ne vous énervez pas mon colonel. Notre objectif est de savoir la vérité et d’informer. En tant que militaire, vous êtes en droit d’apporter des preuves de ce que vous dites sur l’armée clanique et pas formuler de simples accusations que n’importe qui est capable de faire?

-Colonel Abdoulaye Sarwa : je dis bien l’armée est clanique et je sais de quoi je parle. A titre d’exemple, le chef d'Etat major de l’armée est Abdelrahim Bahar Itno. C'est un neveu à Déby, la gendarmerie est dirigée par son cousin Youssouf Ahmat Tera, la Garde Nomade par son neveu Mahamat Saleh Ibrahim, la Force d’intervention rapide (FIR) par son cousin Hassan Djorouba, la police par son cousin Mahamat Ibrahim Daoussa, les renseignements généraux par son proche Ramadan Erdebé, la police politique (l’ANS) par son onle Saleh Kaya, la SP (sécurité présidentielle) par son proche Abakar Kerinkeno, l’Unité spéciale de la FIR regroupement blindé par son proche le cdt Oumar Bahar Iritero, pour l’escadron léger, son cousin Hano Abakar, le commandement au nord du pays est entre les mains de son proche Ismaïl Nour, à l’Est c’est son proche Mht Tawilé Djangos, au Sud c’est son neveu le général préfet Mht Ali Abdallah et j’en passe. Les tchadiens n’ont pas encore compris qu’ils sont dans un piège. Non seulement ils n’ont aucun droit mais en plus ils sont humiliés et marginalisés. Ils doivent lutter pour se libérer.

*Alwihda : Que comptez-vous faire pour palier à tout cela donc?

-Colonel Abdoulaye Sarwa : Nous voulons sortir le peuple tchadien de la haine et nous nous plierons en quatre pour chasser cette fois-ci DEBY. Dieu merci nous intégrons l'ANR afin qu'ensemble nous portons haut le flambeau pour mette fin à cette barbarie digne du 17ème siècle.

*Alwihda : Il n'y a pas que l'ANR dans cette lutte, ne prévoyez-vous pas un grand rassemblement pour la trentaine de mouvements?

-Colonel Abdoulaye Sarwa : Le programme de l'ANR stipule que tout mouvement peut l’intégrer , il y a ouverture à tous les opposants pour combattre ensemble.

*Alwihda : Les mouvements ne manquent pas d’exposer souvent leur ouverture qui en réalité n’existe que de nom ? N’est ce pas colonel ?

-Colonel Abdoulaye Sarwa : Je laisse la parole au colonel GARFA le président de l'ANR. (le colonel Garfa qui vient de rentrer à peine 5 minutes accepte de répondre)

*Alwihda : Colonel Garfa, le colonel Abdoulaye vient de rejoindre l'ANR, n'est-ce pas là un des simples tapages politiques auxquels les politico-militaires nous ont habitué ?

-Le colonel Garfa : Tapage? (regard fixe qui explique que la question ne plaît pas) je ne pense pas. C'est vrai que nous sommes habitués à beaucoup de choses. Mais lui (le colonel A. Sarwa), je le connais de longue date(1983) quand nous avons servi ensemble. Nos rapports sont depuis toujours excellents et surtout sérieux. L'armée est une institution clé qui doit garantir la sécurité aux autres institutions démocratiques, si elle doit restée clanique, elle perd sa crédibilité. C’est après une longue analyse sur la situation surtout que Abdoulaye a démissionné parce qu'ayant compris que DEBY veut garder une armée clanique, juste pour protéger son pouvoir

*Alwihda : Est-ce que son pouvoir serait en voie de disparition?

-Colonel Garfa : Oui, et c'est pourquoi il cherche à le sauvegarder. si abdoulaye nous a rejoint ce n'est pas un hasard c'est pour un rassemblement, un brassage naturel.

*Alwihda : vous aviez aussi eu un excellent rapport avec DEBY et pourtant vous l'avez quitté, pourquoi?

-Colonel Garfa : Justement parce-que ça ne va pas, la manière dont il dirige le pays est scandaleuse et mon collègue le colonel Abdoulaye a tout expliqué.

*Alwihda : Mr Abdoulaye, étant nouveau dans l'opposition, quelles sont vos appréciations?

-Colonel Garfa : Il y a vraiment un bon espoir car l'ANR qui se compose de plus de 8 mouvements et est animée d'une bonne volonté.

*Alwihda : Que pensez vous de l'accord du MDJT avec le gouvernement signé en Libye le 7 janvier?

-Colonel Abdoulaye Sarwa : Chaque chose a son temps, un début et une fin (très réservé) Si cet accord peut être respecté c’est une bonne chose. Le peuple tchadien, l'ANR et toute l’opposition sont pour la paix. Je n’ai pas besoin d’évoquer ici le sort connu de tous ceux qui ont signé des accords avec Déby.

*Alwihda : Vous dites que l’opposition est unanime pour la paix, que pensez vous de l'initiative de paix de la CMAP?

-Colonel Abdoulaye Sarwa : (toujours très réservé) La CMAP était très bien partie, elle a montré sa capacité sur le plan national et international. C’est bien d’avoir un objectif qui consiste à ramener la paix. Je sais que Déby profite de cette initiative pour diviser la CMAP en exploitant des maillons faibles. La Cmap doit continuer à lutter pour la cause du peuple tchadien.

*Alwihda : Avez-vous eu des contacts avec la Cmap ?
Colonel Abdoulaye Sarwa : J’ai eu plusieurs entretiens avec le vice président de la Cmap Ahmat Yacoub qui nous a expliqué l’initiative de la Cmap et je préfère ne pas en dire plus.

*Alwihda : Est-il vrai dans votre tournée que vous avez eu de contact avec Abdoulaye Miskine et ensemble vous avez rencontré le président Patassé ?

Colonel Abdoulaye Sarwa : (toujours réservé, il me regarde avec un air étonnant) je suis militaire et je préfère ne pas répondre.

*Alwihda : Et les hommes que vous recrutez en Centrafrique ?
Colonel Abdoulaye Sarwa : (il fait un signe de sa main droite) j’ai un rendez-vous svp.

*Alwihda : Votre mot de fin?
- Colonel Abdoulaye Sarwa : Je souhaite à tout le peuple tchadien surtout à l'armée tchadienne de relâcher ce régime dictatorial et de regagner le rang de l'opposition pour faire instaurer la justice, l'équité au Tchad, la liberté, le droit de l'homme, de ceci dépend le développement du Tchad. Je vous remercie.

Envoyée par Adoum Hissein
adoum.hissein@live.fr

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