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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 14:55

20090503PHOWWW00041.jpgLa Chambre des représentants doit se prononcer ce dimanche sur la réforme phare du président démocrate. Ce vote symbolisera la réussite ou l’échec de son premier mandat

«Cela va changer la nature de notre pays.» C’est un Barack Obama confiant et combatif qui jouait le tribun devant des sympathisants en Virginie. Les dés sont joués: dimanche, la Chambre des représentants doit se prononcer sur la réforme du système de la santé. Les bouchons de champagne sauteront à la Maison-Blanche en cas de oui. En revanche, si les démocrates ne parviennent pas à faire front commun, cela sonnera sans doute la mort de ce projet qui, depuis des mois, a englouti une quantité folle d’énergie à Washington.

Quelle est la procédure?

Les démocrates doivent trouver une majorité de 216 votes ce week-end afin de faire passer la même version de la loi qui a déjà été adoptée au Sénat. Mais sur un certain nombre de points, ils se démarquent des propositions des sénateurs et vont donc accompagner ce texte d’un second, dans lequel ils feront figurer leurs amendements. A son tour, ce texte devra ensuite être approuvé par le Sénat. Pour ce faire, il s’agira cependant de court-circuiter l’opposition frontale des républicains: les sénateurs devront utiliser la procédure dite de «réconciliation» pour laquelle il suffit d’une majorité simple.

Réforme, quelle réforme?

Même si les deux versions encore en présence sont un peu différentes, elles visent toutes deux à rendre plus ou moins «universel» l’accès à l’assurance santé aux Etats-Unis, en ramenant dans le système des dizaines de millions d’Américains qui sont pour l’instant dépourvus de toute couverture santé. Pour ce faire, les élus entendent renforcer les obligations des assureurs, en faisant notamment disparaître la notion de «conditions préexistantes» qui donnent aujourd’hui le droit aux assureurs de ne pas accepter un client ou, comme cela arrive extrêmement souvent, de refuser de payer des soins au motif que l’assuré n’avait pas dit toute la vérité sur son état de santé.

De même, l’assurance deviendra obligatoire pour chaque Américain, qui sera soumis à l’amende s’il refuse d’obtempérer. Dans le même temps, des subsides seront accordés à ceux qui ne peuvent pas se permettre de payer les cotisations. Enfin, le coût de la réforme sera payé notamment par une série d’économies et de changements dans le système actuel du programme Medicare.

Pourquoi ce tir de barrage?

Même si tout le monde est d’accord pour proclamer que le système actuel ne fonctionne pas, les républicains expliquent leur opposition à la réforme au motif qu’elle amènerait le règne de la «bureaucratie» et une mainmise de l’Etat sur les questions qui ne doivent relever que de la liberté individuelle. Ils mettent en avant le spectre du «socialisme» d’autant plus volontiers qu’ils ne croient pas aux promesses d’économies contenues dans le projet. A cet égard, le Congressional Budget Office, un organe indépendant, vient de leur couper l’herbe sous les pieds en estimant que cette réforme permettrait de réduire le déficit public de quelque 138 milliards de dollars en dix ans.

De leur côté, cependant, bon nombre d’élus démocrates sont également opposés aux versions actuelles, soit parce qu’elles vont trop loin, soit au contraire parce qu’ils les estiment encore trop «timides». Sur l’aile droite du parti, les élus craignent pour leur réélection face à une opinion chauffée à blanc par les réserves républicaines. Quant à l’aile gauche, elle a du mal à avaler l’abandon de «l’option publique», qui aurait converti l’Etat en assureur en offrant ainsi une alternative aux compagnies privées.

Une nouvelle nature?

Les Etats-Unis sont aujourd’hui le seul pays développé qui ne possède pas d’assurance santé obligatoire. Malgré la qualité de ses médecins et de ses hôpitaux, le système laisse sur le carreau plus de 40 millions de citoyens et son coût est le plus élevé au monde. En outre, le système offre aujourd’hui la particularité de lier l’assurance santé (pour ceux qui en ont une…) à l’employeur. Avec l’augmentation actuelle du chômage, des centaines de milliers de personnes perdent ainsi leur assurance, ainsi que celle des membres de leur famille, lorsqu’ils perdent leur emploi, au moment même où ils en ont souvent le plus besoin.

Pendant des décennies, la réforme de ce système s’est pourtant heurtée à des oppositions politiques et à la force des lobbies (les assureurs, les entreprises pharmaceutiques, les médecins dans une certaine mesure…) qui tiraient leur épingle du jeu dans cette situation.

Quelles conséquences pour Obama?

Pour le président, la question de la santé est devenue synonyme de réussite ou non de son premier mandat. Dans un premier temps, il avait fait le choix de laisser le Congrès gérer le gros des opérations. Mais à mesure que le processus multipliait les ratés, le sentiment d’inefficacité déteignait de manière alarmante sur la Maison-Blanche. En février, le président dévoilait son propre projet (largement calqué sur celui du Sénat) et il entend depuis lors montrer que c’est lui qui mène la barque. Avec un risque clair: si la réforme échoue, ce sera l’échec d’Obama.

 

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