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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 13:32
Goukouni Weddeye, Modra Tibesti, en 1975.

(Photo : Marie-Laure de Decker, www.marielaurededecker.com )


Que savez-vous de votre naissance : son lieu ? Sa date ? Ses circonstances ?

Je suis né à Zouar, dans la sous-préfecture du Tibesti, vers 1944 dans une maison administrative. Une maison qui actuellement appartient au chef de canton de Zouar. Je suis né dans des circonstances troublées : mon père a pris le Kadmoul (c’est-à-dire le Derdé) dans des conditions difficiles en se créant plusieurs ennemis à la fois.

Initialement, le Derdé devait revenir à Barka Sougou de la famille Laï à laquelle appartient mon père… mais compte tenu de sa personnalité imposante face au candidat désigné par la famille, mon père s’est porté candidat. Lors du choix entre les deux candidats, l’officier français faisant office d’administrateur a pris fait et cause en faveur de mon père. Il le considérait plus apte à remplir les fonctions de Derdé que le prétendant légitime soutenu par Alifa Guettimi, le chef de canton de Zouar, et par Salah Chahaïmi, le chef de canton de Bardaï. En outre mon père disposait d’une lettre d’encouragement écrite par le capitaine (ou le lieutenant) Bigeard pour un service qu’il lui avait rendu. Bigeard avait quitté Zouar pour aller en Algérie. Il lui fallait un guide. Seul mon père connaissait la zone, il l’a guidé vers la frontière. Une fois arrivé au terme de sa mission, le lieutenant Bigeard voulait le payer en argent. Mon père lui a dit : « non, je n’ai pas besoin d’argent, il suffit de me donner une lettre d’appréciation. » C’est ainsi que le lieutenant Bigeard lui a écrit une lettre que le chef de district de Zouar a beaucoup appréciée. Compte-tenu de sa carrure, il a pris fait et cause en faveur de mon père.

Les beaux-parents de mon père, eux, se sont rangés du côté d’Alifa Guettimi et de Salah Chahaïmi qui sont aussi des proches parents. Le père du premier, Guetti Kenimémi est marié à Hayouada Brahimdo, grande sœur de ma mère, et la grande sœur du second dénommée Herdéi Chahaïdo est mariée à Ouardougou Brahim, grand frère de ma mère. Ce qui fait que mon père s’est battu seul pour prendre un pouvoir qu’il allait conserver au risque de sa vie.

Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance, des activités et des jeux que vous aviez, de l’éducation que vous avez reçue ? Quelles sont les valeurs transmises dans votre enfance qui selon vous ont habité toute votre vie ?

Dans mon enfance, j’ai vécu la plupart du temps dans les zones de pâturages à côté des chameaux. Avec les copains, nous gardions les chamelons loin des chamelles… parce que si les chameaux et les chamelles vont ensemble il n’y aura pas de lait. Nous luttions ou nous faisions des courses, nous modelions des chameaux avec de l’argile ou avec des plaques de pierre. Celui qui dépassait les autres en nombre de chameaux était considéré comme le plus riche. La nuit au clair de lune, nous nous regroupions pour jouer à un jeu semblable au rugby ou pour raconter des devinettes. Comme je n’ai pas fait d’études supérieures, les valeurs de sagesse et de tolérance léguées par mon père m’ont beaucoup servi.

rfi.fr

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