"Mouammar Kadhafi et le gouvernement libyen ont failli à leur responsabilité de protéger la population libyenne et ont perdu toute légitimité. Il n'a aucun avenir dans une Libye démocratique et libre. Il doit partir." Les mots choisis par les dirigeants des huit nations les plus industrialisées - réunis depuis deux jours à Deauville - pour décrire, dans la déclaration finale du sommet du G8, la situation en Libye sont forts.
Encore plus fort est le ralliement de la Russie à cet appel, alors que Moscou a exprimé ces dernières semaines ses réticences sur l'opération de l'Otan sur le territoire libyen, débutée mi-mars. Le Kremlin jugeait en effet qu'en bombardant les résidences de Kadhafi, l'Alliance sortait du mandat fixé par l'ONU dans le cadre de la résolution 1973.
Mais ses partenaires du G8 l'ont semble-t-il convaincu du nécessaire départ du "Guide". "Oui, nous sommes prêt à l'admettre, il [Mouammar Kadhafi] doit partir", avait d'abord déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov. Le président russe, Dmitri Medvedev, est allé plus loin, indiquant lors de sa conférence de presse vendredi après-midi que "le monde ne considérait pas Kadhafi comme le leader légitime de la Libye". Pour le régime libyen, qui a enregistré de nouvelles défections dans ses rangs ces derniers jours et qui se trouve toujours aux prises avec les rebelles sur le terrain, ce changement de ton côté russe est une mauvaise nouvelle.
Vers une intensification des frappes
Dmitri Medvedev entend toutefois peser de tout son poids pour imposer une solution politique. Il a pour cela proposé la médiation de son pays. "Si le ton respectueux qu'observe la Russie dans son dialogue avec les autorités libyennes aidait Mouammar Kadhafi à prendre la bonne décision, ce serait à mon avis une contribution sérieuse et importante de notre part au règlement d'une situation grave et potentiellement encore plus dangereuse pour la Libye et la région", a commenté son vice-ministre des Affaires étrangères.
Lors de sa conférence de presse de clôture du sommet, Nicolas Sarkozy a jugé "bienvenue" l'aide de Moscou pour régler la crise libyenne. Mais le président français ne semble pas trop y croire. Selon lui, il n'y a en effet "pas de médiation possible" avec le dirigeant libyen. Interrogé sur un probable refus du dirigeant libyen de quitter le pouvoir, le président français a esquissé la réponse de la coalition internationale engagée en Libye : "Intensification de l'intervention militaire pour protéger les populations."
Un scénario confirmé quelques instants plus tard par le Premier ministre britannique, David Cameron, qui a précisé que les opérations allaient entrer "dans une nouvelle phase". Après Paris, Londres a d'ailleurs confirmé vendredi l'envoi d'hélicoptères d'attaque sur place, capables de repérer les troupes fidèles à Kadhafi qui se mêlent à la population. Avant même la fin du G8, Barack Obama et Nicolas Sarkozy avaient donné le ton, déclarant, à l'issue d'un tête à tête : "Nous sommes déterminés à finir le travail". Tout est dit.