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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 19:34

300x200_1516105_0_9b50_ill-1321811-265d-702739.jpgLe compte à rebours a commencé pour le vote final de la réforme de l'assurance-santé au Congrès. Tous ceux qui, à Washington, en Israël ou en Europe, ont parié sur sa "faiblesse", l'ont comparé à Jimmy Carter ou ont annoncé sa défaite en 2012, vont peut-être devoir réviser leur jugement. Le "Waterloo" promis par le sénateur républicain Jim DeMint est en passe de se transformer en une victoire politique déterminante pour Barack Obama.

"Une lutte longue d'un siècle va s'achever sur un vote historique", a annoncé le président américain vendredi 19 mars, lors d'un dernier rassemblement populaire en Virginie. "Teddy Roosevelt savait que c'était juste. Harry Truman savait que c'était juste. Teddy Kennedy savait que c'était juste..." Dans le gymnase de l'université George Mason, 8 500 personnes, debout, ont scandé un cri de ralliement qu'on n'avait pas entendu depuis longtemps : "Yes we can." L'orateur n'avait pas attendu pour ranimer la flamme. "Souvenez-vous, il y a trois ans. Nous n'étions pas bien haut dans les sondages. On nous avait disqualifiés d'office !" Le message était clair : aujourd'hui comme hier ne pas sous-estimer la détermination de Barack Obama.

Treize mois après le lancement du débat sur la réforme, la ténacité du président américain devrait finalement payer. Dès dimanche, 72 heures après le dépôt des dernières modifications du texte, la réforme devait être mise au vote à la Chambre des représentants. Soit pour être adoptée dans la foulée, soit, si les 216 voix nécessaires n'y sont pas, dès que la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, les aura réunies. Compte tenu de son forcing de dernière minute, il est clair que M. Obama ne s'arrêtera plus avant d'avoir vaincu les dernières résistances. "On nous a bien fait comprendre qu'il n'était pas question de partir d'ici avant que le texte soit voté", expliquait vendredi le représentant du Connecticut, Joe Courtney, en annonçant, devant les caméras qui traquent les votes un par un, qu'il passait de la catégorie des "indécis" à celle des "oui".

La réforme est de l'ampleur de celle qui avait abouti en 1965 à la création de l'assurance pour les plus de 65 ans (Medicare). Elle oblige tous les Américains à souscrire une assurance avant 2014 sous peine d'amende. Elle interdit aux compagnies d'assurance de refuser de les couvrir en raison de leurs antécédents médicaux, et cela dès cette année pour ce qui concerne les enfants. Elle accorde une aide financière aux familles qui gagnent moins de 88 000 dollars par an. Le coût de la réforme, qui devrait couvrir 31 millions de non-assurés, est estimé à 940 milliards de dollars (695 milliards d'euros) sur dix ans, financés par des taxes sur les revenus élevés et des coupes dans les dépenses de soins.

Les démocrates reviennent de loin. Il y a deux mois, quand ils ont perdu leur supermajorité au Sénat, la presse conservatrice annonçait l'enterrement de la réforme et les centristes du parti étaient prêts à battre en retraite. Après une courte pause, M. Obama est reparti à l'attaque, mais plutôt que de courtiser les parlementaires, il s'est adressé à l'opinion. Il a rappelé David Plouffe, le stratège politique de la campagne de 2008. La Maison Blanche a désigné l'ennemi, les compagnies d'assurance, et pris l'habitude de montrer les victimes, les Américains dans la détresse, pour redonner à la réforme le sens "moral" qui avait été perdu de vue derrière la cuisine législative.

Début mars, M. Obama a réuni les PDG des compagnies d'assurance à la Maison Blanche et il leur a lu la lettre qu'il venait de recevoir de Natona Canfield, 50 ans, atteinte d'une leucémie, et qui venait de voir sa prime doubler. La malade est devenue l'emblème du combat.

Le président a remobilisé la base. Il a rallié la gauche, qui se console difficilement que "l'option publique" - l'assurance fédérale - ait été écartée. Il a rallié Paul Krugman, qui appelle, dans sa dernière chronique du New York Times, à voter pour la réforme, "toute imparfaite qu'elle soit". Il a rallié le représentant de l'Ohio, Dennis Kucinich, l'icône des progressistes, qui est ressorti d'un tête-à-tête dans Air Force One, l'avion présidentiel, en expliquant clairement les enjeux : "Nous devons veiller à ce que la présidence de M. Obama ne soit pas détruite par ce débat. Il y a un enjeu beaucoup plus large, ici, pour l'Amérique."

Et lorsque les évêques catholiques ont pris parti contre la réforme, en arguant que des subventions publiques pourraient servir à payer des avortements - alors qu'une loi fédérale l'interdit déjà -, M. Obama a rencontré Soeur Carol Keehan et, le 17 mars, plusieurs dizaines de milliers de religieuses ont signé une lettre de soutien. Samedi, même l'éditorial du Washington Post, généralement critique, a succombé : "Votez oui", recommande-t-il aux parlementaires. Pour le National Journal, Barack Obama a été "inflexible sur le but mais souple et éclectique sur le trajet". Il a passé des accords avec les adversaires traditionnels (l'industrie pharmaceutique) sans s'interdire de s'opposer aux alliés démocrates. A la surprise des sondeurs, il n'a que peu perdu dans les enquêtes d'opinion. Si le taux d'approbation de son action stagne aux alentours de 50 %, sa cote personnelle est peu entamée. Les électeurs continuent à lui faire confiance et même les indépendants, qui se sont désolidarisés de la réforme, apprécient toujours sa personnalité. "Il a réussi à se positionner au-dessus de la mêlée, explique Michael Dimock, le directeur adjoint du Pew Research Center, l'un des principaux centres d'études de l'opinion. Il s'est présenté comme quelqu'un qui insiste pour traiter le problème mais qui est prêt à écouter, à faire des compromis."

En laissant le soin au Congrès de se salir les mains, Barack Obama a réussi à sauvegarder une partie de son capital politique : son image.

Corine Lesnes

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