Nos origines ethniques et nos convictions religieuses différentes et variées ont toujours été malhonnêtement exploitées et honteusement utilisées par des politiciens véreux, des hommes de paille aux petits pieds pour nous diviser et nous opposer les uns aux autres. Les tchadiennes et les tchadiens, toutes les familles confondues, gardent encore aujourd’hui les stigmates de cette politique basée sur la haine ethnique, tribale et religieuse. Les victimes de cette politique pleurent encore aujourd’hui dans les cruels tourments des veuves, des orphelins et de tous ceux qui, comme vous et moi, ont perdu frères, fils, pères, mères, tantes, oncles et j’en passe ! Faut-il s’en résigner ?
Rassemblons-nous dans et avec nos diversités et nos individualités pour barrer à jamais la route aux artisans et hérauts de la haine tribale et autres intolérants et fanatiques religieux anti-progressistes. Mettons plutôt en valeur la force de nos différences complémentaires pour une nouvelle espérance à ouvrir pour les générations futures.
Certes, notre lointain et proche passé est là avec le poids de tous ses souvenirs. Il est là, marqué avec de l’encre indélébile dans nos consciences. Nous ne l’oublions pas. Nous ne l’oublierons pas. Cependant et en même temps nous devons savoir qu’il y a des moments, comme ça, dans la vie des peuples où il appartient à ceux qui, hommes et femmes, sont connus pour leur sagesse, leur vision à se projeter, ainsi que leur courage et détermination à opérer des choix décisifs et audacieux pour leur avenir, leur liberté, leur autodétermination ; un sursaut vital vers des horizons nouveaux exempts de tout entraves inconséquents.
Nous, nous nous sommes sentis investis de cette responsabilité depuis la fine fleur de notre adolescence. Cette responsabilité nous est désormais dévolue. Nous entendons l’assumer pleinement quel qu’en soit le prix. C’est un combat pour la survie. Et si nous devons en mourir, alors soyons prêts à en mourir ! Nous devons donc avoir le courage de prendre certaines décisions cruciales, mais nécessaires pour défendre notre dignité humaine aujourd’hui bafouée et piétinée, chez nous, sur la terre de nos aïeux ; nous devons prendre certaines décisions cruciales pour donner à nos progénitures une nouvelle espérance, la chance et la possibilité de vivre dignement. Il va y avoir d’obstacles et d’embûches, certes, naturels ou par le fait de l’homme sur notre chemin déjà si long et si sinueux. Mais hors de courage, de rassemblement et d’unité d’actions, pas de salut ! Nous devons apprendre à éliminer, sinon à surmonter un à un, avec courage et détermination ces barrières. Nous devons, en particulier combattre sans pitié la désuétude ici et là colportée dans de récits arrangés et orchestrés pour le besoin de la cause et qu’on se raconte au tour de tasse de thé. L’une de ces théories désuètes tentent de propager une prétendue supériorité d’une partie des citoyens sur l’autre partie. Qu’on ne se méprenne pas ! Les partisans de ces inepties doivent comprendre que la violence, la sauvagerie et la cruauté peuvent naître chez n’importe quel individu. Nous devrons tous être attentifs à ne plus jamais réveiller le démon.
Michelot Yogogombaye
Redl, Mieux vivre ensemble
Un engagement pour le Tchad